DÉMARCHE DE L’ÉTUDE

Cette évaluation des produits et techniques de lutte contre le péril aviaire a commencé par une vaste recherche documentaire qui a porté sur des publications provenant du monde entier, y compris des documents non officiels et inédits. Elle fait aussi une large place à des entrevues avec des spécialistes de la lutte antiaviaire aux aéroports et ailleurs, et à l’expérience personnelle des employés de LGL qui se penchent sur cette question depuis le milieu des années 1960. Aucune base de données bibliographiques précise n’a été interrogée aux fins de la présente recherche. Les documents d’intérêt ont plutôt été recensés à partir des dossiers que LGL tient depuis une trentaine d’années. Ces dossiers comprennent des articles des principales revues spécialisées dans l’ornithologie, le comportement animal et la lutte contre les dégâts causés par la faune, comme le Journal of Wildlife Management, le Wildlife Society Bulletin, les Proceedings of the Vertebrate Pest Conference et les Proceedings of the Eastern Wildlife Damage Management Conference. Les publications de l’International Bird Strike Committee/Comité européen pour la prévention du risque aviaire et du Comité du péril aviaire du Canada ont été passées en revue. Ont également été recensés des rapports inédits de consultants faisant état de diverses études sur la lutte contre le péril aviaire. Les techniques et les produits de lutte contre le péril aviaire ont débouché sur un très vaste corpus documentaire. Sans prétendre à une énumération exhaustive de ces références, la présente recherche englobe les plus pertinentes. Plus de 300 articles sont cités.

Des spécialistes chevronnés à l’emploi de divers organismes spécialisés dans la lutte contre le péril aviaire ont été contactés. Parmi eux, on compte des employés de plusieurs des grands aéroports canadiens et de certains aéroports américains, des consultants travaillant pour le compte d’aéroports, de décharges et d’autres installations, des fauconniers, des gestionnaires de décharges, et des chercheurs gouvernementaux. Les spécialistes de LGL, dont R.A. Davis, le coauteur de l’étude, ont assisté à la plupart des réunions récentes des comités canadien, américain et européen du péril aviaire, et ont glané, dans les exposés et les discussions, une information précieuse. De plus, LGL Limited a effectué une recherche auprès de décharges et d’aéroports sur diverses techniques, notamment celles utilisant des fils aériens, des dispositifs pyrotechniques et des pièges. LGL a en outre conçu et mis en oeuvre des programmes de lutte antiaviaire opérationnels à des aéroports et des décharges.

Malgré le recours généralisé à des produits et techniques de lutte contre le péril aviaire, nous avons constaté que les données disponibles ne permettent pas une évaluation quantitative de l’efficacité de la plupart des techniques d’effarouchement. Rares, en effet, sont les études quantitatives qui soient exhaustives, objectives et adéquatement conçues. Par conséquent, les évaluations demeurent souvent subjectives. Cela tient en partie à la difficulté de comparer les produits et les techniques. Une myriade de variables difficilement contrôlables influent sur les performances, et partant, sur l’évaluation comparative des produits. Ceux-ci peuvent être utilisés dans une variété de situations et selon une foule de combinaisons. Des facteurs environnementaux complexes jouent un rôle déterminant dans l’efficacité des produits - l’existence de zones attirantes à proximité (sites-dortoirs, aires de ravitaillement); le moment de l’année et l’heure du jour, qui influent sur les nombres d’oiseaux et leur comportement; le premier motif qui attire les oiseaux à l’aéroport (nourriture, eau, lieu de nidification, de rassemblement ou de repos). Un produit utilisé seul est souvent inefficace en raison de l’habituation, mais il peut s’avérer une composante efficace d’un programme éclectique. Il est particulièrement important de savoir si l’on a abattu de temps à autre des oiseaux, pour renforcer le produit ou la méthode. Compte tenu de tous ces facteurs, il est difficile de comparer des produits ou des techniques entre eux, voire une même technique ou un même produit mis en oeuvre à des endroits différents.

Il est possible d’évaluer les programmes de lutte contre le péril aviaire en comparant le nombre de collisions avions-oiseaux (ou impacts d’oiseaux) avant et après la mise en oeuvre de certains produits ou techniques. Mais en réalité, un tel indicateur n’est pas fiable. En effet, on peut observer une grande variation du nombre de collisions signalées, sans qu’aucun rapport puisse être établi avec le nombre réel d’impacts. Il est même arrivé que le nombre d’impacts signalés ait augmenté avec la mise en oeuvre d’un programme de lutte antiaviaire reconnu comme efficace, simplement parce qu’on faisait une collecte plus rigoureuse des données sur les impacts. Aussi, en ne tenant compte que des impacts signalés, on passe sous silence les nombreuses autres variables qui contribuent au risque d’impact avec des oiseaux et que tout essai d’efficacité devrait prendre en compte.

Pour aider à la comparaison et à l’évaluation des produits et des techniques, une série de questions ont été posées. Les voici :

  1. Sur quel fondement biologique la mesure de lutte se fonde-t-elle? Y a-t-il, biologiquement,
    une raison pour laquelle la mesure devrait être efficace?
  2. Les essais ont-ils duré assez longtemps pour démontrer qu’il n’y a pas de risque
    d’habituation de la part des oiseaux?
  3. La technique a-t-elle éloigné les oiseaux de l’aéroport ou les a-t-elle simplement repoussés
    vers une autre zone de l’aéroport?
  4. L’essai a-t-il été mené dans des circonstances spéciales susceptibles d’expliquer l’efficacité
    de la mesure? Celle-ci serait-elle moins efficace en l’absence de ces circonstances
    particulières?
  5. La technique serait-elle efficace s’il n’existait pas à proximité un habitat de remplacement
    pour les oiseaux?
  6. Existe-t-il des données objectives sur l’efficacité du produit ou de la technique? Il est
    important de faire une distinction nette entre les assertions du fabricant et l’efficacité
    démontrée par des études indépendantes.
  7. L’efficacité d’une technique dépend-elle de l’habileté et des connaissances de la personne
    qui la met en oeuvre?
  8. Est-il possible qu’une technique qui se révèle efficace pour s Cette question s’applique en particulier aux mesures de modification de
    l’habitat.
  9. L’information disponible permet-elle d’évaluer objectivement le matériel ou la technique?
  10. Dans quelles conditions le matériel ou la technique est-il (est-elle) valable? Le plus valable?
    Non valable?
  11. S’agit-il d’une technique prometteuse, mais qu’il y a lieu d’étudier davantage?
  12. Comment devrait-on s’y prendre pour mettre à l’essai ce matériel ou cette technique?
  13. Pour quelle espèce le matériel ou la technique est-il (elle) conçu(e) ou le plus efficace?
  14. A-t-on mené des étude à un aéroport?