DISPOSITIFS D’EFFAROUCHEMENT AUDITIFS

Le classement des produits et techniques ci-après dans la catégorie des dispositifs d’effarouchement auditifs est quelque peu arbitraire. En effet, nombre de ces produits présentent également des stimulus visuels auxquels les oiseaux réagissent, au moins jusqu’à un certain point, autant qu’aux bruits.

Tir de munitions chargées

Un coup de fusil de chasse ou de carabine produit une forte détonation, puis un « sifflement » capables de disperser les oiseaux, sans nécessairement les toucher. (On doit éviter d’utiliser à cette fin une carabine, en raison du danger potentiel pour les personnes se trouvant à des distances de 2 à 3 km, et même plus.) On utilise les tirs d’armes à feu pour éloigner ou tuer les oiseaux dans les piscicultures (Lagler 1939; Davidson 1968; Andersen 1986; NCC 1989), les champs agricoles (Nomsen 1989) et aux aéroports (DeFusco et Nagy 1983; BSCE 1988). Il arrive alors souvent que des oiseaux soient tués. Mais la plupart du temps, le but est de renforcer l’efficacité des dispositifs d’effarouchement non mortels utilisés concurremment, non pas de tuer beaucoup d’oiseaux. D’autres dispositifs pyrotechniques seraient au moins aussi efficaces que ces « faux tirs » de vraies munitions. Ainsi, il n’est pas sûr que l’on devrait recourir à des munitions chargées pour éloigner les oiseaux des aérodromes, à moins qu’il s’agisse de la seule méthode possible. (Voir aussi « Tir avec munitions réelles » sous Méthodes d’élimination.)

Les fusils de chasse produisent leur détonation maximale à la sortie du canon, soit à une distance de 50 à 100 m des oiseaux, tandis que le bruit des pièces pyrotechniques se produit très près des oiseaux. Ainsi, les munitions chargées sont peu efficaces en tant que dispositifs d’effarouchement.

Les oiseaux s’habituent aux tirs, en particulier les espèces qui ne sont pas chassées. Par exemple, des tirs dirigés vers des cormorans et des hérons, et qui en ont tué quelques-uns, n’ont éloigné que temporairement ces espèces des fermes aquicoles (EIFAC 1988; Coniff 1991). Les tirs d’armes à feu n’ont pas réussi à éloigner les aigrettes des aéroports; la plupart sont revenues peu après avoir été la cible de tirs, même si certaines avaient péri (Burger 1983; Fellows et Paton 1988). Les tirs d’armes à feu ne se sont par révélés plus efficaces pour disperser des oies au repos (Taylor et Kirby 1990).

Les munitions pour un fusil de chasse de calibre 12 coûtent cher (sans compter les coûts afférents au tireur) en comparaison du faible coût que représente l’utilisation de détonateurs (voir ci-après). Mais un fusil de chasse est plus facile à utiliser. Il serait dangereux de tirer des munitions chargées dans une zone de l’aéroport en pleine activité; mais les cartouches de plombs ne peuvent blesser des personnes ou des oiseaux à plus de 60 à 90 m, selon la grosseur des plombs utilisés. Les fusils de chasse ne risquent donc pas de blesser à une aussi grande distance que les carabines.

Dispositifs pyrotechniques

Description - Ce groupe comprend toute une gamme de dispositifs sonores (cartouches détonantes, fusées éclairantes, pétards, fusées, mortiers) lancés au moyen de fusils de chasse, de pistolets de départ et de pistolets lance-fusées. Ils produisent de forts bruits d’explosion, des éclairs (soit une composante de répulsion visuelle), ou les deux. Les dispositifs pyrotechniques sont largement utilisés dans la lutte antiaviaire aux aéroports.

Fondement biologique - La détonation produite par certaines pièces pyrotechniques ressemble à celle d’un fusil de chasse. Nul doute que cette ressemblance renforce l’efficacité de ces dispositifs pour éloigner des oiseaux qui sont chassés. Les dispositifs pyrotechniques produisent également un réflexe de sursaut chez les oiseaux. Mais ceux-ci peuvent s’accoutumer à la longue à ces dispositifs. Des dispositifs d’effarouchement complémentaires, y compris l’abattage occasionnel de quelques individus à l’aide de munitions chargées, sont souvent utilisés pour parer à l’accoutumance aux dispositifs pyrotechniques.

Dispositifs lancés par des fusils de chasse

Les cartouches Scare ou Bird Frite, communément appelées cartouches détonantes, sont habituellement tirées au moyen de fusils de chasse de calibre 12. Un fusil à coup simple ou à pompe, à canon court et sans étranglement est préférable pour des raisons de sécurité. Les cartouches détonantes contiennent un pétard qui est projeté à environ 45 à 90 m (50 à 100 verges) avant d’exploser (Mott 1980; Salmon et Conte 1981; Littauer 1900a). L’explosion se produit donc plus près des oiseaux, ce qui constitue un avantage par rapport aux cartouches ordinaires. Le bruit de l’explosion effraie les oiseaux, ce qui provoque leur envol ou modifie la direction de leur vol.

Les cartouches détonantes se sont révélées efficaces pour éloigner et disperser les oiseaux aux aéroports (Burger 1983; DeFusco et Nagy 1983; BSCE 1988), aux décharges (Southern et Southern 1984; Davis et Davis 1994), dans les vergers (Nelson 1990b) et dans les champs de cultures céréalières (Booth 1983). Les cartouches détonantes ont une portée efficace plus longue que les cartouches de moindre calibre lancées au moyen de pistolets de départ (voir ci-dessous). Elles ont donc l’avantage de nécessiter un personnel moins nombreux pour la couverture d’une zone (Mott 1980). Lorsque des cartouches détonantes sont utilisées pour éloigner des oiseaux piscivores des bassins aquacoles, leur effet est relativement bref : la plupart des oiseaux reviennent au bout d’une période allant de quelques heures à quelques jours (Draulans 1987). Dans quelques rares cas, les oiseaux sont demeurés à distance plus longtemps (jusqu’à quatre semaines) avant de devenir habitués au bruit des cartouches.

On s’est buté, par le passé, à de longs délais d’approvisionnement en ce qui concerne les cartouches détonantes. Si l’on songe à utiliser cette méthode, on doit donc s’assurer d’une réserve adéquate de cartouches détonantes pour parer aux situations d’urgence. Hussain (1990) recommande la prudence dans l’utilisation de cartouches détonantes dans des zones où la végétation est sèche, car elles pourraient causer des incendies. La même précaution vaut pour les aires où est gardé du carburant.

Fusées éclairantes

Les fusées éclairantes sont soit des cartouches de fusils de chasse modifiées, lancées par un pistolet ou un fusil de chasse, soit des dispositifs semblables aux pétards qui se consument en produisant un éclair vif, lancés par des lanceurs à main ou brûlant au sol. Les fusées élcairantes produisent une traînée de fumée qui peut effrayer les oiseaux (Koski et Richardson 1976). Elles ne sont pas aussi efficaces que les cartouches détonantes. Mais utilisées concurremment avec d’autres moyens d’effarouchement, elles peuvent avoir un effet sur la direction dans laquelle les oiseaux fuiront. Il faut toutefois prendre garde aux risques d’incendie.

Dispositifs lancés par des pistolets

Les dispositifs pyrotechniques peuvent être lancés jusqu’à 25 m d’altitude à partir d’un pistolet lance-fusées de 15 mm ou d’un pistolet de tir à blanc de 6 mm. L’anglais utilise différents termes populaires pour désigner les pétards : noise, Bird, whistle, clow bombs (Mott 1980; Salmon et Conte 1982; Salmon et coll. 1990a,b). Les dispositifs pyrotechniques lancés par des pistolets ont une portée moins longue que les fusées détonantes lancées par des fusils de chasse.

Les petites pièces d’artifice lancées par des pistolets comprennent les « cartouches détonantes », les « cartouches hurlantes ou sifflantes » et les « pétards ». Elles sont largement utilisées pour éloigner les oiseaux des aéroports, des champs en culture et des décharges (p. ex., Miller et Davis 1990 a,b). Parce qu’elles peuvent être tirées dans les airs en direction des oiseaux, leur efficacité est supérieure à celle de tous les autres engins de même type. Mais elles ont généralement une portée plus courte que les cartouches détonantes, et produisent un bruit d’explosion plus faible. Les cartouches « Capa » lancées par un pistolet Ruggieri ont une meilleure portée, d’environ 300 m (Briot et Eudot 1994; Ball 1997). Les « cartouches détonantes » et les « cartouches sifflantes » se sont révélées efficaces pour éloigner des bihoreaux gris et des grands hérons d’une ferme piscicole (Andelt et coll. 1997).

Bien utilisés, les dispositifs pyrotechniques tirés par des pistolets peuvent être très efficaces. Mais s’ils sont mal utilisés, les oiseaux peuvent rapidement s’y habituer : ils sont lancés en pure perte. Les mouettes et les goélands posent un problème de taille aux décharges. À la décharge Tower, à proximité de Denver (Davis et Davis 1994), une utilisation judicieuse de dispositifs pyrotechniques a eu raison de ces espèces. À l’inverse, une mise en oeuvre défaillante de ces techniques à la décharge Britannia, près de Toronto, s’est soldée par un échec (Miller et Davis 1990a,b). Les dispositifs pyrotechniques représentent un volet majeur des programmes de lutte antiaviaire en Amérique du Nord.

Les « cartouches hurlantes » se sont révélées d’une absolue efficacité pour éloigner des bernaches du Canada de parcs urbains, même après que la diffusion de cris de détresse se fût avérée futile (Aguilera et coll. 1991). L’utilisation de telles cartouches a même produit des effets à long terme sur la distribution de la bernache. Après cinq jours de tirs de cartouches hurlantes, Aguilera et coll. (1991) ont constaté une diminution de 88 %, dans les cinq jours subséquents, du nombre de bernaches sur un site.

On fabrique des cordons de pétards constitués de plusieurs pétards étanches à l’eau assemblés par une corde de coton (Littauer 1990a). On allume une extrémité du cordon. Le feu se propage lentement le long du cordon en allumant l’un après l’autre les pétards; chaque pétard produit une forte détonation en explosant. L’utilisation de ces cordons a été proposée pour éloigner les oiseaux des décharges, des piscicultures et des zones agricoles (Salmon et Conte 1981; Booth 1983; Defusco et Nagy 1983). Les pétards sont utiles pour effrayer les oiseaux d’une aire restreinte, pour une courte période.

On a réussi, avec des pétards achetés dans des magasins de pièces d’artifice (et normalement utilisés pour des fêtes), fixés à un bout de bois et allumés, à effrayer des milliers de carouges et de quiscales qui avaient envahi une zone résidentielle. Ceux-ci ont été utilisés pendant trois nuits consécutives (Bliese 1959). Mais on a maintenant accès à des techniques plus efficaces et plus sûres.

Fusées-détonateurs et mortiers

Les fusées-détonateurs, ou simplement fusées (p. ex., les fusées de signalisation maritime, les fusées blanches éclairantes et les obus éclairants), habituellement projetées au moyen d’un lancefusée, ont une course qui produit un sifflement (Hussain 1990). Certaines peuvent exploser (p. ex., les cartouches Jupiter), provoquant à la fois de la lumière et une forte détonation. Les mortiers sont utilisés au même titre que les autres dispositifs pyrotechniques pour effaroucher les oiseaux (Koski et Richardson 1976). Les fusées sont utiles la nuit, mais pas le jour, à moins de produire une forte explosion. Quant aux mortiers, ils peuvent être utiles de jour comme de nuit. Comme le bruit produit par un mortier est beaucoup plus fort que celui d’un détonateur ou d’un fusil de chasse, on peut penser qu’il pourrait agir sur une superficie plus étendue. Des tireurs d’expérience peuvent être nécessaires. Plusieurs accidents reliés à l’utilisation de mortiers ont été signalés et nombre de tireurs ont renoncé à leur utilisation pour des motifs de sécurité.

évaluation - Les dispositifs pyrotechniques figurent sans contredit parmi les moyens de lutte antiaviaire les plus populaires aux aéroports. Ils sont véritablement efficaces pour effrayer les oiseaux, mais s’ils ne sont pas judicieusement mis en oeuvre, les oiseaux s’habituent rapidement aux bruits d’explosion. Leur efficacité réside dans leur mode d’utilisation. En raison de leur portabilité et de leur polyvalence, les dispositifs tirés au moyen de fusils de chasse ou de pistolets sont les plus efficaces. Certains programmes de lutte antiaviaire qui se sont avérés extrêmement efficaces utilisaient presque exclusivement des dispositifs pyrotechniques. À l’inverse, on a vu certains programmes qui ont mis en oeuvre des quantités beaucoup plus grandes de pièces pyrotechniques se solder par un quasi-échec. Un nombre relativement restreint de pièces pyrotechniques, tirées ou lancées à des moments judicieusement choisis, compte tenu du comportement des oiseaux, peuvent tenir à distance des centaines d’oiseaux. Cette technique nécessite beaucoup de personnel. Une méthode efficace pour éloigner les goélands et les mouettes d’une décharge consiste à tirer des cartouches pyrotechniques pour empêcher les oiseaux de se poser, plutôt que d’attendre qu’ils se posent pour ensuite les disperser. Il est probable que les méthodes optimales d’utilisation des dispositifs pyrotechniques varient d’une espèce à l’autre : il y a donc lieu de procéder à des expérimentations. Mais, règle générale, les tirs doivent toujours être sélectifs. Ne pas faire de tirs trop fréquents. Une utilisation intempestive de ces dispositifs ne peut qu’accélérer l’habituation des oiseaux. Attendre que les oiseaux se soient suffisamment approchés pour que le dispositif explose très près d’eux. Ne pas gaspiller des pièces en les dirigeant vers des oiseaux qui sont trop loin. Utilisés correctement, les dispositifs pyrotechniques peuvent inculquer aux oiseaux la crainte de zones autrefois attirantes.

Les corps étrangers (FOD, pour foreign object damage) peuvent représenter un danger lorsque les dispositifs pyrotechniques sont utilisés à proximité des pistes en service. Il est important de ramasser les douilles utilisées et les cartouches restantes, pour qu’elles ne puissent être aspirées par les moteurs d’avions (Jarman 1993).

Avantages

  1. Les fusées-détonateurs et les mortiers sont potentiellement efficaces sur des zones étendues.
  2. Les dispositifs pyrotechniques sont efficaces aussi bien le jour que la nuit.
  3. Il est possible de commander la direction et l’intensité des tirs.
  4. Ils peuvent être utilisés en complément d’autres dispositifs d’effarouchement.

Inconvénients

  1. Les dispositifs pyrotechniques ne peuvent être utilisés lorsqu’il y a risque d’incendie, p. ex., en période de sécheresse ou à proximité de carburant.
  2. Les tirs en direction des oiseaux ne sont pas toujours acceptables dans certains lieux publics.
  3. Les cartouches lancées par les fusils de chasse et les pistolets ont un rayon d’efficacité relativement restreint.
  4. L’emploi de dispositifs pyrotechniques demande beaucoup de personnel.
  5. utilisés.
  6. Il y a des situations où l’utilisation de dispositifs pyrotechniques est difficile ou impossible.
  7. Les dispositifs pyrotechniques peuvent être dangereux pour les tireurs ou d’autres préposés, s’ils sont utilisés sans toutes les précautions nécessaires.

Recommandation - Une utilisation sélective et parcimonieuse de dispositifs pyrotechniques, telle qu’exposée ci-dessus, est recommandée. Les cartouches lancées par des fusils de chasse et des pistolets sont les types de dispositifs les plus commodes.

Documents recensés - Andelt et coll. 1997; Aguilera et coll. 1991; Anderson 1986; BSCE 1988; Bartelt 1987; Beck 1968; Bliese 1959; Bomford et O’Brien 1990; Booth 1983; Briot et Eudot 1994; Burger 1983; Coniff 1991; Cummings et coll. 1986; Davidson 1968; DeFusco et Nagy 1983; Davis et Davis 1994; DeHaven 1971; Draulans 1987; EIFAC 1988; Elgy 1972; Faulkner 1963; Feare 1974; Fellows et Paton 1988; Fitzwater 1978; Geist 1975; Green 1973; Grun 1978; Handegard 1988; Keva 1992; Koski et Richardson 1976; Kress 1983; LGL Ltd. 1987; Littauer 1900a,b; Lucid et Slack 1980; Mattingly 1976; Miller et Davis 1900a,b; Mott 1980; NCC 1989; Nelson 1970; Nelson 1990a; Nomsen 1989; Norris et Wilson 1988; Parsons et coll. 1990; Radford 1987; Salon et Conte 1981; Salmon et coll. 1986; Southern et Southern 1984; Taylor et Kirby 1990; USDA 1991; U.S. Dep. Interior 1978.

Canons et détonateurs à gaz

Description - Les canons à gaz, aussi appelés détonateurs à gaz, sont des dispositifs mécaniques qui produisent de fortes détonations dans le but d’effrayer les oiseaux. Les détonations sont provoquées par l’inflammation d’un gaz (acétylène ou propane). Le bruit produit est au moins aussi fort que celui produit par un fusil de chasse de calibre 12 (Feare 1974; Nelson 1990a). Les détonations sont produites à intervalles réglables (Salmon et Conte 1981; Salmon et coll. 1986), et parfois en succession rapide, qui peuvent être commandés au moyen d’une minuterie automatique. Le canon peut être équipé d’une cellule photoélectrique qui le désactive la nuit. Certains canons à gaz peuvent être réglés pour fonctionner à intervalles aléatoires et pour tourner après chaque détonation, de façon que chaque détonation semble venir d’une direction différente de la précédente. Il existe également des télécommandes qui permettent de commander directement et à distance le moment et le nombre de détonations. Les canons télécommandés peuvent également être montés sur support rotatif.

Fondement biologique - La détonation forte et soudaine produite par un canon à gaz peut, au moins dans un premier temps, effrayer et mettre en fuite des oiseaux. La réaction de fuite est probablement due à la ressemblance de la détonation à celle d’un fusil de chasse (du moins pour les espèces qui sont habituées à ce que les chasseurs leur tirent dessus) et à la surprise causée par la détonation. Mais sans autre mesure concurrente pour indiquer aux oiseaux que la détonation représente un danger, ces derniers s’habituent rapidement à ces sons.

Résultats de recherches - Les canons à gaz peuvent être efficaces pour effaroucher les oiseaux si l’intervalle entre les détonations varie et s’ils sont déplacés tous les deux ou trois jours. Il est parfois nécessaire de surélever les canons si le feuillage ou certaines installations empêchent la propagation du bruit de la détonation (U.S. Dep. Inter. 1978; Hussain 1990). Les oiseaux s’habituent au son des détonations, en particulier si aucune autre technique n’est utilisée pour faire en sorte que le canon soit associé à un danger (DeFusco et Nagy 1983; BSCE 1988). Des supports rotatifs, des intervalles de mise à feu réglables et l’utilisation de techniques d’effarouchement complémentaires peuvent retarder l’accoutumance. Les canons à gaz combinés à d’autres techniques d’effarouchement, comme les dispositifs pyrotechniques, ont permis de réduire le nombre de goélands et de mouettes à des décharges (p. ex., Risley et Blokpoel 1984; Miller et Davis 1990a,b).

Pour disperser des goélands et des mouettes à un aéroport, la mise en place d’un canon par longueur de 50 m de piste s’est révélée efficace (DeFusco et Nagy 1983). (Il n’est pas conseillé de placer les canons à gaz près des pistes, en raison du risque que représenterait la collision d’un aéronef avec ces dispositifs alimentés au propane.) Toutefois, les canons se sont aussi révélés inefficaces en tant que moyens de dispersion à long terme à de nombreux aéroports, en raison de l’accoutumance des oiseaux (BSCE 1988). Le point fort des canons est l’effarouchement à court terme. Selon Sugden (1976), les canons figurent parmi les méthodes les plus utiles pour réduire les dégâts causés par les oiseaux aquatiques aux cultures céréalières. Les canons alimentés au gaz propane se sont révélés très efficaces pour effrayer les cormorans sur des chantiers navals (Martin et Martin 1984) et peuvent être utiles pour réduire les dommages causés par les carouges et les quiscales dans les champs de maïs (Dolbeer et coll. 1987). Un canon par zone de 4 à 10 ha s’est révélé suffisant pour disperser des carouges et des quiscales (LGL Ltd. 1987). Des détonations à intervalles de 30 secondes peuvent disperser des carouges, des quiscales et des étourneaux d’un site-dortoir (U.S. Dep. Interior 1978).

Les canons à gaz se sont révélés efficaces sur des superficies pouvant atteindre 4 ha, dans le cas d’espèces non habituées aux armes à feu (Salmon et coll. 1986), de 18 à 24 ha, dans le cas de canards de surface sur des champs de céréales (Stephen 1960, 1961), et 50 ha, dans le cas de morillons sur de petits lacs (Ward 1978). Dans l’étude de Ward (1978), les canons étaient utilisés concurremment avec des épouvantails et des éclairs.

Interviews - Un inconvénient dont se sont souvent plaintes les personnes que nous avons interrogées concernant les canons à gaz est leur courte durée d’efficacité. Les oiseaux s’habituent assez rapidement (parfois en quelques jours) au bruit des canons. Les goélands et les mouettes fréquentant les décharges Nottawasaga et Wasaga Beach en sont venus à ne plus faire cas des détonations. De fait, on a même vu des goélands utiliser les canons comme perchoirs, décoller au « clic » précédant la détonation et revenir se poser tout de suite après (Steen Klint, Environmental Services Department, County of Simcoe, Ontario, comm. pers. 1998). Il n’est pas rare de voir des goélands et des mouettes au sol à 2 ou 3 m des canons. Selon Mark Adam (Services Environnementaux Faucon Inc.), premièrement, ces dispositifs produisent des détonations très fortes, qui peuvent constituer des obstacles pour la lutte antiaviaire dans des zones résidentielles (plaintes concernant le niveau de bruit); deuxièmement, la minuterie automatique peut provoquer l’envol intempestif d’oiseaux dans la trajectoire d’un avion en train de décoller ou d’atterrir. Certaines indications donnent à penser que l’utilisation répétitive des canons peut attirer les goélands et les mouettes sur les décharges (R.A. Davis, LGL Ltd., obs. pers.).

On a aussi noté, à l’aéroport international de Calgary, une accoutumance des oiseaux au bruit des canons. On utilise quand même encore les canons de façon ponctuelle et ils éloignent, de fait, les oiseaux, au moins pour de courtes périodes (Brian Richmond, Calgary Airport Authority, comm. pers. 1998). Les agents de la lutte antiaviaire à cet aéroport ont constaté que de brefs intervalles entre les détonations gardent les oiseaux sur le qui-vive et qu’ils sont ainsi plus faciles à disperser. Toujours selon Brian Richmond, l’entretien des canons fait constamment problème; de plus, le fait de les déplacer maximise leur efficacité, certes, mais ils ne sont pas faciles à déplacer.

Dave Ball (Aéroport international de Vancouver, comm.pers.) a fait mention de canons disposés sur certains sites problèmes de l’aérodrome (à proximité de mares d’eau servant de lieu de rassemblement aux oiseaux, par exemple). Les tirs sont commandés à distance selon les besoins. Dans ce cas précis, les canons sont utilisés au même titre que des dispositifs pyrotechniques.

évaluation - Comme dans le cas des dispositifs pyrotechniques, l’efficacité des canons à gaz varie en fonction du mode d’utilisation. Les oiseaux s’habituent rapidement aux canons à gaz qui produisent des détonations à intervalles réguliers et qui ne sont jamais déplacés. Les canons deviennent complètement inefficaces en relativement peu de temps. Pour obtenir les meilleurs résultats, il faut faire varier l’intervalle entre les détonations, le nombre de détonations par séquence, l’orientation du canon et son emplacement. Deux ou trois détonations en succession rapide, avec des intervalles différents entre chaque série de détonations, et la rotation du canon après chaque détonation, constitue une bonne technique. La télécommande du canon par l’agent de lutte antiaviaire est la meilleure façon d’exploiter le canon et d’en modifier les paramètres de fonctionnement. Rien n’empêche que les oiseaux finiront probablement par s’habituer, à moins que d’autres techniques soient utilisées en complément (y compris l’abattage occasionnel d’individus).

Avantages

  1. Possibilité de régler l’orientation, le moment et l’intensité des détonations.
  2. Mobilité des canons à gaz.
  3. Fonctionnent automatiquement et n’ont besoin d’être vérifiés qu’une fois par jour.
  4. Efficaces de jour comme de nuit.

Inconvénients

  1. Les oiseaux peuvent s’habituer rapidement au bruit des détonations.
  2. Nécessité de recourir à d’autres dispositifs d’effarouchement complémentaires.
  3. Les canons à gaz anciens ne doivent pas être utilisés dans des zones où il pourrait y avoir risque d’incendie.
  4. Comparativement à la superficie d’un aérodrome, leur rayon efficace est relativement restreint.
  5. Nécessitent un entretien régulier.

Recommandation - Les canons ne doivent pas constituer le seul ni le principal élément d’un programme de lutte contre le péril aviaire. Ils sont recommandés pour une utilisation ponctuelle, en tant qu’éléments d’un programme intégré de lutte antiaviaire sur un aéroport, concurremment avec d’autres produits et techniques. On ne doit pas faire fonctionner des canons à gaz à proximité de carburant, car le dispositif de mise à feu risquerait d’enflammer les vapeurs de carburant.

Documents recensés - Bomford et O'Brien 1990; Booth 1983; Bradley 1981; BSCE 1988; Conover 1984; DeFusco et Nagy 1983; Devenport 1990; Dolbeer et coll. 1979; Feare 1974; Hussain 1990; LGL Ltd. 1987; Littauer 1990a; Martin et Martin 1984; Miller et Davis 1990a,b; Mott 1978; Naggiar 1974; Nelson 1990a; Payson et Vance 1984; Risley et Blokpoel 1984; Salmon et Conte 1981; Salmon et coll. 1986; Sharp 1978; Stephen 1960, 1961; Stickley et Andrews 1989; Sugden 1976; Truman 1961; U.S. Dep. Interior 1978; Ward 1978.

Agri-SX

Description - Deux produits de lutte antiaviaire vendus par la société Agri-SX du Québec - le « Rotating Hunter » et le « Falcon Imitator » sont présentés ici. Chacun de ces produits conjugue un stimulus visuel (image de faucon ou de chasseur) et auditif (canon au propane) pour effaroucher les oiseaux. Ces appareils sont relativement nouveaux au Canada, même si, apparemment, ils seraient en usage depuis plusieurs décennies en Europe.

Le « Rotating Hunter » est constitué de deux canons au propane et de la silhouette d’une personne tenant un fusil découpée dans une tôle, fixés à un socle rotatif monté sur un trépied. L’ensemble du système atteint une hauteur plus grande que la taille d’une personne. Les deux canons fonctionnent en alternance dans deux directions opposées, la puissance de chaque détonation et le vent faisant pivoter les canons et le « chasseur ». La fréquence des détonations et les périodes de marche/arrêt de chaque canon peuvent être commandées par une minuterie mécanique. Selon Agri-SX, le « Rotating Hunter » peut protéger un terrain dégagé de 20 ha de superficie.

Le stimulus auditif du « Falcon Imitator » est également produit par un canon au propane. L’impulsion produite par le canon au propane propulse un mécanisme poussoir qui fait coulisser un disque de caoutchouc frangé le long d’un poteau de 8 m (monté sur un trépied). Le poussoir retombe rapidement, tandis que le disque descend plus lentement, à la manière d’un parachute. Ce « leurre » est censé imiter un faucon donnant la chasse à un oiseau. Comme pour le « Rotating Hunter », il est possible de commander la fréquence des détonations et les périodes de marche/arrêt. Le « Falcon Imitator » est efficace dans un rayon de 150 m, dit-on. Selon la publicité du fabricant, il ne produit pas d’accoutumance chez les oiseaux.

Fondement biologique - On sait que la forte détonation d’un canon au propane réussit à effaroucher les oiseaux pour de courtes périodes (voir la rubrique ci-dessus sur les canons à gaz), mais les oiseaux s’habituent rapidement au bruit. Les épouvantails, comme la silhouette du chasseur, ont également un effet fugitif. Biologiquement parlant, on peut penser que les oiseaux s’habitueront assez rapidement à ces produits Agri-SX, mais peut-être moins rapidement qu’à un canon à gaz seul, en raison des stimulus visuels figurant le chasseur et le faucon.

Résultats de recherches - Ces produits Agri-SX n’ont encore fait l’objet d’aucune étude indépendante, publiée ou non. Voir cependant la rubrique « canons à gaz » ci-dessus et « Répulsifs visuels - épouvantails, réflecteurs et banderoles réfléchissantes » plus loin dans la présente section.

Interviews - Les dépliants publicitaires de l’entreprise énumèrent plus de 20 sites où le « Rotating Hunter » et le « Falcon Imitator » ont été utilisés pour disperser les oiseaux. Ces sites comprennent des terrains agricoles, des zones industrielles et des aéroports. Le personnel de plusieurs de ces sites a été contacté.

La gamme des opinions exprimées quant à l’efficacité de ces produits va du « très satisfait » au « pas mieux qu’un canon au propane ». Aucune des personnes interrogées ne voyait ces produits comme la panacée au problème aviaire, les considérant plutôt comme des éléments d’un programme de lutte faisant appel à plusieurs techniques. Aucun des sites contactés n’utilisait les produits Agri-SX seuls mais les combinait à d’autres produits et techniques. Le « Rotating Hunter » ou le « Falcon Imitator » n’ont été soumis à aucun essai approfondi et rigoureux. Il faut donc donner aux observations ci-après valeur d’anecdote.

Un des succès dont se targue le plus la firme Agri-SX dans sa publicité est l’élimination d’un lieu de nidification de goélands sur les terrains de la papetière Daishowa, à Québec. Nous avons parlé à Marcel Barrière, de Daishowa Inc. Une colonie constituée en majorité de goélands à bec cerclé comptait environ 25 000 couples en 1992 ou 1993. En 1993 et 1994, un vaste programme de retrait des oeufs a été mis en oeuvre sous l’égide du Service canadien de la faune. La population de goélands a alors décliné pour atteindre environ 15 000 couples. En 1995, un « chasseur » et deux « faucons » d’Agri-SX ont été mis en place et utilisés concurremment avec des dispositifs pyrotechniques. En 1995, les goélands avaient été éliminés.

Depuis, on utilise chaque année le système Agri-SX sur les terrains de Daishowa et on n’y trouve encore aucun goéland. D’année en année, on réussit à effrayer les oiseaux en faisant une utilisation moins intensive de l’équipement Agri-SX. Il semble que les goélands se soient déplacés vers une colonie « naturelle » déjà établie dans une île éloignée de la zone urbaine de Québec. En même temps que Daishowa appliquait ses mesures de lutte contre les goélands, le conseil municipal de Québec mettait en oeuvre un vaste programme destiné à réduire les sources de nourriture pour les goélands. Ainsi, elle a adopté des règlements qui interdisent au public de nourrir les goélands et qui obligent les citoyens à déposer les ordures ménagères dans des poubelles fermées plutôt que dans des sacs en plastique que peuvent facilement percer les goélands. Le nombre de goélands semble avoir diminué sur tout le territoire de la ville de Québec.

En raison de l’utilisation concurrente d’autres produits (dispositifs pyrotechniques) et méthodes (collecte des oeufs, réglementation des ordures ménagères) de lutte, on ne peut attribuer exclusivement aux produits Agri-SX l’élimination des goélands qui nichaient sur les terrains de Daishowa. Il est également impossible de mesurer la contribution relative des systèmes Agri-SX au résultat global.

Le « Rotating Hunter » et le « Falcon Imitator » ont également été utilisés sur des décharges. Nous nous sommes entretenus avec Steen Klint (Environmental Services Department, County of Simcoe) au sujet de l’efficacité de ces systèmes aux décharges de Nottawasaga et de Wasaga Beach, en Ontario, et avec Larry Conrad, au sujet de ses expériences à la décharge Britannia, de Mississauga, aussi en Ontario. Encore une fois, dans les deux cas, les systèmes étaient conjugués à d’autres produits et techniques (dont des dispositifs pyrotechniques, des câbles aériens, la modification de l’habitat et l’abattage occasionnel d’individus). Klint et Conrad reconnaissent tous deux une plus grande efficacité au « Falcon Imitator » qu’au « Rotating Hunter ». Ni l’un ni l’autre n’estiment pouvoir fonder sur ces seuls produits la lutte antiaviaire à leurs décharges, mais les systèmes Agri-SX ont effectivement effrayé les goélands. On ne sait pas pendant combien de temps ces systèmes ont été en place ni si on a pu étudier l’accoutumance des goélands à ces dispositifs.

Mark Adam, de Services Environnementaux Faucon Inc., une entreprise spécialisée dans la lutte antiaviaire, connaît bien l’utilisation du « Rotating Hunter » et du « Falcon Imitator » sur des décharges et des terrains industriels. Il n’a pas trouvé ces produits plus efficaces que les canons au propane, sans « chasseur » ou « faucon ». Selon M. Adam, on trouve sur le marché des canons au propane dotés de minuteries électroniques plus évoluées et plus fiables que les minuteries mécaniques anciennes qui équipent les canons d’Agri-SX. Il estime également que le « Falcon Imitator » est peu adapté aux hivers canadiens. La neige, la glace et la pluie verglaçante peuvent empêcher le « faucon » de coulisser le long du poteau de 8 m. Bref, il juge que les canons au propane ordinaires sont aussi efficaces et beaucoup moins coûteux que les produits d’Agri-SX. Il n’en suggère pas moins d’intégrer ces produits à un programme plus large de lutte antiaviaire.

En mars 1998, 12 « Rotating Hunter » et 6 « Falcon Imitator » ont été installés à l’aéroport Jean-Lesage de Québec. Il s’agit de la première mise en oeuvre de produits Agri-SX sur un aéroport canadien d’importance. Des dispositifs pyrotechniques seront également utilisés. Au terme de ce programme, il sera possible de mieux évaluer l’efficacité de ces produits.

évaluation - Les délibérations concernant les produits Agri-SX se poursuivent et aucune décision ne pourra être rendue avant que des essais rigoureux et indépendants aient été menés. À cet égard, on attend beaucoup de la mise en service de ces produits à l’aéroport Jean-Lesage de Québec. (Malheureusement, aucune étude témoin n’est prévue.) Les produits Agri-SX sont des dispositifs d’effarouchement qui s’apparentent passablement aux canons à gaz. L’accoutumance est peutêtre moins rapide que dans le cas des canons à gaz seuls, mais il s’agit quand même d’un problème de taille pour les aéroports, qui ont besoin de mesures qui soient efficaces à long terme. Il est probable que les « Rotating Hunters » et les « Falcon Imitators » imposeront les mêmes limitations que les canons à gaz et que le meilleur parti que l’on pourra prendre sera de les utiliser de la même manière.

Recommandation - Compte tenu du coût élevé de ces produits, de leur ressemblance avec les canons à gaz, moins coûteux, des minuteries perfectionnées dont sont dotés les canons à gaz, et de l’absence d’expérimentations pouvant fonder une opinion valable, il n’est pas recommandé d’investir lourdement dans ces produits. Tout au plus pourra-t-on envisager de mettre un ou deux appareils à l’essai, mais ils ne doivent pas former la base d’un programme de lutte antiaviaire.

Documents recensés - Seulement la publicité du fabricant.

Bird Gard AVA et Bird Gard ABC

Ces dispositifs diffusent des cris de détresse synthétisés (Bird Gard AVA) ou des enregistrements de cris de détresse véritables (Bird Gard ABC) caractéristiques d’une gamme restreinte d’espèces d’oiseaux nuisibles. Voir la rubrique « Cris de détresse » ci-après pour un exposé de cette dernière méthode de lutte antiaviaire.

Av-Alarm

Description - Av-Alarm est un générateur électronique de sons vendu dans le commerce, qui diffuse des sons synthétisés dans la gamme de fréquences de 1500 à 5000 Hz, d’une intensité de 118 dB à un mètre. Pour que le système soit efficace, il faut choisir des sons qui correspondent aux fréquences propres des cris de détresse émis par les espèces visées, ou aux fréquences utilisées par les oiseaux pour communiquer entre eux. Les sons sont diffusés par des haut-parleurs qui couvrent chacun un arc de 120 degrés. Le moment et la fréquence d’émission peuvent être réglés par des minuteries et des cellules photoélectriques. Le dispositif peut être alimenté par une pile 12 V ou par le courant secteur 110/120 V, 50-60 Hz.

Fondement biologique - Comme les sons produits par l’Av-Alarm sont synthétisés, on pourrait penser qu’ils n’ont aucun fondement biologique en tant que répulsifs pour les oiseaux. Mais la soudaineté et/ou le fort volume des sons peuvent surprendre les oiseaux et les mettre en fuite, à l’occasion. Aussi, les oiseaux peuvent, dans un premier temps, avoir une réaction d’évitement face à un son inusité.

Résultats de recherches - L’Av-Alarm a surtout été utilisé par les producteurs agricoles pour chasser les oiseaux de leurs champs de culture. La plupart des commentaires recueillis relativement à son efficacité sont subjectifs. L’Av-Alarm a aussi été mis à l’essai en tant que répulsif d’oiseaux aquatiques dans les zones agricoles et côtières, et aux aéroports.

L’Av-Alarm semble avoir réussi à réduire les populations d’oiseaux de petite taille se nourrissant de diverses cultures (voir Koski et Richardson 1976 et DeFusco et Nagy 1983). Des essais préliminaires menés en marge d’une étude plus récente laissent penser que l’Av-Alarm est efficace pour réduire les dégâts causés dans les vignobles par les étourneaux sansonnets, les moineaux et les tisserins (Jarvis 1985). Bien que la plupart des essais de l’Av-Alarm aient porté sur des oiseaux terrestres dans des zones agricoles, certains rapports laissent croire que l’Av- Alarm peut aussi être utile pour réduire le nombre de goélands, de mouettes et de pluviers aux aéroports (BSCE 1988).

Les systèmes Av-Alarm semblent avoir une certaine efficacité utilisés seuls, mais leur efficacité est décuplée lorsqu’ils sont jumelés à d’autres méthodes d’effarouchement. Par exemple, l’Av-Alarm produisait un certain effet répulsif sur des étourneaux dans une bleuetière, mais on a pu, dans certains cas, associer l’adjonction de fusils de chasse, de canons à gaz ou d’appeaux à une diminution de la déprédation (Nelson 1970). Martin (1980) a mis en oeuvre un système intégré constitué d’un appareil Av-Alarm, d’un canon au propane et d’autres dispositifs actionnés manuellement pour réduire le nombre d’oiseaux fréquentant un étang de retenue d’eaux usées, mais il n’a pas évalué le mérite respectif de chaque méthode. De même, Potvin et coll. (1978) ont constaté que l’utilisation combinée de l’Av-Alarm et d’un canon à gaz était plus efficace pour réduire le nombre d’oiseaux terrestres sur des champs de maïs au Québec que l’une ou l’autre méthode utilisée seule.

Booth (1983) a condamné l’Av-Alarm, le considérant moins efficace que les cris de détresse pour disperser les oiseaux. LGL Ltd. (1987), Bomford et O’Brien (1990) et Devenport (1990) ont fait remarquer que les oiseaux s’habituent aux sons. Thompson et coll. (1979) ont noté pour leur part une légère augmentation de la fréquence cardiaque chez des étourneaux exposés à l’Av- Alarm, comparativement à une augmentation marquée chez les mêmes oiseaux soumis à la diffusion de cris de détresse d’espèces nord-américaines et européennes d’étourneaux.

À notre connaissance, l’efficacité de l’Av-Alarm en tant que répulsif sonore pour des oiseaux aquatiques fréquentant des terrains agricoles a été l’objet d’une seule étude rigoureuse. Ce dispositif a réussi à éloigner des bernaches du Canada de champs agricoles voisins d’une réserve faunique, au Wisconsin (Heinrich et Craven 1990). La démarche expérimentale consistait à intercaler des parcelles témoins (sans dispositif d’effarouchement) parmi des parcelles expérimentales (avec l’Av-Alarm) : on ignore si le dispositif aurait été aussi efficace si les oiseaux n’avaient pu se rabattre sur des zones adjacentes tout aussi convenables mais non dotées de dispositif d’effarouchement.

Wiseley (1974) a étudié l’effet de sons simulés au moyen d’un compresseur à gaz sur la distribution et le comportement d’oies des neiges, sur le versant nord du Yukon. Cette étude donne une indication de la réaction des oies des neiges à des bruits dénués de signification biologique. Aux sons produits par le simulateur, les oies ont brisé leurs formations de vol normales, dévié de leur route, poussé des cris, accéléré ou ralenti leur vol et atterri. Elles se sont tenues hors d’un rayon de 800 m du simulateur, pour se protéger de la forte intensité des sons. On peut donc penser que les sons produits par des bruiteurs de type Av-Alarm, Phoenix Wailer ou Marine Wailer pourraient provoquer des réactions semblables chez les oies des neiges.

Crummet (non datée; 1973) a mené deux expériences qui laissent penser que l’Av-Alarm serait efficace pour éloigner des oiseaux aquatiques d’un plan d’eau. Mais les rapports ne sont pas suffisamment détaillés pour que l’on puisse évaluer le lien entre les nombres d’oiseaux et la distance par rapport au dispositif, avant et pendant l’expérience, ou déterminer dans quelle mesure des facteurs autres que l’Av-Alarm peuvent avoir contribué aux fluctuations observées.

évaluation - L’Av-Alarm diffuse des sons synthétisés produits électroniquement, semblables à ceux qui sont produits par le Phoenix Wailer, si ce n’est que leur répertoire est beaucoup plus restreint. Compte tenu des limitations des systèmes Phoenix Wailer (voir ci-dessus), l’Av-Alarm serait, selon toute vraisemblance, encore moins efficace. Les sons synthétisés diffusés par ces systèmes ne s’appuient sur aucun fondement biologique et il est peu plausible qu’ils puissent avoir les longues périodes d’efficacité nécessaires aux aéroports. L’Av-Alarm peut avoir une certaine utilité aux aéroports où doivent être appliquées des mesures de dispersion à court terme couvrant des zones restreintes.

Avantages

  1. L’Av-Alarm convient à la dispersion d’oiseaux dans des habitats très diversifiés.
  2. Il peut être efficace la nuit.
  3. Il n’est pas spécifique à une espèce, contrairement à certains autres dispositifs.
  4. Il ne requiert pas l’attention soutenue d’un opérateur; mais le fait de le déplacer et de modifier les paramètres des sons peut ralentir l’accoutumance.

Inconvénients

  1. Les oiseaux semblent s’habituer rapidement aux sons de l’Av-Alarm utilisé seul.
  2. L’utilisation concurrente d’autres techniques peut être nécessaire pour rendre l’Av-Alarm efficace.
  3. Le personnel qui travaille à proximité d’un Av-Alarm doit porter des moyens de protection auditive.

Recommandation - Non recommandé en tant que dispositif d’effarouchement à long terme, ou à titre d’élément de base d’un programme intégré de lutte contre le péril aviaire. Le Phoenix Wailer a toutes les chances d’être plus efficace, en raison du répertoire plus étendu des sons disponibles et de la plus grande souplesse d’utilisation. On peut accroître l’efficacité de l’Av-Alarm en le combinant à d’autres techniques, comme des dispositifs pyrotechniques ou des canons à gaz.

Documents recensés - Bomford et O'Brien 1990; Booth 1983; BSCE 1988; Crummet n.d., 1973; DeFusco et Nagy 1983; Devenport 1990; Gunn 1973; Heinrich et Craven 1990; Jarvis 1985; Koski et Richardson 1976; LGL Ltd. 1987; Martin 1980; Nelson 1970; Potvin et coll. 1978; Sharp 1978; Thompson et coll. 1979; Wiseley 1974.

Cris de détresse

Description - Les oiseaux de nombreuses espèces lancent des cris de détresse lorsqu’ils sont capturés, retenus, blessés ou qu’ils sont la cible de quelque autre danger. Ces cris, spécifiques à chaque espèce, signalent le danger et avertissent les autres membres de l’espèce de se disperser. Dans certains cas, les cris de détresse d’une espèce donnée sont reconnus par les membres d’autres espèces, sur lesquels ils ont les mêmes effets (Aubin et Brémond 1989; Aubin 1991). Il existe des systèmes commerciaux qui diffusent des cris de détresse enregistrés. Nombre de ces systèmes sont mobiles; certains peuvent être montés sur des véhicules (Elgy 1972; Currie et Tee 1978). Des modèles fonctionnant à l’énergie solaire et éolienne sont maintenant offerts. Ont également été mis sur le marché, ces dernières années, des enregistrements numériques de grande qualité.

Fondement biologique - Il existe une corrélation très étroite entre les cris de détresse et les réactions de fuite, car cette fuite a une forte valeur de survivance. C’est la signification biologique des cris qui les rend si efficaces. L’accoutumance est plus lente dans le cas des cris de détresse (comparativement aux bruits artificiels, par exemple), en raison de la signification associée à ces cris.

Résultats de recherches - La diffusion d’enregistrements de cris de détresse est couramment utilisée pour disperser les oiseaux sur des aéroports, des zones agricoles et résidentielles et des installations aquacoles, entre autres. Il est important que les cris soient diffusés à l’endroit et au moment les plus opportuns, de façon à produire un effet d’effarouchement optimal. Il est donc souhaitable de disposer d’un véhicule mobile. Pour un effet maximal et une accoutumance minimale, il importe de ne pas abuser de telles diffusions et que celles-ci aient lieu à des moments où les oiseaux risquent d’être le plus réceptifs (cf. Transports Canada 1986). Pour cela, une intervention humaine est nécessaire : on ne peut se contenter d’une minuterie automatique. L’efficacité de cette technique dépend également de la qualité du son diffusé. D’où la nécessité d’utiliser un matériel de grande qualité (Brémond et coll. 1968).

Les enregistrements de cris de détresse sont largement utilisés pour éloigner les goélands et les mouettes des aéroports, et occasionnellement, des décharges et des réservoirs (p. ex., DeFusco et Nagy 1983; Payson et Vance 1984; Transports Canada 1986; BSCE 1988; Howard 1992). De tels enregistrements se sont également révélés efficaces pour la dispersion de grands groupes (jusqu’à 10 000) d’étourneaux sansonnets de sites-dortoirs (Frings et Jumber 1954; Block 1966; Pearson et coll. 1967; Feare 1974; G.F. Searing, LGL Ltd., comm. pers. 1998). Keidar et coll. (1975) ont constaté l’efficacité des cris de détresse pour disperser des groupes d’alouettes des champs et d’alouettes calandres en train de se nourrir de récoltes. Smith (1986) a indiqué avoir dispersé des oiseaux d’aéroports par des diffusions répétées de cris de détresse. Spanier (1980) a réussi à éloigner des bihoreaux gris juvéniles et adultes d’étangs de pisciculture par la diffusion d’enregistrements de leurs cris de détresse. Cette méthode atteint son efficacité maximale lorsqu’elle est mise en oeuvre avant que les oiseaux aient le temps de prendre des habitudes ou d’établir des schémas d’activités dans une zone. Elle doit en outre être appliquée avant ou dès l’arrivée des oiseaux dans une zone, plutôt qu’après, lorsqu’ils sont en train de se nourrir ou qu’ils dorment (Elgy 1972; Searing, comm. pers.).

Les goélands et les mouettes lancent des cris de détresse lorsqu’ils ont été capturés ou qu’ils sentent un danger (Frings et coll. ). Lorsqu’ils entendent un cri de détresse, les goélands réagissent différemment des étourneaux. Ils s’approchent de la source sonore et la survolent en décrivant des cercles, comme pour tenter de découvrir la raison à l’origine des cris; puis ils s’éloignent lentement (Hardengerg 1965; Brough 1968; Sout et coll. 1974). Sur un aéroport, ce comportement peut poser un danger si les goélands sont attirés vers une piste en service (Cooke- Smith 1965; Brough 1968), aussi doit-on prendre des précautions pour parer à de telles situations. Les goélands doivent être attirés à l’écart des pistes vers les cris de détresse, puis dispersés plus loin à l’aide de dispositifs pyrotechniques.

La diffusion d’enregistrements de cris de détresse atteint souvent son maximum d’efficacité lorsqu’elle est conjuguée à une autre technique, par exemple le tir de cartouches détonantes (Transports Canada 1986). Brough (1968) a réalisé 405 essais, étalés sur un an, à cinq terrains d’aviation de la Royal Air Force. Les cris enregistrés ont réussi à disperser les goélands (y compris les goélands argentés). Les cris de détresse ont également été utilisés concurremment avec des dispositifs pyrotechniques. Brough a constaté que la combinaison des deux techniques était la méthode la plus efficace, suivie des cris de détresse seuls, puis des dispositifs pyrotechniques seuls. Au cours d’une étude ultérieure, les pompiers des bases de la RAF ont eu recours à ces deux techniques combinées pour disperser les oiseaux (Blokpoel 1976). L’efficacité des cris de détresse combinés aux dispositifs pyrotechniques a été maintes fois confirmée par ailleurs (Brough 1965, 1968; Busnel et Giban 1968; Bridgman 1969; Dahl 1984).

Mott et Timbrook (1988) ont souligné l’efficacité des cris de détresse pour empêcher des bernaches du Canada de se rassembler sur des terrains de camping. L’enregistrement auquel ils ont eu recours ne représentait pas des cris de détresse types, mais le cri d’une bernache seule et ceux d’une volée de bernaches fuyant le danger. La seule diffusion des cris a réduit de 71 % la présence des bernaches au terrain de camping, après cinq jours de diffusion. Lorsque combinée à des bombes antiaviaires, elle a chassé 96 % des bernaches. Toutefois, Aguilera et coll. (1991) ont constaté que dans les parcs, les bernaches du Canada réagissaient aux mêmes cris de détresse en devenant vigilantes et parfois en s’élevant jusqu’à 100 m au-dessus des haut-parleurs, mais qu’elles demeuraient dans la zone. La présence d’un habitat de remplacement à proximité peut conditionner l’efficacité de cette technique.

Une démarche judicieuse pour la diffusion de cris de détresse peut accroître l’efficacité de cette technique et retarder l’habituation. Le fait de diffuser les cris en continu favorise l’habituation (Langowski et coll. 1969; de Jong 1970; Burger 1983). Par exemple, des étourneaux se sont habitués à des cris de détresse diffusés en continu, mais pas à des cris diffusés par intermittence, à des intervalles de 2 à 95 secondes. Le U.S. Department of Interior (1978) a recommandé de diffuser les cris pendant 10 à 15 secondes toutes les minutes à l’arrivée d’étourneaux, de carouges et de quiscales dans une aire de repos. Selon un article de Block (1966), la diffusion de cris de détresse d’une durée de 10 secondes une fois la minute pendant 50 minutes s’est révélée efficace pour disperser des étourneaux. Pour repousser le moment de l’habituation, il est bon de rediffuser les cris de détresse aussitôt que les oiseaux tentent de revenir après avoir été dispersés (Slater 1980). On empêche de la sorte les oiseaux de « se remettre » de l’effet du stimulus. Mott et Timbrook (1988) ont noté l’absence d’accoutumance à la diffusion de cris de détresse chez des bernaches du Canada. Mais celles-ci reconnaissaient le véhicule équipé des haut-parleurs et fuyaient avant le début des cris. On peut donc s’interroger sur le véritable stimulus qui mettait les oiseaux en fuite. Lors d’un essai d’une durée de cinq ans mené aux Pays- Bas, Hardenberg (1965) a noté peu de signes d’accoutumance des goélands aux cris de détresse émis par des haut-parleurs le long des pistes d’une base des forces armées. Brough (1968) n’a pas constaté d’accoutumance au terme d’un essai d’une durée d’un an à cinq terrains d’aviation du R.-U.

D’autres facteurs peuvent influer sur l’efficacité des cris de détresse. Il se peut que les espèces qui vivent dans des habitats ouverts (prairies, champs, toundra, milieux marins) utilisent plutôt des repères visuels, tandis que les espèces qui vivent dans des zones boisées se fient davantage aux cris de détresse (Boudreau 1972). Certaines espèces, comme les goélands et les mouettes, réagissent aux cris de détresse après avoir confirmé visuellement qu’il y a un danger. Les oiseaux réagissent habituellement plus fortement lorsqu’ils sont en groupe que lorsqu’il sont seuls. Et ceux qui se reposent ou qui sont occupés à se lisser les plumes sont plus faciles à disperser que ceux qui sont en train de se nourrir. On dit que certaines espèces d’oiseaux, comme l’huîtrier pie et le pigeon ramier (des espèces européennes) n’émettent pas de cris de détresse (Bridgman 1976). Les cris de détresse ont parfois de grands rayons d’action (Aubin et Brémond 1989).

Interviews - La combinaison cris de détresse/dispositifs pyrotechniques s’est révélée efficace contre les goélands et les mouettes à l’aéroport international de Calgary (Brian Richmond, Calgary Airport Authority, comm. pers., 1998). Les cris de détresse, a-t-on constaté, causent de l’agitation chez les oiseaux, qui sont plus « réceptifs » aux moyens pyrotechniques mis en oeuvre subséquemment. On préfère les enregistrements numériques aux cassettes, parce que le son est plus clair.

évaluation - Les cris de détresse sont reconnus depuis plus de 30 ans comme une technique efficace pour disperser certaines espèces d’oiseaux, mais pas toutes. Les systèmes de diffusion étant mobiles et facilement adaptables, les cris de détresse peuvent être très utiles aux aéroports. Cette technique peut aussi servir à créer de l’agitation chez les oiseaux, de façon à maximiser l’effet d’autres techniques, comme les dispositifs pyrotechniques.

Cette technique a toutefois des limites. La curiosité manifestée par la plupart des goélands et des mouettes peut, dans un premier temps, faire de ces cris des facteurs attractifs plutôt que répulsifs. Le répertoire d’enregistrements de cris de détresse ne couvre pas toutes les espèces (p. ex., certaines espèces d’oiseaux de rivage; Gunn 1973), et certaines espèces n’émettent pas de cris de détresse.

Il existe des appareils de sonorisation qui « détectent » la présence d’oiseaux (par détecteur de sons et par radar) et qui diffusent donc des cris de détresse seulement lorsque des oiseaux sont perçus dans les parages, plutôt que selon des intervalles prédéterminés. L’habituation est ainsi retardée.

Avantages

  1. L’habituation aux cris de détresse peut être relativement lente s’ils sont utilisés avec discrétion et concurremment avec d’autres techniques d’effarouchement.
  2. Cette technique peut être utilisée de jour comme de nuit.

Inconvénients

  1. De nombreuses espèces d’oiseaux n’émettent pas de cris de détresse.
  2. Il reste de nombreuses espèces d’oiseaux dont les cris de détresse n’ont pas encore été enregistrés. Il y aurait lieu de réaliser ces enregistrements afin qu’ils soient faciles à obtenir en temps opportun.
  3. La plupart des cris de détresse sont au moins en partie propres à l’espèce. La diffusion du cri de détresse d’une espèce ne dispersera pas nécessairement les oiseaux d’une autre espèce.
  4. Les conditions météorologiques peuvent altérer la transmission des sons.
  5. La diffusion de cris de détresse risque de ne servir à rien s’il n’y a pas un opérateur sur place pour commander le moment de la diffusion. Il s’agit donc d’une technique exigeante en main-d’oeuvre.

Recommandation - Technique chaudement recommandée. La diffusion de cris de détresse est considérée comme une composante essentielle d’un programme de lutte antiaviaire à un aéroport. Comme pour tout système de lutte antiaviaire, une mise en oeuvre judicieuse par un personnel expressément formé accentuera fortement l’efficacité des cris. Voir à ce sujet l’exposé ci-dessus.

Documents recensé - Aguilera et coll. 1991; Aubin 1991; Aubin et Brémond 1989; Beklova et coll. 1981, 1982; Block 1966; Boudreau 1968, 1972; Brémond 1980; Brémond et Aubin 1989, 1990, 1992; Brémond et coll. 1968; Bridgman 1976; BSCE 1988; Burger 1983; Currie et Tee 1978; DeFusco et Nagy 1983; de Jong 1970; Elgy 1972; Fay 1988; Feare 1974; Fitzwater 1970; Frings et Frings 1967; Frings et Jumber 1954; Frings et coll. 1955, 1958; Gunn 1973; Grun et Mattner 1978; Howard 1992; Inglis et coll. 1982; Keidar et coll. 1975; Kreithen et Quine 1979; Kress 1983; Langowski et coll. 1969; Littauer 1990a; Morgan et Howse 1974; Mott et Timbrook 1988; Naef-Daenzer 1983; Payson et Vance 1984; Pearson et coll. 1967; Rohwer 1976; Salmon et Conte 1981; Schmidt et Johnson 1983; Slater 1980; Smith 1986; Spanier 1980; Transports Canada 1986; U.S. Dep. Interior 1978.

Cris de prédateurs

Description - La plupart des cris de prédateurs peuvent être diffusés par le même matériel que pour la diffusion des cris de détresse. Les prédateurs des oiseaux comprennent d’autres oiseaux (comme les buses ou les faucons), certains mammifères et l’homme (Gunn 1973; Thompson et coll. 1968).

Fondement biologique - La diffusion du cri d’un prédateur avertit de la présence d’un prédateur à proximité; ce cri peut aviver l’attention des oiseaux et dans certains cas les faire fuir. Dans la nature, les prédateurs chassent habituellement en silence : ils évitent de « s’annoncer ». On peut donc penser que la diffusion de cris de prédateurs irait à l’encontre de ce qui se passe dans la nature.

Résultats de recherches - La diffusion des cris de protestation de la crécelle d’Amérique a réussi à éloigner des moineaux domestiques, et ceux-ci ne montraient pas de signes d’habituation au bout de six jours d’exposition à ces sons (Frings et Frings 1967). La diffusion des cris d’un faucon pèlerin s’est révélée efficace pour disperser des goélands et des mouettes à l’aéroport international de Vancouver (Gunn 1973; LGL Ltd. 1987).

Les cris des prédateurs peuvent faire sursauter les oiseaux. Mais ils peuvent aussi, parfois, les attirer. Par exemple, les corneilles, les carouges et les quiscales n’hésitent pas à houspiller ou attaquer les grands-ducs d’Amérique, surtout lorsque des juvéniles commencent tout juste à voler. Cette réaction est aussi observée autour de nids ou de roqueries de goélands et de sternes.

évaluation - Il est difficile de mesurer l’efficacité des cris des prédateurs pour disperser/éloigner les oiseaux. Le fondement biologique sur lequel s’appuie cette technique n’est pas clair, et même si les études réalisées à ce jour ont été concluantes, il reste qu’elles sont plutôt rares. Il conviendra de poursuivre les recherches sur de nombreux aspects de cette technique et sur les réactions des espèces-proies.

Recommandation - La technique qui consiste à diffuser des cris de prédateurs semble suffisamment prometteuse pour être essayée. Il ne faudrait pas, toutefois, en faire l’élément pivot d’un programme de lutte antiaviaire avant que son efficacité ait été démontrée.

Documents recensés - Frings et Frings 1967; Thompson et coll. 1968; LGL Ltd. 1987.

Sons de forte intensité

Description - Les bangs soniques, les détonations d’explosifs, les avertisseurs sonores et les sirènes antiaériennes sont autant d’exemples de sons ou de générateurs de sons de forte intensité.

Fondement biologique - Des sons de très forte intensité peuvent être source de détresse, de douleur ou d’inconfort, et mettre en fuite les oiseaux qui occupent la zone où les sons sont produits. Ils peuvent aussi avoir un effet secondaire chez les oiseaux éloignés de la source de bruit, causant non pas de l’inconfort mais un tressaillement propre à les effrayer.

Résultats de recherches - Thiessen et coll. (1957) ont réalisé des essais préliminaires faisant appel à une sirène antiaérienne pour disperser des canards qui fréquentaient des étangs. Ils ont constaté que la diffusion répétée de sons intenses faisait fuir certains oiseaux au bout de deux ou trois jours. Leur démarche expérimentale et les niveaux sonores utilisés ne sont pas clairement expliqués. Holthuijzen et coll. (1990) ont signalé qu’un certain nombre de faucons des prairies ont quitté leur nid après avoir été exposés à des détonations d’explosifs. Le niveau sonore des détonations, mesuré à l’entrée de deux aires, s’établissait en moyenne à 136 et 139 dB, respectivement. Mais les faucons sont revenus à leur nid au bout de quelques minutes. Bell (1971) a observé pour sa part une grande variabilité des réactions des oiseaux aux bangs soniques. La plupart des espèces ont réagi en s’envolant, en courant ou en se regroupant.

Un dispositif aussi simple qu’un klaxon de bicyclette inséré dans l’agitateur d’une lessiveuse a produit un bruit « à briser le tympan » qui a dispersé des carouges et des quiscales qui avaient établi leur lieu de repos dans une zone résidentielle (Bliese 1959).

évaluation - Les sons de forte intensité suscitent des réactions variables chez les oiseaux qui y sont exposés. La plupart de ces sons ne peuvent être facilement reproduits, et leur efficacité n’est pas immédiate en tant que répulsifs pour les oiseaux. Un klaxon attaché à une embarcation ou à un véhicule peut se révéler utile en tant que dispositif d’appoint dans les lagunes et les marais, et sur les petites étendues d’eau. Toutefois, pour que les sons soient d’une intensité assez forte pour éloigner des oiseaux se trouvant à une certaine distance, ils doivent être d’une intensité extrêmement forte près de la source. Comme les sons de forte intensité risquent de provoquer des dommages auditifs et d’autres effets nocifs sur la santé (Fuller et coll. 1950; Frings 1964; Wright 1969; Kryter 1985), la plupart des aéroports s’abstiennent de recourir à cette technique.

Recommandation - Technique non recommandée.

Documents recensés - Bell 1971; Bliese 1959; Davis 1967; Ellis et coll. 1991; Fringes 1964; Fuller et coll. 1950; Holthuijzen et coll. 1990; Kryter 1985; Thiessen et coll. 1957; Wright 1969.

Ultrasons

Description - On définit habituellement comme un ultrason un son dont la fréquence est trop élevée pour être perçu par l’oreille humaine. On établit généralement à 20 000 Hz la limite supérieure de l’ouïe humaine, même si peu d’adultes perçoivent de fait les sons d’une telle fréquence. L’avantage évident des ultrasons en tant que technique d’effarouchement, pour autant qu’ils soient efficaces à cette fin, est qu’ils demeureraient inaudibles pour les êtres humains. Nombreux sont les contextes où les autres types de répulsifs auditifs (p. ex., les canons à gaz) sont gênants pour les humains.

Fondement biologique - Les fournisseurs de générateurs d’ultrasons vantent depuis longtemps les mérites de leurs appareils en tant que répulsifs à oiseaux. Mais la plupart des espèces d’oiseaux n’entendent pas les ultrasons (Fay 1988; Hamerstock 1992). Les ultrasons n’ont donc aucune efficacité pour éloigner les oiseaux.

Résultats de recherches - Même si certains oiseaux peuvent percevoir des sons d’une fréquence allant jusqu’à 20 000 Hz ou légèrement supérieure, ils ne semblent pas dérangés par la diffusion de ces sons, probablement parce qu’ils ne se servent pas d’ultrasons pour communiquer. Woronecki (1988) a constaté que des pigeons ne semblaient aucunement effrayés lorsqu’ils étaient exposés à des ultrasons. Aussi, le fait d’envelopper d’ultrasons un lieu de nidification n’a pas permis de constater une diminution du nombre de pigeons en train de construire leur nid ou de pondre leurs oeufs. Beuter et Weiss (1986) n’ont vu aucun signe montrant que les goélands et les mouettes entendaient les ultrasons ou qu’il y réagissaient. Griffiths (1988) a noté que plusieurs espèces d’oiseaux (p. ex., les mésanges et les geais) demeuraient indifférentes à un dispositif générant à la fois des fréquences audio et ultrasoniques. D’après les gammes de fréquences connues comme étant perceptibles par les espèces susmentionnées, il est peu probable que l’une ou l’autre puisse percevoir des ultrasons.

Des recherches antérieures ont déjà mené à la conclusion que la diffusion d’ultrasons n’était aucunement efficace pour effrayer les oiseaux (p. ex., Koski et Richardson 1976; DeFusco et Nagy 1983; Bomford et O’Brien 1990). De même, Hamershock (1992), au terme d’une recherche poussée, a constaté que les ultrasons réussissaient à réduire d’au plus 5 % les populations d’oiseaux, si tant est qu’ils eussent quelque effet. Les ultrasons se sont également révélés inefficaces pour éloigner les rongeurs (Lund 1984; Bomford et O’Brien 1990), mais pourraient avoir quelque valeur pour éloigner les chauves-souris, dont un grand nombre perçoivent les fréquences ultrasoniques (Martin 1980; Fay 1988).

évaluation - Les ultrasons sont inefficaces en tant que technique d’effarouchement des oiseaux.

Recommandation - Technique non recommandée.

Documents recensés - Beuter et Weiss 1986; Bomford et O'Brien 1990; BSCE 1988; DeFusco et Nagy 1983; Erickson et Marsh 1992; Fay 1988; Frings et Frings 1967; Griffiths 1988; Hamershock 1992; Koski et Richardson 1976; Lund 1984; Martin 1980; Truman 1961; Woronecki 1988.

Bruit de moteur d’avion et infrasons

Une étude a été entreprise récemment sur la possibilité d’utiliser (1) la production contrôlée de certaines fréquences sonores discrètes des moteurs d’avions ou d’autres pièces d’avions et (2) des sons basse fréquence (infrasons) pour disperser des oiseaux (Short et coll. 1996). Aucun résultat n’a encore été divulgué. Pour que l’une ou l’autre technique soit efficace, les oiseaux devraient non seulement percevoir les signaux mais aussi les associer à une menace suffisante pour qu’ils réagissent en fuyant. On devrait aussi étudier la question de l’habituation à ces signaux.