SOMMAIRE ET RECOMMANDATIONS

Les produits de lutte contre le péril aviaire peuvent être classés selon la manière dont ils éloignent ou effarouchent les oiseaux évitement de ce qui est nouveau, réaction de surprise, imitation de prédateurs, signaux d’avertissement et mise à mort (Rochard 1996). Beaucoup des produits et des techniques les moins productifs se fondent sur la présentation de nouveaux stimulus et/ou de stimulus qui surprennent les oiseaux parce qu’ils se manifestent à eux d’une manière inattendue ou bruyante. Les oiseaux ont tendance à éviter tout stimulus nouveau, comme les sons synthétiques produits par le Phoenix Wailer, parce qu’ils ne savent pas si cela représente ou non une menace. Cela a une valeur évidente pour la survie. (Certains peuvent tout d’abord étudier un nouveau stimulus, au lieu de l’éviter.) Une fois l’effet de nouveauté passé, toutefois (et les oiseaux apprennent rapidement à reconnaître ce qui est une menace et ce qui ne l’est pas), le stimulus n’est plus efficace sur ces oiseaux. De même, les dispositifs qui surprennent (p. ex., les canons à gaz) deviennent inefficaces une fois qu’ils ont été intégrés à l’environnement des oiseaux et qu’ils ne les surprennent plus. Bien qu’il existe un fondement biologique pour ces produits, tout effet de dissuasion ou d’effarouchement est de courte durée.

Le fondement biologique derrière les produits et les techniques de lutte contre le péril aviaire qui imitent des menaces connues pour les oiseaux, comme les épouvantails et les cerfs-volants en forme de buse, semble plus solide et valide à long terme. La période d’efficacité est directement reliée au niveau de réalisme du modèle en termes d’apparence, de comportement et de bruit. Les oiseaux s’habituent rapidement à un hibou acheté dans un magasin de grande surface. Ils s’habituent moins rapidement à un hibou empaillé avec, dans ses serres, une corneille qui bouge et qui crie. Un hibou véritable attaché à un poteau donne encore de meilleurs résultats. Même avec les meilleurs modèles, à moins que la présentation soit renforcée à l’occasion (par une mise à mort, par exemple), les oiseaux finissent par apprendre qu’il n’y a pas de véritable danger. De même, les stimulus qui communiquent à l’oiseau ciblé un « signal d’avertissement » indiquant qu’un prédateur se trouve dans les environs (p. ex., cris de détresse ou d’alerte), ou qu’il y a été récemment (p. ex., carcasse d’oiseau artificielle), donnent de bons résultats. Il n’y a pas vraiment accoutumance.

L’abattage d’oiseaux utilisé seul ne sert généralement qu’à des fins immédiates ou à court terme. Utilisé conjointement avec d’autres produits ou d’autres techniques, l’abattage peut constituer une technique d’appoint très efficace.

La lutte contre le péril aviaire aux aéroports comporte certaines exigences précises qui diffèrent des autres situations où le contrôle des populations d’oiseaux s’impose, comme le contrôle en milieu agricole. Il est important de pouvoir fixer le lieu et le moment où s’en iront les oiseaux effarouchés. Par exemple, si les oiseaux envahissent une piste utilisée par des avions, une situation de péril aviaire vient d’être créée plutôt qu’éliminée. Mais avant tout, un programme de lutte contre le péril aviaire doit être efficace à long terme. Pour une exploitation agricole, il suffit d’éloigner les oiseaux jusqu’à la récolte. Aux aéroports, le péril aviaire peut survenir toute l’année, 24 heures par jour. À cause de cela, l’accoutumance des oiseaux aux produits et aux techniques devient une préoccupation majeure. Les oiseaux s’habituent plus rapidement aux dispositifs de lutte ayant un faible fondement biologique et dont la présentation varie peu.

Nous avons classé les produits et les techniques de lutte passés en revue dans le présent rapport dans les trois catégories suivantes : (1) non recommandé, (2) peu recommandé et (3) fortement recommandé. Cette évaluation est fondée sur les réponses fournies à trois grandes questions. (1) Y a t il un motif fondé, sur le plan biologique, pour prévoir que le produit ou la technique donnera les résultats souhaités? (2) Avec quelle rapidité et dans quelle mesure les oiseaux s’habituent ils au produit ou à la technique? (3) Le coût et les considérations pratiques de mise en oeuvre entrent-ils en ligne de compte?

Non recommandé

Neuf produits et techniques sont non recommandés. L’utilisation des sons à haute intensité, des micro-ondes et des lasers n’est pas recommandée parce que les niveaux d’énergie requis sont dangereux pour les humains (ainsi que pour les oiseaux et les autres mammifères). Très peu d’espèces d’oiseaux se sont montrées capables de détecter les ultrasons et celles qui le pouvaient n’ont pas eu de réaction d’évitement. L’effarouchement au moyen d’avions et le recours à la fumée ne sont pas des méthodes recommandées parce qu’elles ne sont pas pratiques sur les terrains d’aviation. Les recherches effectuées sur l’utilisation d’aimants, de sources de lumière, de colorants, de bruits de moteurs d’avions et d’infrasons comme outils de lutte contre le péril aviaire sont insuffisantes; toutefois, les recherches menées à ce jour ne permettent pas de croire que ces produits soient de bons outils de lutte.

Peu recommandé

La plupart des produits et des techniques de lutte contre le péril aviaire examinés ci dessous tombent dans la catégorie du « pas mal, mais ... ». Ils peuvent repousser ou effaroucher les oiseaux, mais avec une efficacité limitée à cause de l’accoutumance, d’un faible fondement biologique, des possibilités limitées d’application et/ou de problèmes de mise en oeuvre. Ces produits donnent de meilleurs résultats lorsqu’ils font partie d’un programme intégré, et aucun ne devrait être considéré comme élément clé d’un programme de lutte. Dans certains cas, ils peuvent être un outil parmi d’autres pour la lutte contre le péril aviaire.

La catégorie des produits et techniques peu recommandés comprend plusieurs éléments répulsifs auditifs, visuels et chimiques. Les oiseaux ont tendance à s’accoutumer assez rapidement aux canons à gaz et, selon ce que nous prévoyons, aux appareils « Falcon Imitator » et « Rotating Hunter » produits par Agri-SX, bien que ces deux derniers produits aient fait l’objet de peu d’essais. Le recours à des canons à gaz télécommandés pourrait prolonger leur période utile de pré accoutumance.

Les cris de détresse ou d’alerte du Phoenix Wailer ont plus de chances d’être efficaces que les ultrasons et les bruits électroniques également diffusés par ces appareils. De même, les bruits synthétiques produits par l’Av-Alarm n’ont aucun fondement biologique autre que les réactions d’évitement dues à la nouveauté et à l’effet de surprise, susceptibles d’accélérer le processus d’accoutumance. Le Bird Gard AVA et le Bird Gard ABC sont des dispositifs de diffusion de cris de détresse qui offrent des répertoires peu étendus de cris de détresse ou d’alerte pour un nombre limité d’espèces.

La majorité des répulsifs visuels sont également sujets à l’accoutumance épouvantails, rubans réfléchissants, prédateurs artificiels, cerfs volants en forme de buse et ballons, et goélands artificiels. Les répulsifs chimiques - tactile, comportementaux, ReJeX-iT, et ceux qui contrôlent la présence des vers de terre (Bénomyl, Tersan, et Terraclor) - peuvent être efficaces, mais uniquement pour certaines applications précises. Quant aux agents de répulsion gustative autres que le ReJeX-iT, leur efficacité n’a pas été démontrée. La mousse, les enregistrement de cris de prédateurs, et les aires de diversion présentent des possibilités de contrôler des populations aviaires; toutefois, ils n’ont pas encore fait l’objet d’un nombre suffisant d’essais. Le piégeage ainsi que les surfactants et les jets d’eau sont adéquats pour des applications limitées.

Le recours à des modèles réduits d’avions téléguidés peut être un bon outil de lutte contre le péril aviaire, mais cela exige beaucoup de main d’oeuvre et, aux aéroports, ces modèles réduits ne peuvent pas être utilisés près des pistes et des voies de circulation en service.

Fortement recommandé

Une méthode de lutte contre le péril aviaire en milieu aéroportuaire doit, avant tout, être conçue en fonction des problèmes particuliers à l’aéroport en cause. Il est important de bien connaître le nombre et les espèces d’oiseaux présents à l’aéroport, et de déterminer quelles espèces constituent le plus grand danger pour les aéronefs et à quel moment. Le programme de lutte contre le péril aviaire devrait donc se concentrer sur les espèces et les périodes les plus cruciales.

Une poignée de produits et de techniques ont été fortement recommandés. Ils peuvent être considérés comme les éléments centraux d’un programme efficace de lutte contre le péril aviaire. Ils offrent un contrôle à long terme, avec peu d’accoutumance s’ils sont appliqués correctement; les approches actives exigent de fréquentes interventions de la part d’un personnel compétent et motivé.

Modification de l’habitat

La modification de l’habitat est la meilleure technique passive de lutte à long terme contre le péril aviaire en milieu aéroportuaire. Ainsi, en modifiant l’habitat qui attire les oiseaux à un aéroport, on peut s’attaquer à la source des problèmes posés par les oiseaux. Il faut procéder à une étude complète de l’utilisation des terrains de l’aéroport par les oiseaux, ce qui comprend une analyse du cycle annuel complet de la présence aviaire (à savoir, pendant l’hiver, la nidification et la migration). Cette étude devrait cerner les espèces responsables du péril aviaire ainsi que l’utilisation du terrain d’aviation ainsi que des autres installations de l’aéroport et du voisinage, par les individus de ces espèces. Ensuite, on modifiera l’habitat de manière à éliminer ou à altérer les éléments qui attirent la plupart de espèces posant problème. Il est important de veiller à ce que le nouvel habitat attire uniquement les espèces qui posent un faible risque à la sécurité des aéronefs. Il faut procéder ainsi parce qu’il n’est pas possible de rendre l’habitat inapproprié pour toutes les espèces.

Le deuxième élément de gestion des habitats consiste à installer, là où cela est possible, des obstacles physiques comme des clôtures, des filets, et des lignes et câbles aériens pour tenir les oiseaux éloignés des zones critiques de l’aéroport. On pourrait recouvrir les étangs de Bird Balls. Les obstacles physiques permanents tiennent les oiseaux loin des surfaces traitées, mais ils exigent entretien et surveillance. Les obstacles au perchage comme Nixalite, Bird-B-Gone, Avi-Away et Fine Wires sur des édifices, des panneaux de signalisation, et des appareils d’éclairage des aéroports peuvent également donner de bons résultats.

Lutte active contre le péril aviaire

La modification de l’habitat permet de réduire le nombre d’espèces problèmes attirées à un aéroport. Toutefois, d’autres espèces dangereuses seront inévitablement présentes. Il faudra donc avoir recours à un programme actif de lutte contre le péril aviaire pour éliminer ces espèces. Parmi les techniques qui devraient constituer des éléments clés d’un programme actif de lutte contre le péril aviaire en milieu aéroportuaire, on compte les dispositifs pyrotechniques, la fauconnerie, les cris de détresse et les tirs d’arme à feu. À celles ci pourraient s’ajouter certaines techniques de la section précédente (peu recommandées). Par exemple, l’utilisation de goélands artificiels (spécimens empaillés) de concert avec des dispositifs pyrotechniques peut renforcer la notion de danger associée aux dispositifs pyrotechniques. L’utilisation de la fauconnerie aux aéroports prête à controverse. Appliquée de manière appropriée, cette technique peut être utile. La fauconnerie n’est pas appropriée pour tous les aéroports.

Conclusion

Une constante peut être dégagée de nos analyses des nombreuses techniques de lutte contre le péril aviaire, soit : aucune des techniques évaluées ne fonctionne toujours à long terme à moins d’être appliquée de manière appropriée par du personnel adéquatement formé. On ne saurait trop insister sur ce point! Il n’existe aucune solution unique et magique dans ce domaine. Tous les programmes qui offrent de bons résultats reposent sur un fondement biologique et sont appliqués par du personnel bien formé. Dans les aéroports aux prises avec un problème sérieux de péril aviaire, il faudra tout probablement faire appel à du personnel à plein temps. Le bon fonctionnement d’un programme de lutte contre le péril aviaire à un aéroport exige des gestionnaires de celui ci un engagement non équivoque de manière qu’on puisse s’assurer de disposer de suffisamment de fonds et pour que la lutte contre le péril aviaire soit considérée comme une activité hautement prioritaire, pour la sécurité des aéronefs.