En organisant l'instruction, l'instructeur aide l'élève à acquérir plus facilement toutes les connaissances et les habiletés nécessaires. Considérer que l'instruction comporte quatre volets :
- les cours théoriques,
- les manœuvres de base,
- les manœuvres avec un moteur en panne,
- les situations anormales et les urgences.
Cours théoriques
Les cours théoriques ne font pas obligatoirement partie de la formation préalable à la qualification sur multimoteurs, mais ils sont utiles. Que les cours théoriques s'adressent à un groupe d'élèves ou à un seul, plusieurs éléments doivent être abordés avant de commencer l'instruction en vol des exercices spécifiques. Ces éléments figurent sous la rubrique « Connaissances de base essentielles » de chaque exercice. Les cours théoriques peuvent porter notamment sur des sujets tels les systèmes de l'avion, la théorie du vol propre aux avions multimoteurs, les performances de l'avion, les notions de masse et de centrage ou les facteurs humains.
Bien qu'il soit possible de dispenser la formation théorique en une seule longue séance, il est préférable de la répartir en plusieurs brèves séances. L'élève est ainsi en mesure d'étudier chez lui les notions nouvellement acquises et les assimile mieux; l'instructeur peut revoir les notions apprises lors de séances précédentes pour améliorer la rétention.
Que l'on choisisse ou non d'inclure un programme de cours théoriques, il faut s'assurer que toutes les notions faisant partie des « connaissances de base essentielles » soient vues avant de procéder à l'instruction en vol d'un exercice spécifique. Toute autre façon de faire exige davantage de temps, nuit à la réussite de l'élève et accroît la frustration, tant de l'élève que de l'instructeur.
L'instructeur devrait s'asseoir avec l'élève dans l'avion, au sol, et consacrer un certain temps à l'étude de l'emplacement des commandes ainsi qu'à la pratique des vérifications et des procédures du poste de pilotage. Enfin, l'instructeur devrait envisager d'évaluer les connaissances de l'élève au moyen d'un test écrit avant d'amorcer l'instruction en vol.
Manœuvres de base
En plus d'avoir deux moteurs, cet avion diffère de bien des façons de tout autre avion déjà piloté par l'élève. L'avion multimoteur est probablement doté de systèmes avec lesquels il n'est pas encore familier, par exemple un train d'atterrissage escamotable, des hélices à vitesse constante et des systèmes hydrauliques. L'élève n'est probablement pas habitué à une telle marge de variation des chargements. Les points de référence d'assiette ne sont pas les mêmes. S'habituer à ces changements exige forcément un certain temps.
Consacrer, dès le début, une période de vol ou deux pour donner à l'élève l'occasion de piloter l'avion alors que tous les systèmes fonctionnent normalement. Lorsque l'élève a atteint un seuil raisonnable d'adresse, introduire progressivement les situations anormales et les urgences. Même si l'élève maîtrise très tôt les manœuvres en vol normal, s'assurer d'y consacrer au moins une partie de tous les vols subséquents. Il est facile de prendre l'habitude de concentrer l'instruction uniquement sur les situations anormales et les urgences.
Procédures avec un moteur en panne
Quand faut-il effectuer le premier exercice de panne moteur? Sauf aux fins de démonstration pour familiariser l'élève avec une panne moteur, ce premier exercice ne devrait avoir lieu que lorsque l'instructeur est convaincu que l'élève peut maîtriser l'avion dans des situations normales, sans toutefois attendre tellement qu'il faille accélérer l'apprentissage ou prolonger le temps de formation. En général, les deuxième ou troisième vols conviennent bien au premier exercice de panne moteur.
L'élève progresse plus rapidement lorsqu'il revoit et exécute les procédures au sol ou sur un dispositif d’entraînement de vol avant de les simuler en vol.
L'apprentissage des pannes devrait procéder du simple au complexe. Le premier exercice de panne moteur devrait se tenir en vol de croisière. Une fois les notions de pilotage lors d'une panne moteur de base bien assimilées, aborder l'instruction sur les pannes moteur pendant un virage, puis suivant une remise des gaz, et enseigner enfin les circuits et les atterrissages avec un moteur en panne.
Situations anormales et urgences
Il ne faut pas attendre à la fin de l'apprentissage avant d'aborder les situations anormales et les urgences. Il est préférable d'aborder tôt les situations anormales simples, peut-être en commençant par les urgences ou les situations anormales qui peuvent survenir avec un monomoteur. À mesure que l'habileté et la confiance du pilote s'accroissent, passer à des situations plus complexes. Avant chaque vol, ne pas oublier de traiter des situations anormales et des urgences qui feront l'objet d'un exercice. Cet exposé prévol favorise la rapidité de l'apprentissage.
Planification des leçons en vol
Pour optimiser le processus d’apprentissage, l’instructeur doit recourir le plus possible à un dispositif d’entraînement de vol ou à un simulateur de vol complet approprié. Ce genre d’appareil permet de prendre conscience des conséquences que peut avoir une erreur de pilotage majeure et de l’importance de respecter une procédure spécifiée en toute sécurité.
En planifiant une leçon en vol, la situer dans le contexte de la leçon précédente et de celle qui suivra. Revoir certaines des notions de la leçon précédente et lier la nouvelle leçon aux notions déjà acquises. Intégrer à chaque leçon une introduction des exercices qui seront présentés à la leçon suivante. Après la première leçon, chaque vol devrait inclure des situations anormales ou des urgences.
Après avoir établi le programme de chaque leçon en vol, déterminer quelles notions doivent faire l'objet d'un cours théorique. La préparation de chaque leçon en vol devrait comporter des exercices de calcul de la masse et du centrage, le recours aux graphiques de performances ou l'étude d'autres parties du POH. S'il existe des documents de référence, faire étudier l'élève à l'avance. Songer également à prescrire des lectures ou d'autres travaux après chaque vol.
Une planification soignée de la formation permet à l'élève d'apprendre à piloter un avion multimoteur avec compétence en relativement peu de temps. Par ailleurs, savoir qu'il dispense une formation de premier ordre de la manière la plus professionnelle qui soit est source de fierté pour l'instructeur.