BLEVE – Réaction et prévention

La vidéo portera principalement sur les questions de sécurité qui concernent les intervenants durant une urgence. La vidéo a pour objectif de fournir des réponses à des questions courantes concernant les accidents où les citernes de gaz liquéfié sous pression entrent en contact avec le feu et les BLEVE. Apporte des réponses à des questions aussi courantes que: Qu'est-ce qu'une BLEVE (Détente explosive des vapeurs d’un liquide en ébullition) et que peut-elle provoquer? Quelle est la distance de sécurité pour les équipes d'intervention quand un incendie s'est déclaré à proximité d'un réservoir sous pression? Quelle quantité d'eau faut-il pour maintenir un réservoir à basse température? Faut-il qu'il y ait un incendie pour qu'une BLEVE se produise? La vidéo contient une animation en 3D et un film sur les scénarios de BLEVE, suivis d'une étude plus détaillée de certains paramètres, illustrée par des graphiques animés.

Pour commander une copie du DVD, veuillez contacter le bureau de commandes des publications de Transports Canada par courriel (publications@tc.gc.ca) ou par téléphone (1-888-830-4911). Veuillez demander le numéro de publication: TP 13649 BLEVE réaction et prévention - DVD.

Si vous avez besoin d'information technique sur les recherches concernant les BLEVEs, veuillez contacter la Direction de la recherche et de l'analyse de la sécurité, Direction générale du transport des marchandises dangereuses, Transports Canada à l'adresse suivante : TC.TDGScientificResearch-RecherchescientifiqueTMD.TC@tc.gc.ca.

 

 
Transcription

BLEVE – Réaction et prévention
Transports Canada TP13649F-3
Transcription française

Texte : Destiné au personnel d’intervention en cas d’urgence, cette vidéo de formation donne des renseignements sur la marche à suivre sur les lieux d’accidents lorsqu’on est en présence d’un gaz liquéfié sous pression.  Il a été produit par Transports Canada en collaboration avec l’Association canadienne des chefs de pompiers.  L’élaboration de son contenu repose sur une étude des méthodes actuelles et sur l’information provenant d’un programme d’essai de trois ans sur les BLEVE, entrepris à l’Université Queen’s au nom de Transports Canada.

Voix de femme : La plupart des BLEVE que vous observerez dans ce vidéo ont été provoqués intentionnellement en soumettant des réservoirs à la chaleur intense d’un chalumeau.  Dans certains cas, les parois des réservoirs ont été mécaniquement affaiblies.

Musique

Cloche qui sonne

Bruits de camion

Voix de femme : BLEVE est l’acronyme anglais de « Boiling Liquid Expanding Vapour Explosion » qui signifie explosion due à l’expansion des vapeurs d’un liquide en ébullition.

Il existe des réservoirs de gaz liquéfié partout autour de nous.  Il y a environ 1 million de réservoirs de stockage et 14 million de bouteilles réutilisables contenant du gaz propane en usage au Canada, y compris dans notre propre cour.  En raison de leur construction solide et de pratiques d’entreposage et de manutention sécuritaires, il est très rare que nous ayons à affronter un BLEVE de réservoir.

Un gaz liquéfié sous pression retourne à l’état gazeux quand la pression atmosphérique et la température sont normales, mais est habituellement stocké et transporté sous forme de liquide sous pression.  Le propane en est l’exemple le plus courant.  À 20 degrés centigrade, le gaz propane se transforme en liquide s’il est soumis à une pression de 121 livres par pouce carré ou 834.3 kilopascal.  À la température critique de 97 degrés centigrade, le propane ne peut être maintenu sous forme liquide, peu importe la pression.  À moins 42 centigrade, il reste sous forme liquide à la pression atmosphérique.  Si un réservoir de gaz liquéfié sous pression se rompt, entraînant une défaillance soudaine du contenant et une brusque chute de pression, il peut en résulter un dégagement explosif de vapeur et de gaz liquide.  C’est ce qu’on appelle le BLEVE.  Le BLEVE est une explosion avec tous les dangers que comporte ce type de déflagration, y compris la projection de débris et la création d’un nuage de vapeur.  La substance en cause n’a pas à être inflammable pour qu’il y ait BLEVE.  Par contre, si elle l’est, on fait face aux dangers additionnels de la boule de feu et de son rayonnement thermique.  Le BLEVE est un phénomène de faible probabilité mais aux conséquences graves.  Voire extrêmement dévastatrice.

Pompier mâle : Bien qu’il s’agisse d’un phénomène rare, le BLEVE compte parmi les plus grands dangers que doivent affronter les pompiers et les agents d’intervention.  N’importe quel de ces réservoirs peut être la cause d’un BLEVE à l’occasion d’un accident ou d’un incendie.  Vous pouvez arriver juste au moment de l’explosion et recevoir une volée de projectiles d’acier déchiquetés.  Les BLEVE peuvent survenir à des endroits où le phénomène est prévisible comme dans un entrepôt en flamme renfermant des réservoirs, sur les lieux d’un accident impliquant un camion-citerne ou sur le site d’un déraillement de wagon-citerne.  Ils peuvent également survenir à des endroits totalement inattendus où vous ne vous doutez même pas de la présence d’un réservoir.  C’est le cas des réservoirs de propane pour barbecues rangés imprudemment dans un sous-sol, un hangar ou un escalier de secours.

Voix de femme : Vous arrivez sur la scène d’un incendie loin de tout.  Une grange est en flammes.  À première vue, il s’agit d’une opération de routine, mais une surprise vous attend.  Hors de vue, derrière la grange, il y a un réservoir de gaz liquéfié sous pression appuyé contre un mur.  L’installation est dangereuse.  Les flammes lèchent le côté et le dessus du réservoir.  Tous les ingrédients d’un désastre sont réunis.  À l’intérieur du réservoir, la chaleur transforme le gaz liquide en vapeur, faisant monter la pression.  La soupape de surpression entre en action.  En réduisant la pression, cette soupape fait également baisser le niveau de liquide dans le réservoir.  Les flammes atteignent maintenant la partie du réservoir qui se trouve au-dessus du niveau du liquide et font chauffer la paroi.  La température monte, affaiblissant dangereusement l’acier.  Le métal affaibli et, sous pression, se rompt.  C’est le BLEVE; une énorme boule de feu et son intense rayonnement thermique accompagné d’une onde de choc et de fragments de réservoir projetés en tout sens.  C’est la zone de projection de fragments qui est la plus vaste.  Un BLEVE dans un grand réservoir peut projeter des bouts de tuyaux et d’autres débris sur 1 000 mètres et plus.

Pompier mâle : Ce que vous venez de voir survient très rapidement.  L’affaiblissement de la paroi du réservoir sous l’effet de la chaleur peut ne prendre que quelques minutes si la flamme est très intense.  La rupture du réservoir et le BLEVE lui-même ne dure qu’une fraction d’une seconde.  Voyons donc de plus près ce qui se passe.

Voix de femme : Comment le feu provoque-t-il un BLEVE?  Les flammes chauffent les parois du réservoir rapidement et de façon inégale, faisant grimper leur température dans la zone de phase gazeuse beaucoup plus rapidement que dans celle où le liquide est en contact avec la paroi.  Lorsque la soupape de surpression se met en action pour réduire la pression, le gaz, en s’échappant, abaisse le niveau du liquide encore d’avantage, exposant aux températures élevées une zone de phase gazeuse plus grande à l’intérieur du réservoir.  À mesure que la température grimpe, la paroi d’acier perd rapidement de sa force.  Au niveau de la zone de phase gazeuse, la température atteint vite 400 degrés centigrade et l’acier s’en trouve affaibli de 30%.  À plus de 600 degrés centigrade, la résistance de l’acier chute de façon spectaculaire.  Lorsque, quelques minutes plus tard, la paroi atteint 700 degrés centigrade, l’acier a perdu 90% de sa résistance.  Sous l’effet de la pression interne, la paroi amincie et affaiblie, se rompt.

Pompier mâle : Il est surprenant de constater à quelle vitesse l’acier s’affaiblit à haute température.  Voilà pourquoi un réservoir soumis à la flamme intense d’un chalumeau peut faire l’objet d’un BLEVE si rapidement.  Il ne faut que 3 à 12 minutes, selon la taille du réservoir.

Voix de femme : Quel réservoir risque d’exploser le premier?  Le plus petit ou le plus grand?

Pompier mâle : Les petits réservoirs peuvent faire l’objet d’un BLEVE plus rapidement.  Ils se vident plus vite, chauffent plus vite et leur parois étant plus minces, elles mettent moins de temps à se rompre.

Voix de femme : Une flamme intense capable de faire grimper la température des parois d’un réservoir à 700 degrés centigrade peut provoquer un BLEVE dans un réservoir de 400 litres en aussi peu que 3 ou 4 minutes.  Et dans le cas d’un réservoir de 4 000 litres, en aussi peu que 5 à 7 minutes.  Le camion citerne de 40 000 litres, lui, peut exploser dans les 8 à 12 minutes.

Pompier mâle : Les réservoirs endommagés ou rongés par la corrosion peuvent exploser plus rapidement.  Si la flamme est moins intense, le BLEVE aura lieu plus tard, après quelques minutes, quelques heures, ou quelques jours.  Les réservoirs exposés aux flammes sont dangereux, quelle que soit leur taille.  Comme vous l’avez vu, un réservoir peut faire l’objet d’un BLEVE à tout moment; dès votre arrivée sur les lieux, ou encore quelques minutes, quelques heures, ou quelques jours plus tard.  L’explosion d’un réservoir est instantanée, il n’y a aucun avertissement.  Ne vous attendez à aucun gonflement, à aucun bruit avant-coureur. 

Voix de femme : Ce réservoir a été délibérément affaibli pour démontrer à quelle vitesse il peut se rompre et ce, sans avertissement.

Pompier mâle : Règle numéro un: si vous soupçonnez qu’un réservoir de gaz liquéfié est exposé aux flammes, ne vous précipitez jamais pour essayer d’éteindre le feu.  Des pompiers sont morts en agissant de la sorte.  Restez loin, et évaluez la situation à l’aide de jumelles.

À quelle distance raisonnable les agents d’intervention doivent-ils se tenir pour évaluer une situation potentiellement explosive?  Voilà la question.

Voix de femme : Un BLEVE avec substance inflammable présente quatre grands dangers:  le feu, le rayonnement thermique de la boule de feu, l’onde de choc de l’explosion et les projectiles.  Ces derniers étant ceux dont la portée est la plus grande.

Pompier mâle :  Voyons d’abord les dangers relatifs au feu.  S’il y a ignition de la substance dégagée, c’est tout de suite la boule de feu.

Voix de femme :  Selon certains tests, lorsqu’un réservoir de propane de 400 litres subit un BLEVE, le rayon de la boule de feu est d’environ 18 mètres.  Dans le cas d’un réservoir de 4 000 litres, ce rayon passe à plus du double, soit 38 mètres.  Et dans celui d’un réservoir de 40 000 litres, on le multiplie encore par plus de deux; il atteint alors 81 mètres.  Le rayonnement thermique se propage dans toutes les directions.

Pompier mâle :  Règle d’or à respecter au moment de mesurer la zone dangereuse de rayonnement thermique:  les pompiers, revêtus de leur équipement de protection et munis de leur appareil respiratoire, ne devraient pas se tenir à moins de 4 fois le rayon de la boule de feu.  Et jamais à moins de 90 mètres.

Voix de femme :  En d’autres termes, dans le cas d’un réservoir de 400 litres, la distance d’observation minimale devrait être de 90 mètres.  Dans celui d’un réservoir de 4 000 litres, de 150 mètres et pour un réservoir de 40 000 litres, cette distance atteint 320 mètres.

Pompier mâle :  Deuxième danger dont il faut tenir compte; les changements de pression provoqués par l’explosion.  La zone de danger de l’onde de choc ne devrait pas s’étendre à plus de la distance d’observation minimale dans le cas d’une exposition aux rayonnements thermiques.  Toutefois, si le nuage de vapeur relâché ne s’enflamme pas immédiatement, mais plus tard, on peut assister à une violente explosion, dont les effets peuvent être imprévisibles et atteindre de grandes distances.

Les matières projetées constituent un danger même à bonne distance du sinistre.  Même à la distance minimale d’observation, le danger peut encore être présent, en cas de rayonnement excessif.

Voix de femme :  Onze essais de BLEVE intentionnellement provoqués sur des réservoirs de 400 litres ont entraîné la projection de débris sur une grande distance.  Notez l’emplacement des principaux fragments, notamment des extrémités du réservoir et d’autres gros débris.  Des fragments secondaires, tuyaux, accessoires et autres objets entourant le réservoir constituent également des dangers.  Remarquez que certains gros débris sont tombés bien au-delà de la zone d’observation minimale de 90 mètres qui s’applique aux réservoirs de 400 litres.  Une des extrémités du réservoir a même franchi 230 mètres, c’est-à-dire environ 13 fois le rayon de la boule de feu.  Les dossiers font état d’un cas grave pour un réservoir de même taille:  un débris projeté à une distance de 22 fois le rayon de la boule de feu, c’est-à-dire à près de 400 mètres.  Le meilleur poste d’observation se trouve au-delà de la distance minimale, face au coté du réservoir, avec le vent dans le dos, de façon à éviter le rayonnement excessif.  Et même dans ce cas, vous pouvez constater que certains fragments ont été projetés au-delà du point d’observation.

Pompier mâle :  En résumé, rappelons que dans le cas de réservoirs de 400 litres, la distance d’observation minimale que les pompiers revêtus de leur équipement de protection doivent respecter est égale à 4 fois le rayon de la boule de feu, c’est-à-dire environ 90 mètres.  C’est la distance minimale recommandée pour éviter les dangers extrêmes liés à la déflagration et au rayonnement thermique.  Toutefois, il est important de se rappeler que même à cette distance, vous pouvez être atteint par les débris.

Voix de femme :  Encore une fois, dans le cas d’un réservoir de 4000 litres, il faut porter à 150 mètres la distance d’observation minimale.  Et dans le cas d’un réservoir de 40 000 litres, on la multiple encore par plus de deux pour la porter à 320 mètres.  Le meilleur point d’observation se situant face au côté large du réservoir en amont du vent.  Pour protéger le public, envisagez une évacuation sur une distance d’environ 22 fois le rayon de la boule de feu:  400 mètres dans le cas de réservoir de 400 litres, 800 mètres pour un réservoir de 4 000 litres et 1 800 mètres pour un réservoir de 40 000 litres.

Pompier mâle :  Songez quelques instants ces distances.  Même pour un réservoir de 400 litres, la distance d’observation minimale est de 90 mètres, c’est-à-dire bien au-delà de la portée de vos boyaux d’incendie.  Et à 90 mètres, les débris projetés peuvent encore vous atteindre.  Ça vous donne une bonne idée des risques que les gaz liquéfiés représentent et vous devez en tenir compte lorsque vous intervenez sur les lieux d’un sinistre et que vous êtes en présence de ce genre de gaz.

Y-a-t’il un moyen sécuritaire d’approcher un réservoir qui est la proie des flammes?  En vérité, il n’y en a aucun.  Et comme nous l’avons dit, le meilleur endroit pour observer un réservoir endommagé qui est la proie des flammes se trouve en amont du vent, afin de réduire au minimum les risques de recevoir des débris ou de se retrouver au beau milieu d’un nuage de vapeur.  Mais gardez toujours vos distances.

Voix de femme :  Le fait de vous approcher avec le vent dans le dos peut vous procurer un faux sentiment de sécurité, car le vent peut porter la flamme vers l’autre côté du réservoir, ce qui vous empêche de voir si elle est en contact avec ce dernier.  L’explosion peut avoir lieu de l’autre côté, mais les débris peuvent être projetés dans votre direction.  La situation est tout à fait imprévisible.

Pompier mâle :  En fait, il n’y a aucun moyen sécuritaire d’approcher un réservoir qui est la proie des flammes, même muni de tout l’équipement protecteur.  Si on parle d’un gros réservoir, d’un camion-citerne ou d’un wagon-citerne, même un camion de pompiers n’est pas assez gros pour vous protéger complètement.

Voix de femme :  La situation est-elle maîtrisée lorsque la soupape de surpression laisse les gaz s’échapper?  Non.  Les réservoirs de gaz liquéfié se rompent même lorsque cette soupape tente de réduire la pression excessive.  Ces soupapes n’empêchent pas le réservoir de s’affaiblir sous l’effet de la chaleur.  Parce qu’elle réduise le niveau de liquide dans le réservoir, elles peuvent contribuer à l’affaiblissement du métal.  Le relâchement de pression nous averti qu’il se passe quelque chose.  Toutefois, lorsque les flammes sont intenses, on peut assister à un BLEVE, que la soupape de surpression soit ouverte, fermée ou en fonction.

Pompier mâle :  Lorsque la soupape de surpression se referme, est-ce que ça signifie que le réservoir est vide?  Non.  Souvenez-vous, même lorsque la soupape est fermée, il y a encore de la pression à l’intérieur du réservoir.  Dans de rares cas, la soupape pourrait même être bloquée, et la pression à l’intérieur du réservoir pourrait être extrêmement élevée.

Voix de femme :  Si la flamme est en contact avec le bas du réservoir seulement, là où la température de la paroi est plus basse en raison de la présence de liquide, est-ce qu’il peut quand même y avoir un BLEVE?

Pompier mâle : Oui, mais il peut prendre plus de temps à se produire.  Lorsque la flamme touche le réservoir, la situation évolue rapidement.  La température du liquide augmente et la pression aussi.

Voix de femme : La soupape de surpression s’ouvre pour relâcher la pression et le réservoir se vide lentement.  La soupape fait son travail, mais en même temps, elle réduit le niveau de liquide dans le réservoir.  La flamme peut alors atteindre la zone de phase gazeuse, ce qui peut entraîner la rupture du réservoir et le BLEVE.

Pompier mâle : Y-a-t’il une différence si le réservoir est couché sur le côté?  Oui.  Si la soupape de surpression laisse échapper du liquide, le réservoir se vide plus vite, de telle sorte qu’en cas d’incendie grave, le BLEVE peut survenir plus rapidement.  En outre, le liquide qui s’échappe se vaporise immédiatement, peut prendre feu au contact avec la flamme, ou se disperser sous forme de nuage.

Un réservoir à protection thermique, peut-il faire l’objet de BLEVE?  Oui, mais le risque est en général moins grand.  Toutefois si l’incendie est suffisamment violent, ou si l’isolant est endommagé, la paroi du réservoir peut être exposée aux flammes, chauffée de façon inégale et faire l’objet d’un BLEVE.

Le message est simple, chaque fois qu’un réservoir est la proie des flammes, tenez-vous loin.  Très loin.  Que le réservoir soit grand ou petit, debout ou couché, isolé ou non, que la soupape de surtension soit ouverte, fermée ou en fonction, vous ne pouvez de toute façon vous approchez suffisamment pour arroser le réservoir sans vous trouver dans la zone dangereuse.  Supposons que les flammes n’aient pas encore atteint le réservoir, qu’elles se rapprochent de celui-ci, et que vous vouliez le protéger.  Que faites-vous?  Pensez-y d’abord.  Vous pouvez rafraîchir le réservoir en l’arrosant, à condition de pouvoir vous approcher suffisamment et d’avoir assez d’eau.

Voix de femme : Mais si votre camion est votre seule source d’eau, vous n’en aurez pas suffisamment.  Un camion qui transporte 4 500 litres d’eau ne peut garder un réservoir froid que pendant une période de 2 à 20 minutes maximum, selon le débit d’eau et la taille du réservoir à arroser.

Pompier mâle : L’arrosage ne peut être efficace que s’il a lieu immédiatement.  Toutefois il faut beaucoup d’eau.  Dans le cas d’un petit réservoir de 400 litres, il faut 200 litres à la minute.  Un réservoir de stockage de 4 000 litres exige 700 litres à la minute et un camion-citerne, 2 000 litres à la minute.  Et ce qui est tout aussi important, la quantité d’eau disponible doit être suffisante pour assurer l’arrosage selon le débit requis jusqu’à la fin d’un incident.  Souvenez-vous, ces volumes d’eau ne suffisent qu’à garder la température du métal à un niveau acceptable, à la condition qu’aucune flamme ne touche le réservoir.  De plus, l’arrosage doit être uniforme pour refroidir l’ensemble de la surface du réservoir.  Sinon, vous pourriez provoquer sa rupture.

Pour arroser ce réservoir, vous devez rapprocher votre équipement à la distance d’arrosage efficace, entre 15 mètres et 30 mètres.  Si vous manquez d’eau, vous serez engagé profondément dans la zone dangereuse au moment où les flammes commenceront à faire chauffer le réservoir, et vous n’aurez plus que quelques minutes pour quitter les lieux.  Conclusion:  à moins d’avoir une réserve d’eau suffisante, n’essayez même pas de protéger un réservoir contre les flammes.  Vous pourriez vous enfermer dans un piège.  Si vous voyez de la vapeur s’échapper de la surface du réservoir, partez vite.

Quand le danger de BLEVE est-il écarté?  Dans le cas d’un réservoir grandement affaibli, le danger ne disparaît que lorsque le feu est éteint et que le réservoir ne contient plus de gaz.  Si le réservoir est percé, c’est qu’il n’y a plus de pression, mais alors, attention aux vapeurs.  Ainsi même après que le feu soit éteint, évitez d’approcher le réservoir et demandez l’avis d’un expert sur la façon d’éliminer toutes les sources de dangers.

Et, dernière chose à propos des BLEVE:  il n’est pas nécessaire qu’il y ait un incendie pour qu’ils surviennent.  Lorsqu’un réservoir est gravement endommagé, quelle qu’en soit la cause, un impact, de la fatigue du métal ou une forte corrosion, une hausse de température peut provoquer un BLEVE.  Un camion-citerne, renversé sur la route, exposé au soleil pendant des heures peut exploser sans qu’il y ait d’incendie.  À titre préventif, le réservoir devrait être vidé et gardé au frais avant que la pression et la température puissent augmenter.  Encore une fois, c’est l’occasion de faire faire le travail par les spécialistes de la manutention des gaz liquéfiés.  Nous vous en reparlerons plus tard.

La meilleure façon de s’attaquer à une situation où il y a risque de BLEVE consiste à se préparer en conséquence et, ce faisant, à l’empêcher de survenir.  Examinez tous les endroits dans votre secteur de responsabilité où l’on stocke, manipule ou utilise du gaz liquéfié.  Sachez quels équipements de sécurité on y trouve, et quelles sont les réserves d’eau.  Calculez le temps qu’il faut pour vous rendre à tous ces endroits où il y a risque de BLEVE et déterminez ce que vous pourriez faire en cas d’incendie.

Voix de femme : Planifiez d’avance vos stratégies en fonction de vos capacités d’intervention lorsqu’il y a risque de BLEVE.  Renseignez-vous sur la taille et l’emplacement des réservoirs dans votre région, les réserves d’eau, leurs volumes, leurs durées, la capacité des unités de relai, le débit des canons à eau et des pompes, le personnel disponible et le personnel de réserve.  Prévoyez des points d’observation pour chaque emplacement de BLEVE potentiel en fonction des distances minimales acceptables.  Évaluez tous les secteurs à risque et élaborez des plans d’évacuation.  Lisez les codes et règlements applicables aux réservoirs et signalez la moindre infraction.  Familiarisez-vous avec les codes et les règlements relatifs aux réservoirs.  Et sachez comment joindre les spécialistes en matière de gaz liquéfié.

Pompier mâle : Vous pouvez obtenir des conseils d’experts rapidement en communiquant avec le Centre canadien d’urgence transport de Transports Canada, CANUTEC.  Composez le 1-888-CANUTEC (226-8832) ou 613-996-6666 (appels à frais virés acceptés) ou *666 par cellulaire (Canada seulement).  On vous y donnera rapidement des conseils par téléphone.  Au besoin, on vous y mettra également en contact avec les spécialistes de l’industrie du gaz pour faciliter la prise de décisions sur place.  CANUTEC peut également activer des plans d’aide en cas d’urgence.  Enfin, ouvrez l’œil, repérez les installations dangereuses dans votre région et signalez-les.  Tout réservoir de stockage de carburant situé trop près d’un immeuble est dangereux et sans doute en situation illégale.  En fait, la meilleure façon d’intervenir dans une situation de BLEVE potentielle consiste à empêcher qu’il n’ait lieu.

Francis Albert de Prévention des incendies du Canada:  L'Association canadienne des chefs de pompiers et Prévention des incendies du Canada sont heureux d’avoir participé de concert avec Transports Canada à la production de ce vidéo qui enrichit de façon significative le matériel de formation déjà existant.  Ce document audio-visuel fournit une vue d’ensemble réaliste des procédures à suivre lorsque les premiers répondants sont confrontés à la présence du gaz liquéfié sous pression, tel que le propane, sur le site d’un sinistre.  Dans une telle situation, rappelez-vous que la sécurité passe par la prudence et la prévention.

Texte:

Comité technique consultatif

Neil R. Gore
Autorité scientifique
Cantre de développement des transports,
Transports Canada

Dr. A.M. Birk
Conseiller technique principal
Université Queen’s

John H. Le Gros
Association canadienne des chefs de pompiers

Lyle S. Hammer
Association canadienne du gaz propane

Douglas W. Dibble
Transport des marchandises dangereuses,
Transports Canada

Nous remercions particulièrement:

Pierre Halleux
Transports Canada, Groupe Surface – région du Québec

Marcel Éthier
Association canadienne des chefs de pompiers

Frank Albert
Prévention des incendies du Canada

Michel Morin
Serge Aubin
Simon Rhéaume
Roger Gilbert
Guy Dussault
Michel Sabourin
Daniel Savard
Ville de Montréal – Service de prévention des incendies

Liette Faubert
Travaux publics et Services gouvernementaux Canada

Alain Lévesque
Transports Canada, Groupe Surface – région du Québec

Dr. John A. Read
Edgar Ladouceur
Marc Prévost
Transport des marchandises dangereuses,
Transports Canada

W.S.C. McLaren
Cantre de développement des transports,
Transports Canada

Pour leurs contributions inestimables aux essais du programme BLEVE:

Ministère de la Défense nationale (DREV Valcartier)

Health and Safety Laboratory (U.K.)

Les essais sur réservoirs de 2 tonnes font partie des travaux de recherche menés par le Health and Safety Laboratory (HSE) du Royaume-Uni sur le programme des Grands dangers industriels, avec le concours financier de la Commission des communautés européennes.