Établir des partenariats : une histoire de Cambridge Bay

Transcription

[ James Panioyak (lu en anglais, sous-titres en français) : ]

J’ai passé la plus grande partie de ma vie à Cambridge Bay. Et chaque année, nous voyons passer de plus en plus de navires.

Nous sommes les gardiens de la terre. Nous devons nous assurer que les navires dans nos eaux nous respectent, qu’ils respectent notre terre et qu’ils respectent la faune et la flore qui nous entourent.

La sécurité alimentaire de notre communauté dépend du caribou. Il y a des années, quand les caribous étaient abondants, ils migraient vers l’est de l’île pour attendre l’englacement. Quand la traversée pouvait se faire sans risque, les caribous migraient vers le continent.

En 2015, un chasseur a traversé derrière eux pour les suivre sur le continent. Quelques jours plus tard, un brise-glace a traversé la route que les caribous et le chasseur avaient empruntée. Si le navire était passé un jour plus tôt, la route du chasseur aurait été coupée pendant au moins quelques semaines jusqu’à ce que la glace se reforme.

Des histoires comme celle-ci nous rappellent l’importance de ce travail. Il s’agit de nous assurer que nos chasseurs et la faune sont en sécurité. Mais il n’y a pas que le déglaçage qui nous préoccupe.

Nous sommes inquiets à cause des déversements d’hydrocarbures et autres, par exemple de l’eau de ballast que les navires apportent du sud et délestent ici. Ces rejets pourraient apporter des espèces envahissantes qui concurrencent la faune locale.

Il y a le sillage des navires, qui, avec le temps, peut avoir un impact sur l’érosion des rivages et perturber les animaux qui se reposent ou mettent bas sur le rivage.

Nous sommes également préoccupés par le bruit que font sous l’eau les grands navires qui passent et par son impact sur la capacité des animaux marins de se nourrir, d’entendre et de communiquer entre eux.

Nous devons répondre à toutes ces préoccupations pour protéger notre terre et notre mode de vie. C’est en grande partie pour cela que nous avons l’Ekaluktutiak Hunters and Trappers Organization (EHTO).

Nous sommes ici pour aider les chasseurs et les pêcheurs à préserver notre sécurité alimentaire et à continuer à jouer le rôle de gardiens de nos terres.

Le regretté John Maksagak disait souvent : « Nous sommes les gardiens de la terre et de l’eau; peu importe ce qu’offre la terre, nous en sommes tributaires. » Et c’est pourquoi l’EHTO est devenue membre du comité de sûreté des voies navigables de l’île Victoria.

Le comité rassemble des organisations locales – d’anciens organismes qui existent depuis les années 70 et de nouveaux organismes qui mettent en œuvre des programmes pour la collectivité – et des partenaires extérieurs comme Transports Canada, la Garde côtière canadienne et Océans Nord.

Nous parlons de projets liés à la navigation et à la sécurité maritime qui doivent faire l’objet d’un examen collectif et de discussions, et tout le monde est présent pour entendre le point de vue des autres.

C’est un endroit où nous pouvons exposer nos préoccupations d’ordre général, exprimer et faire entendre les préoccupations des Inuits du Nord.

Notre communication avec les navires qui ne viennent pas de notre communauté s’est vraiment améliorée grâce aux relations que nous établissons.

C’est encore plus important maintenant que les conditions météorologiques sont imprévisibles à cause des changements climatiques.

Nos chasseurs ont besoin de savoir où trouver des zones de sécurité. Nos sites archéologiques traditionnels et nos artéfacts doivent être protégés contre les bateaux comme les navires de croisière qui explorent.

Par l’intermédiaire du comité, nous pouvons établir des plans avec nos partenaires pour cartographier ces zones afin que les chasseurs locaux aient l’information dont ils ont besoin et que les navires extérieurs sachent quels endroits éviter.

Nous pouvons coordonner avec nos chasseurs la formation à l’utilisation des technologies modernes de géolocalisation sur l’eau pour qu’ils soient en sécurité.

En cas d’urgence, nos chasseurs et les membres de notre communauté sont les premiers sur place. Ils doivent savoir comment réagir.

Nous pouvons aussi coordonner ce genre de formation par l’intermédiaire du comité.

Le comité est un bon cadre pour créer des possibilités d’observation pratique et de formation pour les jeunes au moyen de récits oraux et d’éléments culturels, et avec des technologies telles que les hydrophones et les drones sous-marins.

[ Paula Doucette (lu en anglais, sous-titres en français) : ]

Entendre les membres du comité et de la communauté faire part de leurs expériences vécues et des impacts pour la communauté est essentiel pour que ce travail soit couronné de succès et pour que nous comprenions l’effet du trafic maritime sur les côtes septentrionales du Canada et sur les collectivités.

Les discussions au comité de sûreté des voies navigables de l’île Victoria s’inscrivent dans la continuité des préoccupations de la collectivité.

Les deux choses que nous entendons le plus souvent sont la nécessité d’une meilleure communication entre toutes les parties et celle d’une prise de décision concertée à tous les stades.

Grâce à l’appui du Plan de protection des océans du gouvernement fédéral, nous avons pu collaborer avec des collectivités autochtones et côtières comme Cambridge Bay,
mettre en commun des connaissances d’un océan à l’autre, inclure différents types de données dans l’examen des impacts de la navigation et établir des relations grâce auxquelles nous sommes mieux à même de veiller à l’amélioration de la propreté, de la santé et de la sécurité de nos océans dans les années à venir.

Au niveau de la collectivité, à travers les océans qui nous relient tous.

[ James Panioyak (lu en anglais, sous-titres en français) : ]

Nous avons beaucoup progressé. Aujourd’hui, nous formons de jeunes employés qui participent à tous les aspects de ce travail, notamment aux communications avec nos partenaires qui aideront à assurer la sécurité de la collectivité dans les années à venir.

Nous avons beaucoup appris ensemble grâce au Plan de protection des océans, et j’espère que nous continuerons de voir des améliorations pour les générations futures.