Chapitre 3 — Les oiseaux-Notions de base


Illustration : Buse à queue rousse.
Un oiseau commun aux aéroports
canadiens. Poids : 2.5 lb

Introduction

Les oiseaux sont les seuls animaux munis de plumes, lesquelles—selon la théorie acceptée—ont évolué à partir des écailles reptiliennes. Les oiseaux se distinguent également par des caractéristiques qui leur permettent de voler, telles que :

  • des membres antérieurs transformés en ailes,
  • l’absence de dents,
  • l’absence d’une vessie (réduisant leur poids),
  • un squelette léger et bien soudé,
  • un coeur à quatre cavités et un sang chaud adapté à la demande d’énergie hautementmétabolique du vol.

Le présent chapitre est une introduction générale aux oiseaux : leurs types, leur nombre, la répartition et le comportement général. Il s’agit de vous donner une connaissance pratique de leur biologie—connaissance essentielle pour élaborer une approche fondée sur la sécurité du système dans l’industrie aéronautique et qui contribuera à optimiser les stratégies de gestion du risque connexes. Des renseignements détaillés sont fournis sur quelques-unes des espèces d’oiseaux qui sont habituellement présentes sur les aéroports nord-américains. Pour une recherche exhaustive sur la question, veuillez vous reporter aux publications énumérées dans la bibliographie et l’annexe E.

Classification ou taxinomie des oiseaux

La taxinomie est la science de la classification des organismes vivants et disparus. Sa connaissance aidera à l’identification des oiseaux et à la compréhension de leur comportement puisque la plupart des guides pratiques, des listes de vérification et des livres ne présentent pas les espèces dans un ordre alphabétique mais bel et bien taxinomique. L’ordre taxinomique des oiseaux commence par l'ordre le plus primitif et finit par celui qu’on estime le plus récent dans la chaîne de l’évolution. À titre d’explication, la figure 3.1 compare la classification taxinomique du grand corbeau à celle d’un Boeing 747-400.

 

Figure 3.1 Classification du Boeing 747-400 et du grand corbeau

Dans une perspective taxinomique, les oiseaux du monde appartiennent à la classe Aves, répartie en 28 ordres représentant les principaux groupes. En Amérique du Nord, toutes les espèces d’oiseaux appartiennent à un des 28 ordres classifiés. Par exemple, les canards, les oies et les cygnes —qui s’apparentent par les mêmes caractères et la forme de leur corps—sont classés dans l’ordre des ansériformes, tandis que les pics appartiennent à celui des piciformes. Aujourd’hui, plus de la moitié des 5 200 espèces d’oiseaux du monde appartiennent à l’ordre des passériformes. Ce sont des oiseaux percheurs, représentant plus de 60 familles incluant la plupart des oiseaux chanteurs communs.

Diversité et répartition des espèces

Bien que le chiffre exact soit incertain, on dénombre communément dans le monde quelque 9 000 espèces d’oiseaux. La répartition géographique de ces espèces varie considérablement : un plus grand nombre peuple les habitats proches de l’équateur et leur présence va en diminuant près des pôles. Le plus grand nombre d’espèces se trouvent en Amérique centrale et du Sud, où 3 000 espèces représentent près d’un tiers de la diversité des oiseaux du monde. Par comparaison, seulement 750 espèces sont répertoriées en Amérique du Nord.

L’espace géographique habité par une espèce d’oiseaux est appelé aire de couvaison. La plupart des espèces qui nidifient dans la région septentrionale de l’Amérique du Nord sont des oiseaux migrateurs. Après la saison de la couvaison, ils se déplacent vers des zones plus méridionales—leur aire d’hivernage—avant de revenir se reproduire au nord. Nous pouvons donc nous attendre à ce que des oiseaux différents peuplent nos aéroports aux différentes époques de l’année. Ceux-ci incluent :

  • oiseaux migrateurs dont la présence se limite au printemps et à l’automne;
  • oiseaux d’été qui couvent et élèvent leurs poussins sur les terrains aéroportuaires;
  • oiseaux d’hiver qui y séjournent seulement pendant l’hiver;
  • oiseaux repérés toute l’année sur les aéroports.

Quantité et densité des populations d’oiseaux

Nombre d’oiseaux

Même si un espace géographique peut supporter une quantité relativement réduite d’espèces, le nombre d’individus peut demeurer élevé. Par exemple, les contrées nordiques du Canada abritent moins d’espèces d’oiseaux que l’Amérique du Sud mais le nombre réel d’oiseaux qui couvent dans l’extrême nord est surprenant. Plusieurs millions d’oiseaux aquatiques et d’oiseaux de rivage migrent vers les régions plus septentrionales chaque année.

Selon les estimations, le nombre total d’oiseaux dans le monde est de l’ordre de 100 milliards. L’énumération ci-dessous donne une idée de la population d’oiseaux de quelques régions choisies de l’hémisphère nord :

 


Oie des neiges. De nombreux incidents graves se sont produits suite à la collision avec des oies des neiges durant la migration d’automne en Amérique du Nord. Poids : 6lb.

Amérique du Nord 20 milliards
États-Unis 6 milliards
Allemagne 200 millions
Îles Britanniques 180 millions
Finlande 64 millions

La population de canards (toutes espèces confondues) de l’Amérique du Nord est estimée à plus de 100 millions; plus de trois millions d’oies des neiges et quatre millions et demi de bernaches du Canada s’y reproduisent annuellement. Le nombre d’étourneaux et de merles en Amérique du Nord est estimé à plusieurs centaines de millions.

Densité de population

La densité des populations d’oiseaux—ou nombre d’oiseaux par unité de superficie— varie considérablement d’une région ou d’un habitat à un autre. En général, des nombres plus importants d’espèces d’oiseaux sont attirés vers les aires offrant des sources de nourriture plus variées; l’abondance de nourriture entraîne de plus larges populations d’oiseaux.

La répartition et la densité d’oiseaux changent également selon la saison. Dans l’hémisphère nord, les oiseaux sont présents en plus grand nombre dans les mois de juillet et août—après la saison de couvaison—et contribuent à une augmentation annuelle documentée d’impacts d’oiseaux en août.

 


Des volées denses d’étourneaux créent des dangers importants dans de nombreux aéroports. Poids : 0,2 lb. Densité : 0.85 g/cm3.

Durant la saison de couvaison, les concentrations d’oiseaux dans les colonies de nidification peuvent être spectaculaires. Dans le Grand Nord, les oies des neiges nidifient en colonies composées de 150 000 couples. On dénombre d’importantes colonies d’oiseaux aquatiques comprenant des milliers d’oiseaux nicheurs le long des côtes est et ouest du Canada et des États-Unis. En bordure des Grands Lacs—sur de petites îles dont la superficie ne dépasse pas quelques hectares—il est établi au moyen de documents que les colonies de mouettes se composent de plus de 40 000 couples nicheurs.

Durant la migration, les oiseaux appartenant à certaines espèces convergent vers des haltes et se rassemblent le long de leurs voies migratoires. En conséquence, des aires relativement petites peuvent abriter temporairement des concentrations extrêmement élevées d’oiseaux et de nombreux aéroports situés le long des principales voies migratoires connaissent une nette augmentation d’impacts d’oiseaux au cours de la migration de l’automne.

Poids et densités des oiseaux

Poids des oiseaux

Plus le poids d’un oiseau impliqué dans une collision est lourd, plus le risque de dommages sera important. Par exemple, un aéronef volant à 250 km et qui frappe une bernache du Canada de 15 lb sera assujetti à une force d’impact de près de 57 000 lb.

Espèce Poids (lb)
Bernache du Canada 7,3-13,8
Grue du Canada 5,4-8,2
Aigle à tête blanche 8,0-14,1
Huard à collier 7,9-9,9
Oie des neiges 5,1-6,6
Grand héron 4,1-6,3
Vautour à tête rouge 3,3
Canard colvert 1,6-3,5
Buse à queue rousse 2,3-2,7
Goéland à bec cerclé 0,83-1,4
Pigeon biset 0,7-0,9
Pluvier kildir 0,19-0,24
Merle d’Amérique 0,14-0,23
Étourneau sansonnet 0,17-0,21
Carouge à épaulettes 0,06-0,18
Plectrophane des neiges 0,07-0,12
Alouette cornue 0,07
Moineau domestique 0,5-0,07
Hirondelle des granges 0,02-0,06

Tableau 3.1 Poids de quelques espèces d’oiseaux communs en Amérique du Nord

Les oiseaux ont des tailles très différentes. Un minuscule colibri ne pèse pas plus d’une once, tandis qu’une grande autruche coureuse peut atteindre 300 livres. La grande majorité des oiseaux, toutefois, pèsent moins d’une livre. Le tableau 3.1 montre l’étendue des poids de certaines espèces d’oiseaux communes d’Amérique du Nord.

Un examen de la chimie et de la physique du vol des espèces d’oiseaux les plus grandes— y compris les pélicans, les cygnes et les albatros—indique que le poids maximum que les oiseaux peuvent atteindre en vol se situe entre 30 et 40 lb au maximum. Même dans ce cas, de nombreuses espèces comptent beaucoup sur le sens du vent et les courants ascendants pour s’élancer dans les airs et planer.

Bien que dans les aéroports l’accent soit mis sur la gestion des espèces les plus grandes, les petits oiseaux peuvent constituer un risque pour les aéronefs, en particulier les volées de petits oiseaux. Des impacts multiples simultanés peuvent avoir un impact égal à celui d’un grand oiseau. Par exemple, l’ingestion par un réacteur de sept étourneaux sansonnets équivaut, par le poids, à celle d’un goéland à bec cerclé.

Densité des oiseaux

Des enquêtes récentes sur les effets de l’ingestion d’oiseaux par des réacteurs donnent à penser que le dommage peut être causé plus par la densité d’un oiseau—exprimée par le rapport du poids au volume—que par son poids. Par exemple, la mouette à tête noire ne pèse qu’un tiers du goéland argenté mais possède une densité supérieure—soit 0,7 g/cm3 par opposition à 0,602 g/cm3. Cela explique peut-être pourquoi on la qualifie souvent de « balle à plumes ».

Sens des oiseaux

Les oiseaux sont dotés des mêmes organes des sens que les humains; l’ouïe, la vue, le goût, l’odorat et le toucher se situent dans la même gamme d’acuité. Un certain nombre de dispositifs de gestion de la faune sur le marché aujourd’hui (v. Chapitre 8) sont censés être efficaces pour cibler les sens de l’oiseau par l’emploi de différents agents chimiques, sons, vibrations et repères visuels. Lorsque vous envisagez l’acquisition de tels appareils, suivez une règle toute simple : si vous ne pouvez pas les entendre, les toucher, les voir ou les goûter, l’oiseau ne le pourra pas non plus.

Vision

En tant que groupe, les oiseaux ont une vision parmi les plus développées du royaume animal. L’importance de ce sens est illustrée on ne peut mieux par la taille plus large des yeux d’un oiseau relativement à celle d’autres groupes d’animaux. Par exemple, la tête des humains et des étourneaux représente près d’un dixième du poids corporel. L’oeil de l’étourneau, toutefois, représente 15 pour cent du poids de la tête par comparaison à moins de 1 pour cent chez les humains.

La structure de l’oeil de l’oiseau ressemble à celle d’un oeil humain. Bien que les oiseaux de proie et ceux qui habitent les terrains découverts aient une vision très supérieure à celle des humains, les études ont montré que les oiseaux ont, pour la plupart, une vision semblable à celle des humains. Les oiseaux peuvent voir à peu près aussi loin et sont capables de voir de près et de loin avec une égale acuité.

Il n’y a aucune preuve à l’appui de la théorie voulant que certains oiseaux puissent voir la lumière polarisée ou reconnaître les longueurs d’onde ultraviolettes afin de s’orienter dans la migration ou la recherche de la nourriture. Les oiseaux peuvent voir également dans les mêmes fréquences de lumière que nous. Ils peuvent distinguer différentes teintes et nuances de couleurs.

Ouïe

Le sens de l’ouïe chez les oiseaux est bien développé. L’oreille interne fonctionne essentiellement de la même manière que chez l’être humain. L’ouïe optimum se situe à des fréquences variant entre 1 et 5 kHz. Bien que certains oiseaux puissent sans doute détecter un son grave—parfois désigné par le terme infrason—la plupart des oiseaux ne peuvent entendre les sons aigus dépassant 6 ou 8 kHz. Les oiseaux chanteurs peuvent entendre dans une gamme de fréquences plus étroite que celle de l’être humain. Si vous ne pouvez entendre un son, il y a des chances que l’oiseau ne le puisse pas non plus.

Toucher

Chez les oiseaux, l’organe du toucher se concentre dans leurs doigts et leur bec— c’est-à-dire les surfaces qui ne sont pas recouvertes de plumes. Leurs pattes détectent les sensations de froid, de chaleur et la douleur. De nombreux oiseaux ont un sens du toucher très développé qui est perçu par le bec qu’ils emploient lorsqu’ils capturent leurs proies et manipulent la nourriture. Des expériences sur les oiseaux indiquent qu’ils ont un sens aigu du toucher mais des papilles gustatives moins nombreuses que chez les mammifères. Certaines espèces d’oiseaux sont insensibles au goût amer, sucré ou acide—réalité à prendre en compte lorsqu’il faut choisir des agents de dissuasion chimique dans l’environnement de l’aéroport.

Odorat

De tous les sens, l’odorat est généralement le moins développé parmi les oiseaux, bien que leur capacité de détection et de comparaison varie considérablement. Certaines espèces ont des capacités négligeables, tandis qu’il a été démontré que d’autres possèdent un odorat tout aussi fin que n’importe quel vertébré terrestre.

Comportement des oiseaux

Les caractéristiques de vol, les habitudes d’alimentation, de reproduction et de sociabilité, de migration et d’évitement des prédateurs sont autant d’aspects du comportement des oiseaux dont la connaissance est essentielle lorsqu’il s’agit de déterminer des techniques de gestion de la faune efficaces.

Alimentation

Les oiseaux sont attirés par la nourriture. Connaître ce qu’ils mangent et exercer un contrôle sur l’accès à la nourriture est donc déterminant pour le succès de la gestion des oiseaux.

Les oiseaux peuvent être groupés en quatre catégories, selon leur régime et leurs habitudes alimentaires. La plupart des oiseaux sont insectivores—mangeurs d’insectes. Le deuxième groupe principal se nourrit de différentes parties de plantes, y compris des graines et des baies. Les carnivores se nourrissent d’animaux : poissons, petits invertébrés, petits oiseaux et mammifères. Enfin, certaines espèces d’oiseaux sont omnivores—se nourrissant de végétaux et d’animaux à la fois.

Le tableau 3.2 associe ces groupes d’oiseaux et leurs sources de nourriture. Utilisez le tableau pour déterminer l’espèce d’oiseau susceptible d’être attiré vers votre aéroport.

La plupart des espèces d’oiseaux mangent une variété limitée d’aliments; certains consomment seulement un type de nourriture, soit une graine particulière, un poisson ou un insecte. Certaines espèces comme les mouettes, les corbeaux et quelques oiseaux aquatiques sont moins limitées—leur régime inclut une grande variété d’aliments végétaux et animaux. Leur régime polyvalent permet à ces espèces de tirer avantage des nourritures locales et saisonnières où et quand elles peuvent les trouver. Par exem

Types de nourriture
Espèces ou familles
Insectes volants
Hirondelle, engoulevent taverner, moucherelle
Insectes dans les arbres et les arbustes
Coucou, pic-bois, geai, mésange, sittelle, grive, viréon, fauvette, paruline, merle, tangara, roselin, moineau
Insectes dans les terrains herbeux et en bordure des étangs
Canard, oie, râle, pluvier, bécasseau, bécassine des marais, mouette, crécerelle d’Amérique, alouette, corbeau, étourneau, merle
Vers
Mouette, bécassine des marais, corbeau, rouge-gorge, merle, étourneau
Végétation aquatique/insectes
Grèbe, canard, oie, râle
Baies
Tétras, faisan, grive, fausse grive, merle, étourneau
Herbe
Canard, oie
Poissons
Héron, grue, aigle pêcheur, aigle, sterne, mouette, oiseaux de mer, martin-pêcheur
Grenouilles
Héron, butor, grue
Souris/campagnols
Grue, mouette, épervier, busard, buse, hibou
Petits oiseaux
Épervier, buse, faucon, hibou
Graines
Dindon, tétras, faisan, pigeon, colombe, roselin, passereau, bruand, plectrophane des neiges
Cultures (maïs, céréales)
Canard, oie, dindon, tétras, faisan, pigeon, colombe, corbeau, merle, bruand, plectrophane des neiges
Déchets
Mouette, corbeau, corneille, pie d’Amérique, merle, étourneau
Nécrophore
Vautour, aigle, corbeau et corneille, pie d’Amérique

Tableau 3.2 Types de nourriture et oiseaux qui y sont associés

ple, plusieurs espèces de mouettes peuvent passer rapidement du poisson dont elles se nourrissent depuis la rive aux vers détectés dans des champs récemment labourés.

La plupart des oiseaux ont tendance à se nourrir individuellement à l’intérieur d’un territoire ou domaine vital, d’où ils excluent d’autres individus de la même espèce. Lorsque la nourriture est abondante, ils pourront se concentrer en grand nombre et toléreront la présence d’autres oiseaux. Certaines espèces sont connues pour se nourrir en volée; ces oiseaux se nourrissent couramment en groupes de la même espèce ou dans des volées d’espèces mixtes. Entre autres avantages, le nombre protège; des yeux en plus grand nombre détectent plus facilement les prédateurs, les individus peuvent consacrer davantage de temps à se nourrir plutôt que de devoir se protéger d’éventuelles menaces. Les oiseaux qui se nourrissent couramment en volée sont le gibier d’eau, les mouettes, les merles, les étourneaux, les colombes et les pigeons. Les volées peuvent contenir des centaines et des milliers d’oiseaux—ce qui constitue un grand risque dans un environnement aéroportuaire.

Reproduction

La reproduction des oiseaux présente un ensemble caractéristique de comportements :

  1. choix d’une aire de reproduction,
  2. parade nuptiale et accouplement,
  3. nidification et ponte des oeufs,
  4. couvée et soins des poussins.

Plus de 80 pour cent des oiseaux du monde sont monogames, formant un couple durant la saison de couvaison. En Amérique du Nord, la vaste majorité des espèces se reproduisent par couples et élèvent leurs poussins sur des territoires bien délimités et défendus. Le printemps est la saison de l’occupation du territoire et d’une activité aviaire intensifiée où les mâles défendent agressivement leurs territoires contre tous les prétendants.

Avec l’allongement des jours, la saison d’accouplement commence. En Amérique du Nord, la saison primaire de reproduction commence en avril et s’achève habituellement fin juillet. Durant ce laps de temps, beaucoup d’espèces tentent d’élever plus d’une couvée et quelques-unes peuvent en élever jusqu’à trois. Si des prédateurs s’emparent des oeufs, la plupart des espèces effectueront une ponte de remplacement.

Une sélection hétérogène d’espèces d’oiseaux—y compris les hérons, les aigrettes, les hirondelles et les martinets, les mouettes, les sternes et d’autres oiseaux de mer—se reproduisent en colonies denses. Une fois qu’une colonie est établie, les oiseaux adultes et leur progéniture adulte reviennent sur les lieux de la colonie année après année—certaines colonies pouvant demeurer actives pendant des siècles.

Ces colonies denses d’oiseaux comportent des territoires individuels qui n’excèdent pas l’espace occupé par le nid et l’adulte nicheur. Cette densité élevée détermine des rassemblements énormes comportant parfois des dizaines de milliers d’oiseaux formant une colonie dont la croissance est exponentielle. Les colonies peuvent grandir de quelques individus à des centaines de milliers d'oiseaux en peu de temps. Par exemple, une colonie de goélands à bec cerclé près de Toronto est passée de dix à près de 80 000 couples en l’espace d'une décennie seulement. Une croissance aussi spectaculaire de nouvelles colonies a été enregistrée dans d’autres régions du monde.

Les territoires d’alimentation se situent loin de la colonie; la distance parcourue entre les deux points peut être considérable. Des allers et retours de dix kilomètres ou plus ne sont pas inhabituels pour beaucoup d’espèces coloniales.

Cela va sans dire, les colonies de nidification proches des aéroports créent des dangers graves. Lorsqu’une colonie de mouettes à tête noire s’est établie à proximité de l’Aéroport international JFK de New York, les autorités ont dû intervenir rapidement pour mettre en oeuvre un plan de gestion complet et agressif incluant un contrôle létal.

 


Aigle à tête blanche. Poids : 11 lb. Le vol plané à haute altitude des oiseaux de proie comme les aigles et les vautours les place hors d’atteinte de la plupart des techniques de gestion de la faune.

Comportements susceptibles de créer des risques d’aviation

Vol des oiseaux

Les déplacements quotidiens et le vol migratoire sont les principales causes des impacts d’oiseaux. Comprendre à quel moment, où et de quelle façon les oiseaux volent est un des facteurs clés dans la détermination de l’exposition, de la probabilité et de la gravité du danger qu’ils créent.

Éléments du vol

La plupart des oiseaux battent des ailes pour se déplacer et s’élever. Les espèces plus petites volent à des vitesses modérées variant de 10 à 20 milles à l’heure. Les plus grandes, comme les oiseaux aquatiques, peuvent maintenir des vitesses de vol supérieures à 40 milles à l’heure, bien que les vitesses élevées exigent une plus grande dépense d’énergie et que les oiseaux les évitent généralement. Durant la migration, les oiseaux tirent parti des vents arrière à des altitudes variées afin d’accroître de manière importante leurs vitesses, en atteignant parfois une vitesse sol détectée par radar de plus de 60 milles à l’heure.

Altitudes de vol

La majorité des mouvements quotidiens se situent entre 30 et 300 pieds au-dessus du sol (AGL). Les oiseaux volent rarement au-dessus de 1 000 pieds AGL. Il n’est donc pas surprenant que plus de 80 pour cent des impacts d’oiseaux signalés surviennent lorsque l’aéronef se trouve au-dessous de cette altitude; la vaste majorité des impacts se produisent au-dessous de 300 pieds AGL.

La plus haute altitude à laquelle on a enregistré un impact d’oiseau a impliqué un Boeing 747 qui a frappé un grand oiseau volant au-dessus de la côte d’Afrique de l’Ouest à 37 000 pieds au-dessus du niveau de la mer (ASL). Toutefois, les oiseaux ne volent généralement en haute altitude qu’au cours de la migration. Ils volent alors à ces altitudes supérieures soit pour bénéficier des vents en altitude soit pour surmonter des obstacles tels que des chaînes de montagnes. Des oies à tête barrée migratrices ont été signalées au-dessus du sommet de l’Everest et traversent d’ordinaire l’Himalaya à des altitudes supérieures à 30 000 pieds ASL. Un pilote a signalé une volée de cygnes migrant d’Islande vers l’Europe de l’Ouest à un peu plus de 27 000 pieds ASL. On a signalé des canards colverts à 21 000 pieds et des oies des neiges à 20 000 pieds. Bien que les altitudes auxquelles volent des oiseaux migrateurs soient généralement de beaucoup inférieures, les altitudes moyennes enregistrées sont impressionnantes. Les observations radar effectuées en période de pointe en Europe ont montré que la majorité des oiseaux migrateurs volaient à des altitudes variant entre 5 000 et 7 000 pieds AGL, avec une limite inférieure de 1 600 pieds et une limite supérieure de 11 500 pieds.

Vol élancé et plané

D’autres comportements de vol, que celui-ci soit plané, élancé ou tournoyant, constituent également une menace pour les aéronefs. L’oiseau négocie des virages en exploitant des courants ascendants d’air chaud. Ces trois comportements de vol sont souvent employés en combinaison : l’oiseau profite de l’ascendance thermique en tournoyant pour prendre de l’altitude sans effort, puis exploite l’altitude prise pour s’élancer et se laisser enfin planer vers le bas. Le vol élancé et plané sont des comportements économes d’énergie typiques des espèces d’oiseaux de grande taille—tels que condors, vautours, aigles, buses et faucons, cigognes, goélands et pélicans—lesquels parcourent de longues distances lorsqu’ils chassent et migrent.

Dans l’évaluation de la menace constituée par les oiseaux, le vol élancé est important pour plusieurs raisons :

  • Des courants d’air chaud se forment souvent aux aéroports ou à proximité. Lesterrains d’aviation étendus et plats contiennent de vastes surfaces de béton etd’asphalte qui réfléchissent la chaleur emmagasinée en créant les conditions idéalespour la formation d’un courant thermique local. En conséquence, des oiseauxtournoyants—tout particulièrement les buses, les faucons et les vautours—seconcentrent souvent et tournent en cercle au-dessus des terrains d’aviation.
  • Les oiseaux élancés ont tendance à entreprendre leurs mouvements quotidiens à desaltitudes plus hautes que d’autres oiseaux. Dans des conditions thermiques idéales,les buses, les faucons et les vautours en quête de proies peuvent évoluer à plus de1 000 pieds AGL. Le vol élancé permet également à ces oiseaux de couvrir une distancelatérale plus grande car l’activité leur permet d’économiser de l’énergie. De ce fait,ces espèces sont présentes sur un espace aérien beaucoup plus important sur le siteou dans le voisinage des aéroports—aussi bien verticalement qu’horizontalement—ense confirmant comme une menace pour les impacts d’oiseaux et en se plaçant hors dela portée de nombreuses techniques de gestion de la faune. Des études des mouvementsdes mouettes en direction et en provenance de sites de décharge ont montré que levol ramé survient à une altitude inférieure à 300 pieds AGL—tandis que les oiseaux qui volent à des altitudes supérieures à 1 300 pieds conservent leur énergie entournoyant pour prendre de l’altitude au-dessus des décharges avant de se dirigervers les sites de repos.
  • En période de migration, de fortes concentrations de buses, de faucons et de vautoursse réunissent dans certaines zones comme les chaînes de montagne et les côtes—quiprésentent des courants ascendants et thermiques fiables. Le matin, tard—le longdes voies de migration nord-américaines—des nuées de faucons et des amas devautours, dont chacun se compose de centaines et des milliers d’oiseaux sontfréquents. Dans des conditions idéales, ces oiseaux peuvent emprunter des courantsascendants pour voler à des altitudes où ils ne sont plus visibles du sol.

 


Grand-duc d’Amérique. Poids : 3.5 lbs. L’activité nocturne d’oiseaux comme les strigidés explique que les taux d’impacts soient plus élevés la nuit que le jour.

Activité quotidienne

Plus de 90 pour cent de toutes les espèces d’oiseaux sont diurnes ; elles sont actives pendant la journée et dorment la nuit. Certains oiseaux comme les hiboux et les oiseaux de nuit sont nocturnes—et donc actifs principalement la nuit. L’activité diurne maximale survient dans les premières heures matinales, avant le lever de soleil jusqu’à environ 11 heures du matin.

Les humains sont eux aussi des êtres diurnes. La circulation aérienne dans nos aéroports augmente aux mêmes heures et les données relatives aux impacts d'oiseaux ont tendance à montrer un accroissement vers sept heures du matin. Mais de plus en plus de données tendent à prouver que les impacts enregistrés sur 10 000 mouvements d'aéronefs sont en fait plus fréquents la nuit—rappel d'une activité incessante à laquelle contraignent les mesures de gestion de la faune.

L'activité quotidienne des oiseaux décroît à son point le plus bas à midi. Un regain d'activité est observé tard dans l'après-midi et en début de soirée lorsque les oiseaux se déplacent encore une fois entre les aires de repos et les aires de nutrition.

À midi, la plupart des oiseaux se reposent et passent leur temps à se lisser et à éviter les prédateurs. Certains oiseaux—tels que les goélands et les oiseaux aquatiques—se regroupent sur des sites de repos où, confiants dans leur nombre, ils se reposent et guettent des prédateurs éventuels. Dans beaucoup d’aéroports, les mouettes sont un problème fréquent. Elles font des allers et retours incessants des sites où elle s’alimentent vers l’aéroport et passent leur temps d’inactivité dans l’étendue ouverte et sûre du terrain d’aviation avant de se déplacer vers leur aire de repos en début de soirée.

 


Mouettes au repos. L’accroissement considérable de certaines populations de mouettes, résultant pour la plupart des pratiques laxistes de gestion des déchets des municipalités, est à l’origine d’un des problèmes qui mettent en sérieux péril la sécurité des vols en Amérique du Nord.

Pour désigner leur période de sommeil et de repos, on dit des oiseaux qu’ils juchent. La plupart des oiseaux dorment toute la nuit en choisissant de jucher seuls dans des endroits protégés comme un feuillage dense, des cavités ou des broussailles. Selon la latitude et l’époque de l’année, la longueur du sommeil peut varier de quatre à huit heures. Même en dormant, les oiseaux ouvrent les yeux à intervalles de quelques minutes pour guetter un danger éventuel.

Au terme de la saison d'accouplement, certains oiseaux juchent en groupes. Les vols vers les haltes de repos communes sont soit directs soit effectués par étapes. Dans la plupart des cas, les oiseaux se dirigeront année après année vers les mêmes aires d’approche et les mêmes haltes. Le nombre d’oiseaux qui convergent vers ces endroits peut être énorme. Les oiseaux aquatiques et les mouettes qui se posent sur les lacs de l’intérieur sont souvent des milliers. Des volées automnales et hivernales d’étourneaux, corbeaux et merles qui envahissent les aires de repos du sud des États-Unis sont évaluées à des millions; le poids de ces oiseaux juchés peut suffire à briser les branches des arbres qui les abritent.

L’activité quotidienne des oiseaux est grandement influencée par la température locale; la prévision à court terme des mouvements des oiseaux en fonction des conditions météorologiques est un important aspect d’un programme de gestion de la faune efficace. Les oiseaux sont généralement moins actifs par temps de chaleur ou de froid extrême, de pluie ou de neige, brume ou brouillard. Dans ces conditions, les oiseaux limitent de façon importante le temps consacré à l’alimentation et au mouvement. Par contre, l’activité des oiseaux peut s’accroître immédiatement avant ou après un orage. La pluie contraint les insectes à quitter les arbres et expose des vers et d’autres invertébrés à la surface du sol. Il s’ensuit une quête effrénée de nourriture. Après une pluie d’été, les pistes de beaucoup d’aéroports doivent être nettoyées—elles deviennent glissantes à cause des vers et attirent des centaines d’oiseaux qui volent vers cette manne soudaine.

 


Vers visibles sur la piste. Les vers qui émergent des pistes en grand nombre après la pluie créent une source de nourriture attrayante pour des oiseaux comme les mouettes à bec cerclé.

Les flaques qui se forment après une pluie abondante fournissent l’eau nécessaire pour que les oiseaux s’abreuvent et se baignent.

La vitesse et la direction du vent peuvent influencer également les mouvements quotidiens des oiseaux. De forts vents réduisent généralement les mouvements des oiseaux—ainsi que l’altitude à laquelle ils volent—car les oiseaux volent au ras du sol. La direction du vent peut modifier l’horaire et la direction des mouvements quotidiens en provenance et en direction des aires de juchoir, de nutrition et de repos. Un grand nombre d’espèces utilisent des sites de nutrition et de repos différents selon les conditions locales du vent.

Activité et mouvement migratoires

La vaste majorité des espèces d’oiseaux d’Amérique du Nord (60 à 80 pour cent ou plus de cinq milliards d’oiseaux) migrent chaque automne vers le sud des États-Unis, le Mexique—et jusqu’en Amérique centrale et du Sud—pour ne revenir qu’au printemps. Durant ces périodes migratoires, des oiseaux en très grand nombre traversent le continent nord-américain tout entier. Il est évident que les périodes migratoires de septembre-octobre et avril-mai marquent un temps où le risque d’impact d’oiseaux est important.

Beaucoup d’espèces de petits oiseaux chanteurs migrent lentement sur un vaste front en parcourant des centaines de milles en quelques jours. Toutefois, l’étude de la migration des oiseaux aquatiques a repéré des routes bien définies qu’empruntent la plupart des oiseaux migrateurs. En Amérique du Nord, les oiseaux migrateurs empruntent quatre couloirs distincts, le long des côtes de l’Atlantique et du Pacifique, la voie du Mississippi (les oiseaux aquatiques venant de l’intérieur du Canada et des

États-Unis se déplacent vers le sud par la vallée du fleuve Mississippi) et la voie centrale (les oiseaux descendant du couloir intérieur de l’Ouest du Canada et des États-Unis suivent alors les régions de la prairie centrale le long des piémonts des Rocheuses). Des sites importants de repos et de nutrition se trouvent le long de ces routes et attirent une concentration de milliers d’oiseaux aquatiques.

La longueur des jours variable selon les saisons amène les oiseaux à se préparer instinctivement à la migration. L’avènement de conditions de température favorables est généralement le facteur déclenchant qui incite les oiseaux à migrer. L’arrivée et le départ annuels d’une espèce à partir d’une région géographique déterminée peuvent survenir, par réaction, dans la même semaine du même mois. Cette prévisibilité est décisive et le fait de connaître à quel moment de fortes concentrations d’oiseaux migreront permet aux ATS, au personnel de la gestion de la faune et aux pilotes de se préparer à la présence d’oiseaux en plus grand nombre.

Selon l’espèce et le type de méthode de navigation utilisée, les vols migratoires surviennent durant le jour et la nuit. De nombreuses espèces voyagent aux deux moments mais les oiseaux élancés qui dépendent des courants thermiques sont limités à une migration diurne. D’autres espèces adoptent la stratégie de la croisière ascendante pour gagner de l’altitude durant les longs parcours, en volant à des altitudes plus grandes à mesure que leur énergie décroît. La vitesse sol des oiseaux varie selon la vitesse et les directions des vents en altitude et selon la capacité de vitesse des espèces. La plupart des oiseaux chanteurs voyagent à des vitesses sol variant de 20 à 30 milles à l’heure. Les oiseaux de rivage et les oiseaux aquatiques se déplacent à des vitesses entre 30 et 50 milles à l’heure.

La température joue un rôle important dans la migration des oiseaux. Les oiseaux ne voyagent généralement pas sous la pluie, dans le brouillard et les brumes, les vents forts ou un ciel très couvert. Dans ces conditions, les oiseaux demeurent au sol jusqu’à ce que les conditions s’améliorent. Les meilleures conditions pour la migration d’automne sont créées par de forts vents arrière précédés par des fronts froids où les oiseaux se déplacent le long des routes migratoires en masse. La météorologie peut prévoir ces vagues en donnant l’occasion d’anticiper les mouvements d’oiseaux au-dessus des aéroports qui sont situés à l’intérieur des voies migratoires.

Comportement des oiseaux vis-à-vis des aéronefs

Les oiseaux sont-ils naturellement effrayés par des aéronefs? La réponse à cette question simple en apparence est complexe. De nombreux facteurs peuvent modifier le comportement d'un oiseau vis-à-vis de l'aéronef, notamment :

  • l'espèce d'oiseau,
  • la période de l'année,
  • les conditions atmosphériques,
  • l'âge et la condition de l'oiseau,
  • le degré de familiarité de l’oiseau avec l’aéronef et l'environnement aéroportuaire.

À ce jour, peu de recherches ont été menées pour étudier du point de vue scientifique les réactions des oiseaux à la présence des aéronefs. La plupart des renseignements actuels sont d'ordre anecdotique et ont été signalés par les pilotes et le personnel d'aéroport, bien que des initiatives de recherche aient été prises récemment pour acquérir une meilleure compréhension du phénomène.

Comportement évolutif et adaptatif des oiseaux vis-à-vis d'un aéronef

À travers l’évolution naturelle, les oiseaux ont appris à réagir rapidement à l’agression des prédateurs qui les poursuivent. Les oiseaux sont génétiquement programmés pour éviter les prédateurs et échapper à leur poursuite. Mais puisque les oiseaux n’ont pas évolué en ayant des aéronefs pour prédateurs, ils ne sont pas naturellement programmés pour les craindre ou les éviter. Si l’aéronef les alarmait, les impacts d’oiseaux poseraient un problème beaucoup moins grave.

Les oiseaux sont naturellement circonspects devant des objets nouveaux ou peu familiers dans leur environnement mais, dans la mesure où ces objets ne leur font aucun mal, les oiseaux s’y habituent rapidement. Tout porte à croire que les oiseaux présents sur les aéroports se sont adaptés à cet entourage et ne perçoivent pas les aéronefs comme une menace. La vue d’oiseaux qui picorent leur nourriture et qui stationnent le long de pistes très fréquentées—apparemment indifférents au bruit et à la circulation—est des plus familières. Beaucoup de personnes associées à la gestion de la faune à l’aéroport sont convaincues que ces oiseaux adroits ne constituent pas un danger car ils ont appris à se tenir à l’écart . Mais ce point de vue n’est étayé par aucune preuve documentée autorisant à penser—si tel était le cas— que cela est vrai.

Réactions comportementales des oiseaux face à un aéronef

En considérant le comportement des oiseaux face à un aéronef, il importe par-dessus tout de se rappeler qu’il est imprévisible. Leur comportement varie d’une espèce à l’autre, selon la maturité du sujet et la menace dont l’oiseau se perçoit la cible dans les circonstances.

Généralement, les oiseaux qui se nourrissent et séjournent sur les terrains d’aviation ignorent la menace que posent les aéronefs, évitent les pistes animées à la vue d’un aéronef approchant ou bien réagissent en s’envolant dans un mouvement de panique à l’approche d’un aéronef.

Les jeunes oiseaux et les oiseaux migrateurs peu familiers avec l’environnement aéroportuaire semblent plus enclins à fuir, affolés. Les adultes de la même espèce peuvent faire entièrement abstraction de l’aéronef. Poussés par la panique, les étourneaux et les oiseaux de rivage se regroupent en volées denses, puis entreprennent des mouvements très périlleux et désordonnés au-dessus du terrain qui aboutissent à des formations d’oiseaux denses qui croisent la route des aéronefs au moment du départ et de l’arrivée.

La réaction des oiseaux en vol est tout aussi imprévisible. Habituellement, les oiseaux entreprennent de simples manoeuvres pour éviter la route de l’aéronef. Le comportement de vol-fuite varie également selon l’espèce. Les mouettes tentent de s’échapper en volant

 


Mouettes sur la piste. La biomasse contenue dans une petite volée de mouettes est supérieure à celle que les réacteurs peuvent supporter selon leur conception actuelle.

plus vite que l’aéronef plutôt que de l’esquiver en angle droit par rapport à sa route. De nombreuses espèces de buses, de faucons et d’aigles attaqueront l’aéronef plutôt que de l’éviter.

Pour être en mesure de l’éviter, les oiseaux doivent prédire de la façon la plus précise la route de l’aéronef qui s’approche. Tandis que les oiseaux peuvent prévoir assez facilement les vols en ligne droite et horizontale, il leur est plus difficile d’éviter les aéronefs en montée et en descente. Des études récentes indiquent que certains oiseaux regardent les aéronefs comme des objets immobiles comme s’ils étaient des arbres ou des immeubles et qu’ils tentent de s’éloigner lentement de la menace jusqu’à une distance qu’ils jugent sûre.

À l’approche d’un aéronef, un certain nombre d’oiseaux se laissent tomber en chute libre en pliant leurs ailes et en plongeant. Ce comportement a été documenté et est considéré commun parmi de nombreuses espèces d’oiseaux aquatiques, mais il a été observé également chez d’autres espèces. Ce comportement en chute libre a conduit l’armée de l’air américaine à évaluer une manoeuvre dans laquelle les pilotes se cabrent en altitude lorsqu’ils font face directement à des oiseaux. C’est une manoeuvre qui peut placer l’aéronef dans un profil de vol marginal en cas de collision, conduire facilement à une contrainte excessive du fuselage et, plus important encore et imprudemment peut-être, suppose un comportement constant des oiseaux.

Le comportement des oiseaux face à un aéronef est hautement imprévisible. La vitesse des avions modernes et la taille accrue de l’entrée d’air de leur réacteur en ont augmenté la vulnérabilité. La combinaison de ces facteurs avec la réduction importante des niveaux de bruit de l’avion permet de comprendre facilement la raison pour laquelle les oiseaux ont souvent peu de temps pour réagir. La réduction des risques d’impact doit donc venir de l’effort déployé pour limiter le nombre des oiseaux sur les terrains d’aviation et aux abords de l’aéroport.

 


Bernaches du Canada en milieu urbain. Poids : 15 lb. Les données de la FAA/USDA montrent que 64 % des réacteurs frappés par des oies subissent des dommages. La FAA estime que si les tendances actuelles persistent, la probabilité d’un accident majeur causant un incendie non maîtrisé ou la perte de deux réacteurs ou plus doublera dans les dix prochaines années.

La nature dynamique des populations d’oiseaux

Dans toute zone locale ou région, la population des oiseaux peut varier considérablement quant au nombre et à la diversité des espèces. Certains de ces cycles sont naturels et se produisent annuellement au cours de la migration ou après la saison de la couvaison. D’autres changements sont subtils et moins évidents. Ils sont souvent liés aux mutations graduelles des habitats auxquelles les espèces d’oiseaux réagissent en changeant leur aire ou répartition locale. Dans d’autres circonstances, les oiseaux réagissent rapidement aux modifications de l’environnement. Ces changements rapides peuvent survenir lorsque les oiseaux réagissent soit à une mutation brusque qui affecte d’importantes ressources—telles que les aires d’alimentation et de nidification—soit aux changements qui touchent les populations des prédateurs et des compétiteurs. La nature dynamique et adaptative des populations d’oiseaux exige la même attention des programmes aéroportuaires de contrôle de la faune.

La modification des paysages peut conduire à un changement de la répartition, de la diversité et de l’abondance des oiseaux. En général, les espèces qui habitent des peuplements forestiers anciens, des terres humides et des habitats riverains sont aujourd’hui moins abondantes. Les espèces qui de nos jours tirent parti des champs ouverts, des arbustaies et des jeunes peuplements forestiers sont plus nombreuses que dans le passé. Au cours des 50 dernières années, l’expansion tentaculaire des zones urbaines a créé des habitats artificiels auxquels plusieurs espèces d’oiseaux se sont adaptées. Beaucoup de ces espèces urbaines—incluant les corbeaux, les étourneaux, les pigeons, les bernaches du Canada et, plus récemment, les mouettes—ont connu des augmentations importantes de leurs populations. Des espèces comme les bernaches du Canada et les merles se sont adaptées à une alimentation ayant sa source dans l’agriculture. Les populations de mouettes ont explosé avec l’accroissement de la taille et du nombre de sites de décharge et autres installations d’enfouissement de déchets en Amérique du Nord et en Europe. Les sites de décharge ont également modifié les gîtes d’hivernage de ces espèces en procurant une source de nourriture sûre pendant toute l’année.

L’intervention humaine directe—par des actions d’introduction d’espèces et de conservation— a conduit également à une augmentation du nombre et de la distribution de certaines espèces d’oiseaux en Amérique du Nord. Plus de 200 espèces d’oiseaux ont été introduites dans diverses régions d’Amérique du Nord avec un succès plus ou moins mitigé. Deux espèces en particulier—le moineau domestique et l’étourneau sansonnet— sont des exemples d’implantation très réussie. Commun et bien disséminé, le pigeon biset est un hybride de plusieurs pigeons européens domestiques qui ont été remis ou sont revenus à l’état féral au cours du XVIIe siècle. Plus récemment, la réimplantation des bernaches du Canada jugées nuisibles a fait l’objet de controverse. Les oiseaux nuisibles capturés dans les zones urbaines sont lâchés dans des zones disposées à accepter la présence des oiseaux. Cette pratique cause de grandes inquiétudes lorsque les oiseaux réimplantés se réfugient aux abords des aéroports. L’accroissement rapide de populations d’oiseaux autrefois modestes constitue une menace pour la sûreté des vols.

Enfin, confrontés à la perte des habitats naturels—notamment les terres humides— de nombreux gouvernements et organismes non gouvernementaux ont entrepris des actions de conservation. Au cours des 30 dernières années, des millions d’acres de terres humides ont été créées dans toute l’Amérique du Nord. Les zones marécageuses qui traditionnellement supportaient de faibles populations d’oiseaux aquatiques peuvent être facilement améliorées; il s’ensuit une croissance rapide qui propulse ces populations dans des centaines et des milliers de sujets. L’aménagement de réserves naturelles et de zones de conservation peut également entraîner une augmentation soudaine du nombre d’oiseaux. Les oiseaux repèrent avec une grande facilité ce qui leur procure de la nourriture et leur offre refuge et protection.

Adaptation des oiseaux à l’environnement humain

Bien qu’il soit largement admis que l’homme a eu un impact très nuisible sur les oiseaux— du fait de la destruction d’habitats naturels—de nombreuses espèces ont montré leur capacité d’adaptation à l’environnement humain. Leur présence a augmenté dans les zones rurales, suburbaines et urbaines où les oiseaux trouvent de nouvelles possibilités d’alimentation et de nidification, à l’abri des prédateurs. Le tableau 3.3 présente quelques-uns des environnements auxquels les oiseaux se sont adaptés avec succès.

Sources d’origine agricole
Cultures céréalières et légumières
Activités de labourage et de récolte
Zones d’entreposage des récoltes et de transport
Parcs d’engraissement, tas de fumier
Vergers et vignobles


Autres sources de nourriture
Décharges et sites de transport des déchets
Sites de compostage de déchets alimentaires
Abattoirs et pêcheries
Bassins de traitement des eaux usées
Restauration rapide, centres commerciaux,
Terrains d’exposition, parcs et établissements sportifs
Terrains de golf
Aéroports
Sites de reproduction
Vaines clôtures et haies
Immeubles, y compris les toits
Ponts/jetées/barrages/digues
Poteaux/structures d’éclairage/tours électriques
Carrières et lieux d’emprunt
Réservoirs et bassins d’eau pluviale
Décharges
Lacs artificiels/terres humides/étangs de retenue
Zones de conservation/refuges/
sanctuaires naturels
Aéroports


Sites de repos/du posé
Parcs, parcs de stationnement, terrains de sport
Corniches des immeubles, toits Bassins portuaires/
jetées/digues/barrages
Réservoirs/bassins d’eau pluviale /
lacs artificiels
Décharges
Terrains de golf
Aéroports

Tableau 3.3 Caractéristiques de l’environnement humain qui attirent les oiseaux

Plusieurs facteurs communs aident à identifier les espèces qui exploitent l’environnement humain :

  • Les espèces qui s’adaptent avec succès sont souvent omnivores. Des oiseaux commeles mouettes, les corbeaux, les moineaux, les merles et les étourneaux se nourrissent d’aliments variés et se délectent du smorgasborg fourni par les cultures agricoles, les déchets des restaurants et les sites de décharge.
  • Les oiseaux qui se déplacent en volée tirent avantage de la disponibilité de nourriturequi découle des activités agricoles comme le labourage et l’ensemencement duprintemps, la fenaison d’été et la moisson de l’automne.
  • Les activités humaines ont accru l’accès à un habitat de nidification propice à certainesespèces d’oiseaux, en offrant des emplacements qui se prêtent à la couvaison et auxsoins de la progéniture. Ces endroits comprennent les immeubles, les ponts, les carrières,les étangs d’eaux usées, les bassins d’eau pluviale, les jetées, les haies-clôtures, les parcs,les centres commerciaux et les terrains de golf. Il n’est pas surprenant que les aéroportssoient devenus des terrains d'élection pour les oiseaux—ils offrent des sourcesabondantes de nourriture, de l’eau pour boire et se baigner, un espace ouvert sûrfavorable à l’alimentation et au repos, des occasions de percher et des possibilités denidification très variées.
Espèce Poids (lb)
Goéland à manteau noir 2,3 à 5,0
Goéland bourgmestre 2,4 à 4,0
Goéland argenté 1,6 à 3,3
Goéland à bec cerclé 0,83 à 1,4
Goéland arctique 1,9

Tableau 3.4 Poids de quelques espèces de mouettes d’Amérique du Nord

Espèces d’oiseaux qui créent communément des problèmes de sécurité de vol

Les données sur les impacts d’oiseaux dans le monde indiquent que des centaines d’espèces différentes ont été frappées par des aéronefs. Mais un examen des données provenant des aéroports d’Amérique du Nord indique de manière constante que les collisions touchent davantage certaines espèces que d’autres.

Mouettes

  • On dénombre 45 espèces de mouettes dans le monde, dont 23 en Amérique du Nord.Les poids de quelques espèces de mouettes figurent au tableau 3.4. Les individusmâles sont en moyenne plus lourds que les femelles.
  • Les mouettes constituent un problème commun dans beaucoup d’aéroportsd’Amérique du Nord et d’Europe. Lorsque les impacts signalés mentionnentl’espèce, plus d’un tiers impliquent des mouettes.
  • Les facteurs qui contribuent au problème concernant les mouettes incluent leurtaille, leur comportement de vol, une vitesse de vol relativement lente et leurpréférence pour les environnements aéroportuaires aussi bien en tant qu’airesd’alimentation que de repos.
  • Les mouettes s’adaptent à l’environnement humain de façon exceptionnelle. Elless’habituent rapidement aux nouvelles sources de nourriture comme celles qu’ellestrouvent sur les terrains agricoles, les parcs d’engraissement et les décharges. Ellessavent tirer également profit des sources de nourriture en milieu urbain constituéespar les poubelles, les restaurants rapides et les centres commerciaux. L’utilisation destoits comme aires de nidification et de repos semble se répandre dans les zones trèsurbanisées—notamment celle des Grands Lacs d’Amérique du Nord.
  • Les mouettes sont omnivores. Elles mangent des aliments végétaux et animaux variésqu’elles trouvent facilement sur les terrains d’aviation.
  • Plusieurs espèces de mouettes d’Amérique du Nord ont connu une augmentationconstante de leur population au cours des 50 dernières années et la présence accrue des mouettes sur les sites de décharge—notamment au cours de l’hiver—est bien documentée.
Espèce Poids (lb)
Pélican blanc d’Amérique 9,9 à 30
Cygne tuberculé 3,2 à 16,5
Cygne siffleur 14 à 21
Bernache du Canada (race « maxima »)* 11,0 à 16 +
Bernache du Canada (race « intérieure »)* 6,8 à 10,4
Bernache du Canada (race "Canadensis") * 7,3 à 13,8
Oie des neiges 5,1 à 6.6
Bernache cravant 1,9 à 4,0
Canard noir 1,6 à 3,5
Canard colvert 1,2 à 3,8
Canard pilet 1,3 à 2,4
Canard chipeau 1,4 à 2.3
Canard siffleur d’Amérique 1,1 à 2,3

La Bernache du Canada compte plusieurs sous-espèces dont chacune a son nom.

Tableau 3.5 Poids de quelques espèces d’oiseaux aquatiques d’Amérique du Nord

  • Les mouvements entre les sites d’alimentation et les aires de repos suivent des routesbien établies et prévisibles. Les mouettes, pour qui les terrains de l’aéroport sontrelativement sûrs, les élisent comme haltes et sites de repos. Les mouettes volentgénéralement à moins de 300 pieds AGL mais elles peuvent monter très haut audessusdes sites d’alimentation. Des vols de plus de 30 km vers les lieux de nourriturene sont pas rares.
  • Les mouettes nidifient habituellement dans des colonies très peuplées pouvantcomprendre plusieurs milliers d’oiseaux.
  • La plupart des espèces de mouettes sont migratrices. Au Canada, la migration versles régions méridionales se poursuit de la fin de septembre au mois d’octobre pours’achever dès novembre. La migration du printemps commence en mars et estlargement entamée dès avril. Les oiseaux adultes arrivent habituellement auxcolonies de nidification dès la fin avril.

Oiseaux aquatiques

  • Près de 160 espèces d’oiseaux aquatiques sont dénombrées dans le monde; l’Amériquedu Nord en abrite 62.
  • En tant que groupe, les oiseaux aquatiques comptent parmi les oiseaux de plus grandetaille (v. tableau 3.5).

 


Canards colverts. Poids : 3 lb. De nombreux incidents graves se sont produits avec des canards qui fréquentent les étangs et les terrains de chaume proches des aéroports.

  • Leur grande taille, combinée au comportement de volée et de migration, rend lesoiseaux aquatiques particulièrement menaçants pour l’exploitation aérienne.
  • Les oiseaux aquatiques sont attirés par des caractéristiques communes des aéroportscomme les flaques d’eau, les terres humides, les fossés et les terrains herbeux. Lesflaques temporaires laissées par la fonte des neiges et les pluies prolongées les attirentégalement.
  • Après avoir trouvé une source de nourriture, les volées d’oies et de canards sereposent aux abords d’un terrain d’aviation.
  • Durant la migration du printemps et de l’automne, plusieurs milliers d’oiseauxaquatiques se concentrent sur les terres agricoles, les terres humides et les réservesnaturelles qui peuvent être situées près des aéroports en créant un risque importantpour l’exploitation aérienne.
  • Récemment, les quantités de certaines espèces d’oiseaux aquatiques—canards colvertset bernaches du Canada en particulier—se sont accrues de façon substantielle auxÉtats-Unis et au Canada. Entre 1985 et 1997, la population des bernaches du Canadaen Amérique du Nord a augmenté de 54 pour cent et est estimée aujourd’hui à plusde deux millions d’individus.
  • On a attribué l’élargissement de leurs territoires d’hiver à l’adaptabilité des sourcesvariables de nourriture et des sites de nidification—autant de modifications du comportement qui ont abouti à des populations toujours croissantes d’oiseaux qui séjournent toute l’année sur de nombreux terrains aéroportuaires.
Espèce Poids (lb)
Pigeon biset (Pigeon) 0,7 à 0,9
Tourterelle rieuse 0,3 à 0,4
Tourterelle triste 0,2 à 0,4

Tableau 3.6 Poids de quelques espèces de colombes d’Amérique du Nord

  • Les programmes de réinstallation ont contribué à la croissance des populationsd’oiseaux aquatiques car on les déplace vers des endroits qui offrent des sources denourriture fraîche et une sûreté relative, à l’abri des prédateurs.

Colombes et pigeons

  • L’Amérique du Nord abrite 16 espèces de colombes et pigeons. La majorité d’entreelles se trouve au sud des États-Unis et au Mexique. Le pigeon biset et la tourterelletriste se trouvent en grand nombre dans la plupart des états américains et des régionsméridionales du Canada.
  • Les colombes et les pigeons sont des oiseaux de taille moyenne (v. tableau 3.6) quifréquentent des espaces libres; toutes les espèces de ce groupe se sont bien adaptéesà l’environnement rural et urbain.
  • Toutes les espèces de colombes et pigeons se nourrissent de graines, de petitesgraines et de fruits. D’instinct grégaire, elles se nourrissent et se posent en volées dedifférentes grandeurs selon l’époque de l’année et l’endroit.
  • Le pigeon se trouve communément dans les zones urbaines où il s’installe sur lestoits et les corniches des immeubles, les ponts et les parcs de stationnement.

 


Colombe et pigeon.

Comme d’autres espèces de colombes, le pigeon se nourrit essentiellement de graines qu’il picore sur les terres agricoles, les parcs d’engraissement, les mangeoires d’oiseaux, les élévateurs à grains, les moulins, les gares ferroviaires de marchandises et les jetées. En automne et en hiver, de denses volées se forment autour de sources abondantes de nourriture—en suivant tout particulièrement la récolte des céréales et des grains. Dans les villes, le pigeon se nourrit également d’aliments variés y compris du pain, des noix, des fruits, des croustilles et des frites.

  • Les colombes et les pigeons ont également besoin d’ingérer des graviers (particulesde petits cailloux et de sable) pour aider à la digestion des semences et des graines.
  • Les aéroports attirent les colombes et les pigeons par les sources de nourriture, d’eau etde gravier qu’ils offrent le long des voies de circulation et des pistes—particulièrementdurant l’enlèvement de la neige. Les terrains d’aviation et les structures et immeublesconnexes procurent des aires de repos.
  • Les immeubles, les hangars et les parcs de stationnement fournissent des aires denidification aux pigeons qui nidifient souvent à proximité d’autres couples de l’espèce,une fois que les habitats de nidification sont repérés. Ces oiseaux peuvent engendrerplusieurs couvées au cours de la période de couvaison du printemps et de l’été. L’espècepeut également se reproduire durant la saison hivernale, dès lors qu’elle peutcompter sur une nourriture abondante. Dans des conditions idéales, les populationsde pigeons peuvent s’accroître énormément; quelques couples peuvent engendrer descentaines d’oiseaux en très peu de temps. (v. l’annexe 3.1 pour des renseignementssur les maladies liées à quelques oiseaux « urbains » tels que le pigeon biset).

Rapaces

  • Les rapaces sont des oiseaux de proie diurnes présents dans toutes les régions dumonde. Six familles de rapaces peuplent l’Amérique du Nord :
    • vautours (3 espèces),
    • buses (15 espèces),
    • aigles (2 espèces),
    • milans (5 espèces),
    • faucons (6 espèces)
    • busards (1 espèce).
  • Les espèces de rapaces trouvées communément sur les terrains et aux abords desaéroports nord-américains comprennent l’urubu à tête rouge, la buse à queuerousse, la buse de Swainson, le busard Saint-Martin, l’aigle à tête blanche et lacrécerelle d’Amérique ainsi que la buse pattue en hiver.
Espèce Poids (lb)
Aigle à tête blanche 9,1 à 11,8
Faucon gerfaut 2,1 à 4,4
Urubu à tête rouge 2,5 à 3,5
Buse à queue rousse 2,3 à 2,7
Buse pattue 1,7 à 2,7
Faucon pèlerin 1,4 à 2,1
Busard Saint-Martin 0,65 à 1,66
Petite buse 0,93 à 1,1
Crécerelle d’Amérique 0,24 à 0,26

Tableau 3.7 Poids de quelques espèces de rapaces d’Amérique du Nord

  • La plupart des espèces sont attirées par les terrains herbeux ouverts des aéroports—qui abritent de petits mammifères tels que campagnols, écureuils terrestres, géomys,lapins et lièvres. L’abondance de sites où percher rend attirants les terrains d’aviation.Des étendues plates à l’air libre fournissent des conditions propices à la formationde courants ascendants qui permettent le vol plané.
  • Leur grande taille (v. tableau 3.7) et le vol plané et piqué à haute altitude les rendentextrêmement dangereux pour les aéronefs.
  • Durant la migration, les rapaces préfèrent longer les chaînes des montagnes et les côtesoù les courants thermiques et ascendants sont fréquents. Des vagues migratoires derapaces regroupant des milliers d’oiseaux peuvent être observées dans des conditionsidéales pour le vol plané à haute altitude.
  • Normalement, les rapaces ont des exigences précises en matière de nourriture etchassent de préférence les petits mammifères et d’autres oiseaux. Les espèces de pluspetite taille se nourrissent également d’insectes et de crustacés. Les vautours et lesaigles sont attirés communément vers les sites de décharge à cause de leur instinctnécrophage et les faucons sont particulièrement attirés vers les aires qui abritent despopulations d’oiseaux de rivage.
  • Durant la saison de couvaison, les couples exigent des territoires d’alimentationétendus et sont donc bien espacés sur leurs territoires respectifs.
  • À quelques exceptions près, les individus des deux sexes ont un plumage similairemais les oiseaux immatures peuvent différer notablement par la couleur.

 


Crécerelle d’Amérique. Poids : 0,25 lb.

  • Certaines espèces ayant vu leur population diminuer ces dernières décennies, ellessont protégées par différents règlements relatifs à la faune. Il faut donc procéder àune identification précise avant d’appliquer des mesures de gestion des rapaces.
  • La quantité des urubus à tête rouge a augmenté ces dernières années et leur habitats’étend maintenant au sud du Canada. L’armée de l’air des États-Unis considèrel’urubu à tête rouge comme l’oiseau qui pose la plus grande menace à sa flotte.

Étourneaux et merles

  • En Amérique du Nord, l’appellation de merle est souvent mal employée. Elle concerneen effet plusieurs espèces, notamment :
    • Sturnelles des prés et sturnelles de l’Ouest,
    • Quiscales bronzés,
    • Carouges à épaulettes,
    • Carouges à tête jaune,
    • Quiscales de Brewer et quiscales rouilleux,
    • Vachers à tête brune et quelquefois
    • Étourneaux sansonnets et corneilles d’Amérique.
  • Les espèces repérables d’ordinaire dans l’environnement aéroportuaire comprennentles carouges à épaulettes, les carouges à tête jaune, les quiscales bronzés, les vachers à tête brune et les étourneaux sansonnets. Comme l’indique le tableau 3.8, elles sont généralement de petite taille et leur poids est généralement inférieur à 0,25 livres.
Espèce Poids (lb)
Sturnelle des prés 0,16 à 0,23
Quiscale bronzé 0,22 à 0,28
Étourneau sansonnet 0,17 à 0,.21
Carouge à tête jaune 0,09 à 0,19
Carouge à épaulettes 0,06 à 0,18
Quiscale rouilleux 0,18 à 1,0
Vacher à tête brune 0,07 à 0,13

Tableau 3.8 Poids de quelques espèces de « merle » d’Amérique du Nord

  • Ces espèces constituent une importante menace à cause de leur comportement devol-alimentation et au repos. Sur une moyenne de cinq ans (1992 à 1996) d’impactsd’oiseaux signalés aux É.-U., les merles y compris les étourneaux ont été impliqués dans13 pour cent de toutes les collisions—se situant au deuxième rang après les mouettes.
  • Toutes les espèces appartenant à ce groupe sont attirées par les terrains d’herbescourtes, les pâturages, les terrains de cultures commerciales, les basses-cours, lescompartiments à grains et les installations de transfert des cultures fourragères. Ellesse nourrissent d’insectes, de graines, de semences et de fruits.
  • Ces espèces sont attirées par les plans d’eau stagnante et les terres humides quicaractérisent communément les terrains aéroportuaires. L’étourneau nidifie souventdans des trous et des cavités des immeubles des aéroports.
  • Une fois passée la saison de couvaison, ces oiseaux forment d’amples volées prémigratoiresde plusieurs milliers d’individus. Pendant la migration—et sur toutel’étendue de leur territoire d’hiver—d’amples concentrations d’oiseaux se nourrissentdans les champs de céréales. Les quantités d’oiseaux qui se regroupent vers la fin del’été, en automne et en hiver se comptent parfois par millions.
  • Les étourneaux et les merles se sont bien adaptés aux environnements humains ruralet urbain. De nombreuses espèces ont étendu leurs territoires d’hiver en tirant partides cultures agricoles abondantes sur tout le continent nord-américain. Certainesespèces—notamment les étourneaux—se sont adaptées pour se nourrir sur les sitesde décharge, les dépotoirs et les installations de compostage.
Espèce Poids (lb)
Plectrophane des neiges 0,07 à 0,12
Bruand lapon 0,05 à 0,07
Alouette cornue 0,07

Tableau 3.9 Poids de quelques espèces d’oiseaux plus petits d’Amérique du Nord

Alouettes cornues, plectrophanes des neiges et bruands lapons

  • Ce sont de petits oiseaux (v. tableau 3.9) semblables à des moineaux qui peuplent lesprairies et les champs ouverts. En Amérique du Nord, ils nidifient dans le Grand Nordcanadien et en Alaska.
  • En hiver, de grandes volées composées d’individus de plusieurs espèces se réunissentau sud des États-Unis et dans les régions méridionales du Canada. Les bruandslapons et les plectrophanes des neiges sont les espèces les plus répandues; leursvolées peuvent se composer de milliers d’oiseaux.
  • En hiver, ces espèces habitent des terrains ouverts où elles se nourrissent de graineset de fruits secs. Elles préfèrent les terrains où la végétation et les épis des grainespercent la couche de neige, les terrains labourés et les terrains où l’on vient d’épandredu fumier. Les oiseaux en volée reviennent plusieurs fois sur les mêmes terrains, tantque la source de nourriture demeure accessible.
  • Les terrains d’aviation ont la faveur de ces espèces à cause de la présence de graines.Lorsque les terrains sont couverts d’une épaisse couche de neige, les extrémités desherbes découvertes des pistes labourées sont particulièrement attrayantes car ellesprocurent une source de nourriture et de gravier.
  • La tendance de ces espèces à se déplacer de façon imprévisible par volées denses ethautement synchronisées les rend potentiellement dangereuses pour l’exploitation aérienne.

 


Alouette cornue et plectrophane des neiges