Chapitre 4 — Les mammifères—Notions de base


Photo : Northwest Airlines
Photo : Ce Saab 340 a frappé deux cerfs en se posant dans un aéroport du Michigan en avril 2000.  Le moteur tient uniquement par les conduites d’huile et de carburant.

Introduction

Comme on peut s’y attendre, les impacts de mammifères ne sont pas aussi fréquents que les impacts d’oiseaux. Lorsque surviennent des collisions avec des mammifères, elles se limitent aux pistes—à part les collisions avec des chauves-souris. Toutefois, les impacts qui impliquent des mammifères provoquent d’importants dommages car la taille de ces animaux est, dans l’ensemble, plus grande que celle des oiseaux. Même les petits mammifères causent leur part de dommages; au cours du décollage et de l’atterrissage, les pilotes d’aviation générale ont dérapé à l’occasion pour éviter de petits animaux et endommagé en conséquence les excursions de piste.

Ce chapitre esquisse une description du nombre, de la répartition et du comportement général des mammifères. Il vous permettra d’acquérir une connaissance pratique de leur biologie—connaissance essentielle pour élaborer des stratégies de gestion du risque. Des renseignements détaillés sont donnés sur quelques espèces de mammifères fréquentes aux aéroports d’Amérique du Nord. Pour une recherche exhaustive sur le sujet, reportez-vous aux publications citées en annexe E.

Les mammifères constituent la forme de vie prédominante depuis les 65 derniers millions d’années. Au cours de cette période, ils ont connu des évolutions diverses, depuis les chauves-souris, aux phoques et aux baleines en passant par les cerfs, les chats, les chiens et les primates. Les mammifères ont des caractères communs à tous les vertébrés, mais ils se distinguent des oiseaux, des poissons et des reptiles par deux caractéristiques fondamentales : la possession de glandes sécrétant le lait—ou mamelles—et le système pileux. D’autres caractères distinctifs comprennent des oreilles externes bien développées et une ceinture pelvienne qui permet la station debout, la marche et la course.

Classification des mammifères

Les mammifères appartiennent à la classe Mammalia, qui comprend trois groupes principaux :

  • mammifères ovipares comme l’ornithorynque;
  • mammifères qui donnent naissance à un petit embryonnaire et qui sont souventmunis d’une poche ventrale, tel l’opossum;
  • mammifères dont la gestation se déroule dans le ventre de la mère.

L’Amérique du Nord n’abrite que les mammifères des deux derniers groupes.

Selon la classification moderne, les mammifères se répartissent en 18 ordres distincts, fondés largement sur les différences de la structure du corps. L’ordre taxinomique des mammifères prend également en compte le genre et le nombre de dents que possèdent les différents groupes. En Amérique du Nord, on dénombre 10 ordres de mammifères et plus de 100 familles distinctes.

Plus de 40 pour cent des mammifères appartiennent à l’ordre Rodentia—ou rongeurs— qui comprend plus de 1 500 espèces. En Amérique du Nord, les rongeurs représentent presque 60 pour cent de toutes les espèces de mammifères. La plupart des rongeurs sont petits, se cachent et passent inaperçus pour la plupart.

Fait intéressant, les chauves-souris constituent le deuxième ordre en importance parmi les mammifères; leurs 896 espèces représentent près du quart des mammifères de la planète.

Diversité et répartition des mammifères

Chez les mammifères, la diversité des espèces est la plus faible parmi les vertébrés comportant quelque 3 800 espèces—soit moins que la moitié du nombre des espèces d’oiseaux et seulement une fraction du nombre des espèces de poissons. Les mammifères sont répartis dans les mers et les continents du monde. La plus forte concentration, riche de 930 espèces, réside en Amérique centrale et du Sud. L’Afrique compte 860 espèces. Malgré l’importante masse de terre de l’Amérique du Nord, ce continent de formation récente n’abrite que 350 espèces—soit moins de 10 pour cent des mammifères du monde.

Le nombre des espèces de mammifères et des individus varie considérablement dans le monde. Par exemple, bien que la quantité des espèces en Amérique du Sud soit élevée, celles-ci sont généralement représentées par des nombres relativement faibles d’individus. Par contraste, la quantité d’espèces de mammifères terrestres au Canada est faible, soit 160, mais représentée par des populations locales très importantes. Une harde de caribous sur ses lieux de mise bas peut compter des centaines de milliers d’individus. De même, les populations locales de cerfs dans les régions méridionales du Canada et dans la plupart des États-Unis regroupent souvent des centaines d’individus chacune.

Bien que les espèces d’oiseaux individuelles en Amérique du Nord nidifient d’un océan à l’autre, la répartition des mammifères tend ici à se restreindre. De nombreuses espèces sont circonscrites à des habitats spécifiques et sont présentes uniquement dans une seule province ou un seul état. Pour cette raison, les espèces qui constituent une menace dans les aéroports varient notablement d’une région à l’autre.

En règle générale, le nombre de mammifères qui peuplent une zone particulière en Amérique du Nord dépasse rarement les 30 espèces et seulement quelques-unes présentent un risque pour les aéronefs. Par comparaison, la présence d’oiseaux en quantités variant de 80 à 100 espèces est assez fréquente.

Nombres de mammifères et densité de la population

Nombres de mammifères

La taille des populations de mammifères continentaux est, pour la plupart, mal documentée et rarement étudiée. Cela est attribuable à la nature secrète des mammifères; la plupart sont petits et nocturnes ce qui en rend l’observation difficile—à la différence des oiseaux. Nombre de grands mammifères occupent un vaste domaine vital dans lequel ils se déplacent constamment. Ils sont donc difficiles à détecter. En outre, la plupart des mammifères ne migrent pas comme le font les oiseaux et ne peuvent donc faire l’objet d’un décompte et d’une observation à des endroits clés le long des voies migratoires. Pourtant, les estimations des populations des mammifères de plus grande taille atteignent des chiffres impressionnants.

Au Canada, la population albertaine du cerf mulet a été estimée à plus de 150 000 têtes. La population de l’élan d’Amérique dépasse 500 000 têtes, tandis que 300 000 orignaux sont répartis sur tout le continent. La population du cerf de Virginie dans tout le Canada est de l’ordre de deux millions et demi de têtes. Celle du cerf de Virginie en Amérique du Nord est estimée à plusieurs millions.

Densité de population des mammifères

À l’intérieur d’une zone donnée, les densités de population des mammifères sont habituellement élevées. De nombreuses espèces de rongeurs, tels que les campagnols et les souris, peuvent se reproduire à un taux formidable; six à huit portées de jeunes en une seule saison sont assez fréquentes. En conséquence, le nombre de campagnols sur les terrains herbeux autour de l’aéroport peuvent atteindre facilement quelques milliers. La densité moyenne du campagnol des champs se situe entre 45 et 150 animaux par demi-hectare. Lorsque la densité de population atteint des pointes, ce chiffre peut grimper jusqu’à 400. Le tableau 4.1 fournit les estimations de la densité du domaine vital d’un certain nombre d’espèces de mammifères communes.

Espèce Nombre d’individus
Ours noir 1
Renard roux 5-10
Raton laveur 50
Mouffette rayée 50-65
Lièvre de Townsend 50-100
Souris sylvestre 640-6 400
Lapin à queue blanche 3 200-6 400
Marmotte d’Amérique 3 200-16 000
Campagnol des champs 144 000-480 000

Tableau 4.1 Estimation du nombre de quelques mammifères communs dans un domaine vital de 5 milles carrés

Poids des mammifères

La taille corporelle et le poids des mammifères sont beaucoup plus importants que ceux d’un oiseau car la vaste majorité des mammifères évoluent dans un milieu terrestre ou aquatique et ne sont pas limités par les exigences du vol. La musaraigne pygmée d’Amérique du Nord dont la longueur corporelle est inférieure à deux pouces et le poids de 0,1 once seulement est le plus petit mammifère vivant. Le plus imposant mammifère terrestre est l’éléphant d’Afrique, qui peut atteindre 11 pieds de hauteur et peser jusqu’à 15 000 lb. Le plus grand animal de la planète est le rorqual bleu dont la longueur peut varier de 70 à 80 pieds et l’incroyable poids se situer autour de 390 000 lb. À l’exception de ces extrêmes, la majorité des mammifères sont plus petits qu’un chat domestique et pèsent moins d’une livre.

En Amérique du Nord, les ongulés et les carnivores sont les plus grands mammifères. Lorsqu’ils se hasardent jusqu’aux pistes en service, ils constituent une menace réelle. Le tableau 4.2 présente les poids des espèces de mammifères jugées dangereuses pour les aéronefs en Amérique du Nord.

Sens des mammifères

Le degré auquel les mammifères voient, entendent, flairent et goûtent varie considérablement. Ces variations sont directement liées à leur milieu, à leur mode de vie et à leur rôle de prédateur ou de proie.

Par exemple, le cerf —constamment sur le qui-vive dans l’éventualité d’une attaque— a une bien meilleure vision que la taupe dont les yeux se sont adaptés à la vie dans des tunnels souterrains sombres. Nous sommes tous familiers avec le fait que les chiens ont un odorat beaucoup plus fin que le nôtre—et qu’ils entendent des sons inaudibles

Espèce Poids (lb)
Orignal 800-1100
Wapiti 400-1000
Ours noir 200-600
Cerf-mulet 70-450
Caribous des toundras 150-400
Cerf de Virginie 90-400
Pronghorn 70-150
Coyote 15-50
Raton laveur 10-30
Renard roux 8-30
Marmotte d’Amérique 5-14
Lièvre d’Europe 6-12
Lièvre de Townsend 5-10
Mouffette rayée 2-5
Lièvre d’Amérique 3-4
Lapin à queue blanche 2-4

Tableau 4.2 Poids de quelques mammifères communs d’Amérique du Nord

pour l’oreille humaine. Un grand nombre d’espèces ont un sens de l’ouïe, de l’odorat et de la vision très développé—à la différence des oiseaux qui ont évolué principalement avec un sens aigu de la vision.

Vision

Tous les mammifères—y compris les humains—détectent la lumière dans la même gamme spectrale. Les mammifères ne peuvent voir la lumière ultraviolette ou infrarouge. D’après l’état de nos connaissances, à l’exception des humains et des autres primates, les mammifères ne reconnaissent pas la couleur.

La rétine de l’oeil humain se compose essentiellement de cellules de forme conique qui président à la netteté de la vision et à la détection de la couleur. Par contraste, la rétine de l’oeil des mammifères non humains se compose presque entièrement de bâtonnets qui enregistrent le noir, le blanc et le gris. Tout en limitant la détection de la couleur, les bâtonnets rétiniens permettent également une vision nocturne améliorée—un grand nombre de mammifères voient aussi bien la nuit que nous pendant les heures de la journée.

En raison de l’absence de cône rétinien chez les non-primates, leur acuité visuelle est moins grande; en revanche, ces animaux se sont adaptés à la détection du mouvement. Les mammifères peuvent ne pas détecter la présence d’un être humain à la condition qu’il reste immobile; toutefois, les mammifères non humains peuvent détecter le moindre mouvement—même un battement de cils. Des prédateurs comme le loup et le coyote ont une acuité visuelle semblable à celle de l’espèce humaine. Leurs yeux tournés vers l’avant procurent une vision binoculaire apte à la perception du relief. La plupart des mammifères proies ont une vision médiocre mais sont très sensibles à la détection du mouvement. Les yeux protubérants sur les côtés de leur tête procurent avant tout une vision monoculaire d’une ampleur proche de 360 degrés, en permettant le mouvement et la détection du danger d’où qu’il vienne.

Ouïe

Les mammifères non-primates possèdent un sens bien développé de l’ouïe; leur oreille interne est semblable à l’oreille humaine autant sur le plan de la structure que de la fonction. L’ouïe humaine est sensible aux sons dont la fréquence varie entre 40 et 20 000 hertz. Les chiens et les autres canidés—tels que le coyote et le loup—peuvent entendre des fréquences dans une gamme allant jusqu’à 30 000 ou 40 000 hertz. On croit que le cerf perçoit des fréquences aussi élevées que 30 000 hertz. Les chauves-souris, qui émettent des sons pour l’écholocation des insectes, peuvent détecter des fréquences de 100 000 hertz, bien que l’on ne sache pas si la détection du son à ces hautes fréquences est le fait d’une ouïe au sens où nous la comprenons.

En dehors de leur capacité à percevoir les fréquences sonores au-delà de notre domaine des fréquences audibles, beaucoup de mammifères sont munis d’une oreille externe proportionnellement plus large que celle de l’être humain. Des oreilles en pavillon procurent une surface réfléchissante plus importante dirigeant les ondes sonores vers l’oreille interne pour la réception et la détection des sons les plus faibles. Les mammifères sont également dotés de la capacité de bouger leurs oreilles—souvent indépendamment l’une de l’autre—afin de mieux identifier et repérer les sons.

Odorat

Les humains et les oiseaux voient le monde; les autres mammifères le flairent. Parmi tous les sens, l’odorat est le plus développé chez les mammifères. Leur environnement est riche en odeurs qui les informent de la présence du danger, de la nourriture et de la famille. Des études ont montré que le cerf ne peut discerner ses propres faons par la seule vision—mais se fie à son odorat. Bien que les humains puissent identifier des centaines d’odeurs différentes, la portée de l’odorat d’un mammifère est une réalité que nous ne pourrons jamais nous représenter.

Chez les humains, le nez est associé à la respiration mais sa fonction première chez la plupart des mammifères est celle de l’olfaction, ou flair. Ce sens de l’odorat détecte d’infimes quantités de particules chimiques qui déclenchent les réactions des chémorécepteurs localisés dans le tissu épithélial recouvert de mucus qui tapisse les voies nasales.

La détection chimique se produit aussi bien à l’intérieur du nez qu’à la surface—à l’extérieur des narines. Les agents chimiques se dissolvent dans l’air et sont détectés par les récepteurs superficiels de cette portion humide du nez.

Le sens aigu de l’odorat chez les mammifères est véritablement stupéfiant. Les coyotes et les loups détectent souvent des campagnols sous une épaisse couche de neige uniquement par l’odorat. Les cerfs et les mouflons de montagne utilisent également leur odorat pour détecter de la nourriture sous la neige. De grands ongulés—comme le cerf, l’orignal et l’élan d’Amérique—ne possèdent pas une vision perçante et dépendent souvent de la trace odorante d’un prédateur pour reconnaître le danger. Dans des conditions idéales, les limiers peuvent suivre une odeur vieille de deux semaines. De petits mammifères dotés d’une ouïe et d’une vision médiocres—tels que les campagnols et les souris— dépendent presque entièrement de l’odorat pour survivre dans leur milieu.

Goût

Les expériences sur les mammifères indiquent qu’ils ont un goût très développé. Tout comme les humains, les mammifères peuvent détecter le goût seulement par ses qualités douces, acides, amères ou salées. La capacité humaine à différencier les saveurs dépend en fait beaucoup plus de notre odorat que du goût proprement dit. Cela est probablement vrai aussi des autres mammifères, ce qui est de nature à dérouter les efforts visant à atteindre le bon équilibre entre goût et odorat dans la mise au point d’une nourriture dissuasive chimiquement modifiée—car nous ne savons tout simplement pas ce qui a bon ou mauvais goût pour les différentes espèces de mammifères.

Toucher

Pour les mammifères, le sens du toucher se concentre premièrement sur la surface cutanée qui n’est pas recouverte de fourrure—le nez, la langue et les coussinets des pattes. Les mammifères sont munis de capteurs tactiles localisés sur la peau qui détectent les sensations de chaleur et de froid, l’effleurement, la pression et la vibration. À la différence des oiseaux, le sens du toucher chez les mammifères est important pour la communication. La stimulation tactile comme le léchage, le reniflement, le toilettage et le pincement est un aspect important des comportements sociaux variés incluant la fonction de reproduction et d’apprentissage.

Comportement des mammifères

Collectivement, les mammifères montrent une richesse de comportement complexes qui varient selon la saison, les heures du jour, les conditions environnementales et l’espèce.

Périodes d’activité

Les mammifères sont en majorité nocturnes, c’est-à-dire actifs de nuit. La présence de traces et d’excréments sont souvent les seuls indices qui trahissent la présence de mammifères dans une zone donnée. Leur identification et la détermination des espèces

qui occupent l’environnement d’un aérodrome sont des interventions cruciales pour réduire les dangers possibles car plus de 60 pour cent des collisions signalées avec des mammifères surviennent la nuit. Certains mammifères—y compris les lapins, les lièvres et les chevreuils—sont très actifs à l’aube et au crépuscule. Ils passent le milieu du jour—et leur nuit—à se reposer. D’autres espèces de mammifères tels que les écureuils et les grands herbivores sont actifs seulement pendant le jour.

Un certain nombre de facteurs peuvent avoir une influence sur les modes d’activités des mammifères. Par exemple, l’abondance ou la pénurie de sources de nourriture prolongent l’activité de nutrition au-delà des périodes normales. À l’automne, beaucoup de mammifères consacrent plus de temps à se nourrir afin de constituer des réserves d’énergie pour l’hiver. Dans le temps de l’accouplement, aussi bien les mâles que les femelles sont souvent actifs pendant des périodes prolongées. Les mammifères ont tendance à être moins actifs lorsque les conditions atmosphériques sont défavorables, bien que ces périodes d’inactivité forcée soient souvent suivies d’une augmentation notable d’activité.

Nourriture

Les mammifères se classent en quatre groupes selon la façon dont ils se nourrissent :

  1. carnivores (viande),
  2. herbivores (végétaux),
  3. insectivores (insectes),
  4. omnivores (généralistes au régime très varié).

Environ 80 pour cent des espèces de mammifères sont herbivores se nourrissant de feuilles, pousses, racines, brindilles, brout et graines. Beaucoup de mammifères sont attirés vers les aéroports par les terrains herbeux et par les arbres et arbustes qui poussent aux abords. La plupart des herbivores se nourrissent de types de végétation particuliers. Ainsi, l’élimination ou le contrôle de ces sources de nourriture peut constituer une méthode de gestion primaire. Par exemple, l’activité du cerf peut être réduite par l’élimination des arbustes et de l’habitat forestier d’espèces pionnières qui lui fournit la nourriture qu’il broute. De la même manière, les programmes de gestion de l’herbe qui assurent le contrôle du couvert herbeux et de la production de semences peuvent réduire les populations des petits mammifères.

Les carnivores sont le deuxième groupe de mammifères qui vivent dans les aéroports. Ils sont attirés par la présence de petits mammifères. La présence de coyotes et de renards est le signe de populations florissantes de petits mammifères comprenant des campagnols, des souris, des lapins et des lièvres. Dans ce cas, le contrôle des proies est souvent le meilleur moyen de réduire le nombre des prédateurs.

Espèce Taille du domaine vital
Ours noir 80 milles carrés
Raton laveur 1 mille carré
Loup 100 à 300 milles carrés
Coyote 50 à 100 milles carrés
Renard 1 à 4 milles carrés
Orignal 1 à 2 milles carrés
Cerf de Virginie 0,0625 à 0,469 mille carré
Lièvre d’Amérique 0,016 mille carré
Écureuil roux 0,003 à 0,008 mille carré
Campagnol des champs 0,0008 à 0,001 mille carré

Tableau 4.3 Taille du domaine vital de quelques mammifères communs d’Amérique du Nord

Comportement des mammifères qui constitue une menace pour l’aviation

Le comportement des mammifères qui pose des risques pour l’aviation se subdivise ainsi :

  • comportement qui crée des menaces directes et indirectes pour l’aviation,
  • comportement qui crée d’autres menaces dans l’environnement aéroportuaire.

Comportement des mammifères qui crée des menaces directes et indirectes pour l’aviation

Mouvements

Les mammifères ne rôdent pas au hasard; leurs activités quotidiennes se déroulent à l’intérieur d’un domaine vital ou territoire bien défini. Ces domaines qui sont décisifs pour déterminer les densités locales de population varient beaucoup par leur taille. Généralement, cette dernière est en rapport avec la taille de l’espèce; les grands mammifères sont plus mobiles et nécessitent un accès à des sources de nourriture plus abondantes et occupent donc un territoire plus étendu. Le tableau 4.3 présente les tailles typiques des domaines vitaux de quelques groupes de mammifères dont le régime alimentaire est semblable mais la taille corporelle varie.

Les mouvements à l’intérieur d’un domaine vital varient selon les espèces. Un grand nombre de carnivores parcourent d’une manière incessante leur territoire en quête de proies. D’autres espèces font des mouvements circonscrits entre les différents habitats de leur domaine vital, réagissant aux variations locales et saisonnières qui affectent l’abondance des types particuliers de nourriture ou des exigences de l’habitat de reproduction particulier. Au cours de la saison d’accouplement, la recherche d’un compagnon peut déborder le domaine vital typique du mâle. Bon nombre des espèces de rongeurs sont étonnamment statiques, se déplaçant uniquement de quelques centaines de mètres dans le cours de leurs activités quotidiennes.

Certains mammifères, notamment les ongulés de grande taille tels que le cerf, entreprennent des migrations saisonnières. La connaissance de ces mouvements aide le personnel de contrôle de la faune à réduire les risques que posent les grands mammifères. Le caribou, qui peuple le Grand Nord, entreprend des migrations importantes entre le pâturage d’été et son aire d’hivernage. Certaines hardes parcourent des centaines de milles chaque année, au printemps et à l’automne. Des populations locales de cerfs de Virginie migrent pour gîter dans des enceintes bien établies et protégées au cours des hivers très enneigés. Selon les conditions locales, ces mouvements peuvent couvrir plus de cent kilomètres. Un examen des données concernant les collisions avec des cerfs sur une période de cinq ans indique que 45 pour cent de tous les impacts surviennent à l’automne, lorsque de nombreuses populations locales se déplacent vers leurs aires d’hivernage.

Comportement social

Les mammifères font preuve d’un comportement social complexe dans tous les aspects de leurs vies. Les études s’étant multipliées au cours de 30 dernières années, la connaissance de ce comportement forme une grande partie de la littérature scientifique sur les mammifères et fournit des renseignements précieux pour le personnel de contrôle de la faune des aéroports—notamment par rapport aux liens que les mammifères entretiennent avec leurs congénères. Quelques-uns vivent par petits groupes épars; d’autres forment des hardes et des troupeaux bien structurés ou vivent dans des colonies très organisées.

La majorité des rongeurs d’Amérique du Nord mènent des vies solitaires sur leur territoire. Par contraste, quelques espèces de rongeurs—marmottes, écureuils terrestres et chiens de prairie—se réunissent dans des colonies nombreuses. Les rongeurs coloniaux vivent dans des tanières et des terriers que les membres de la colonie aménagent et défendent collectivement. Une ville des chiens de prairie, avec son réseau complexe de terriers, tunnels et entrées, peut couvrir plusieurs centaines d’acres et abriter des centaines d’individus groupés dans des blocs distincts. Aussi bien le spermophile du Columbia que celui de Richardson vivent dans de petites colonies comprenant de 20 à 30 individus. Les terrains herbeux des aéroports, étendus et calmes, sont attrayants pour ces colonies. Une fois établies, celles-ci peuvent provoquer de nombreux problèmes sur les lieux d’un aéroport, en interférant avec les programmes de gestion de l’herbe, en mordillant et en endommageant les fils électriques, en rongeant le terrain sous les pistes et les voies de circulation et en attirant des oiseaux et des mammifères prédateurs.

Les ongulés, tels que le cerf, l’élan d’Amérique et le caribou, vivent dans des groupes et des hardes variant de trois à plusieurs centaines d’animaux. Le cerf de Virginie et le cerf mulet sont les espèces les plus communes qui se réunissent en hardes dans la plupart des régions d’Amérique du Nord. Le cerf mulet est en général plus grégaire que le cerf de Virginie. Il vit dans de petites troupes formées de deux à 20 individus d’âge mixte tout au long de l’année. Le cerf de Virginie est plus solitaire l’été; toutefois, vers la fin de l’automne et en hiver il se regroupe en hardes qui peuvent comprendre des centaines d’individus. Dans les zones où les sources de nourriture sont limitées, les terrains herbeux protégés et les petits terrains boisés des aéroports peuvent attirer les cerfs en grand nombre. Par exemple, les aéroports O'Hare de Chicago et Lester B. Pearson de Toronto sont situés dans des zones très urbanisées; ces aéroports ont, tous deux, signalé des hardes réunissant jusqu’à 50 têtes.

Indépendamment de leur taille, les hardes de cerfs comportent des risques importants dans l’environnement aéroportuaire. La gestion de ces risques constitue un équilibre subtil entre le souci de la sécurité des passagers et celui de la conservation de la faune. Il y a lieu de sensibiliser le public aux menaces posées par le cerf avant d’entreprendre toute mesure de contrôle efficace.

Comportement des mammifères qui crée d’autres menaces dans l’environnement aéroportuaire

Mammifères rongeurs

Les rongeurs se distinguent par deux paires d’incisives tranchantes qui lui servent à ronger et couper la végétation, des brindilles, des écorces et des graines. L’animal doit utiliser constamment ces dents, qui se développent tout au long de sa vie, pour qu’elles restent tranchantes. La partie frontale de la dent est plus dure mais s’use plus rapidement en rongeant, ce qui crée une arête acérée. Le besoin de mordiller conduit beaucoup de rongeurs à attaquer instinctivement des matériaux aussi durs que le bois, le plastic et même des métaux mous et constitue une menace pour les fils et les installations électriques du terrain et de l’intérieur des bâtiments et des aéronefs. Dans le cas des aéroports qui comportent des populations importantes de petits mammifères, le coût des dommages peut être considérable.

Mammifères fouisseurs

L’action de creuser—propre à un grand nombre d’espèces animales—est un motif de préoccupation en milieu aéroportuaire. Certains mammifères, comme le coyote, le renard et le loup, creusent et occupent des tanières uniquement dans le but de prendre soin de leur progéniture. Les terriers de la marmotte d’Amérique, de l’écureuil terrestre et du chien de prairie servent à la reproduction et au repos et à la protection contre les prédateurs. La tanière d’une seule marmotte peut comporter un réseau d’entrées et de tunnels multiples; la longueur d’une tanière peut dépasser 45 pieds. Les écureuils terrestres creusent des terriers compliqués à plusieurs entrées qui forment un labyrinthe de galeries, passages aveugles et chambres. Ces tunnels ont une longueur variant de 10 à 60 pieds.

Ces excavations menacent les programmes de gestion de l’herbe sur les terrains des aéroports, interfèrent avec les lames et les roues des machines à couper. L’affouillement peut également causer l’effondrement des accotements des pistes et des voies de circulation.

Comportement des mammifères face aux aéronefs

De nombreux facteurs peuvent modifier le comportement des mammifères face à un aéronef, notamment :

  • l’espèce
  • la période de l’année,
  • les conditions atmosphériques,
  • l’âge et la condition du mammifère,
  • la familiarité du mammifère vis-à-vis de l’aéronef et du milieu aéroportuaire.

La documentation scientifique concernant le comportement des mammifères face à un aéronef fait défaut. Les renseignements anecdotiques sont également peu nombreux; de nombreuses rencontres mammifère-aéronef surviennent pendant la nuit lorsque les pilotes sont incapables d’observer l’état d’effroi et la réaction de fuite de l’animal.

Comportement évolutif et adaptatif des mammifères en présence des aéronefs

À la différence des oiseaux, la plupart des mammifères se méfient de la présence humaine. Cela est particulièrement vrai des grands mammifères tels que le cerf, l’ours, le loup et le coyote. Les mammifères réagissent en se figeant lorsqu’un bruit ou un mouvement les alarme et en évitant de bouger pour ne pas être détectés pendant qu’ils localisent la source du danger. Cette réaction est suivie d’un comportement de fuite et l’animal court en ligne droite dans le sens opposé à la menace perçue; il paraît savoir d’instinct qu’une tentative de fuite qui n’est pas précédée par l’identification de la menace peut l’amener à rencontrer la source du danger même.

Pourtant les mammifères qui posent une menace d’impact sur un terrain d’aéroport n’ont pas une crainte innée d’un aéronef ou d’un véhicule. Les mammifères s’adaptent à presque tous les sons ou les mouvements et s’habituent rapidement aux bruits et aux mouvements d’un aéronef. Dans les parcs nationaux, par exemple, le cerf, l’orignal, l’élan d’Amérique et l’ours paissent fréquemment sans s’émouvoir le long de routes et de lignes de chemin de fer fréquentées, accoutumés à cette activité intense.

Réactions comportementales des mammifères face aux aéronefs

Le comportement des mammifères face à un aéronef est imprévisible; il varie selon l’espèce de l’animal et sa maturité.

Les données indiquent que le cerf est le mammifère qui se fait le plus fréquemment frapper dans les aéroports. Compte tenu de son agilité et de sa prudence, cette susceptibilité paraît curieuse, mais effrayé par le bruit et pris dans les phares d’atterrissage, il se fige, ce qui lui est souvent fatal— avant qu’il ne soit capable de localiser la source du danger et de s’enfuir, l’aéronef fonce sur lui. Ces mammifères sont hypnotisés lorsqu’ils fixent une source puissante de lumière la nuit; ils restent souvent figés pendant un laps de temps prolongé avant de s’esquiver, peut-être parce que la lumière éblouissante les aveugle et les empêche de voir ce qui se trouve derrière les phares.

 


Photo : Brian Blackley, Troy Messenger
Lear 60 détruit à la suite d’une collision
avec un cerf au moment de l’atterrissage
à Troy (Alabama) en janvier 2001.

Les chasseurs du cerf de Virginie se postent souvent sur des arbres car ils prétendent que l’animal ne détecte pas les mouvements à une distance de plus de trois mètres au-dessus de sa ligne de vision. Il se peut que le cerf de Virginie ne se tourne pas instinctivement vers une source de danger en hauteur car peu de prédateurs l’attaquent d’en haut. Pourtant dans les régions fréquentées par le cougar—qui s’élance des arbres et des rochers—le cerf mulet et le cerf à queue noire doivent vraisemblablement regarder en haut à l’affût d’un danger avec plus de probabilité que le cerf de Virginie.

La nature dynamique des populations de mammifères

La plupart des populations de mammifères demeurent stables à hauteur ou proches de la capacité portante de l’espèce, d’une année à l’autre. Les fluctuations annuelles de population mises à part, —à l’apogée à la fin de l’automne et faible au début du printemps—il est rare de constater des changements radicaux dans leur nombre. À la différence des oiseaux, qui sont très mobiles et capables de s’approcher ou de s’éloigner rapidement d’un lieu donné, les mammifères ont tendance à être limités dans leurs mouvements à l’intérieur de la zone dans laquelle ils sont nés. En outre, la compétition entre des espèces de mammifères semblables se traduit par des confins territoriaux bien délimités en empêchant l’établissement de nouvelles populations hors des domaines vitaux existants.

Le nombre de certaines espèces de mammifères affiche des changements cycliques. Par exemple, les populations du lièvre d’Amérique, du lemming et de quelques espèces de campagnols enregistrent des oscillations dramatiques. Ces fluctuations suivent un schéma cyclique sur un certain nombre d’années—des nombres extrêmement bas ou élevés, suivis par un effondrement de population dû soit à un épuisement de la nourriture soit à la propagation d’une maladie. La variation entre des valeurs élevées et basses de population peut être extrême. Par exemple, les études du comportement du lièvre d’Amérique ont montré des densités de population d’un individu par mille carré jusqu’à 3 400 individus par mille carré. Les fluctuations des populations du campagnol des champs surviennent sur une période de trois à quatre ans, la densité s’élevant de 15 à 45 individus par acre à des pointes de 400 animaux. Il n’est pas surprenant que les populations des prédateurs s’élèvent et chutent en même temps que celles de leurs proies, bien que leur nombre atteigne rarement les mêmes hauts et bas.

D’autres variations non cycliques des nombres de populations de mammifères peuvent être enregistrées par effet direct d’une abondance ou d’une pénurie soudaine de nourriture. Les populations peuvent augmenter lorsque des périodes prolongées de conditions climatiques favorables conduisent à une abondance de nourriture. Les quantités peuvent également s’accroître lorsque les animaux sont attirés vers des zones procurant une disponibilité de nourriture de courte durée. Des pénuries périodiques et extrêmes peuvent entraîner des déplacements de populations entières d’animaux; des ours noirs en quête de nourriture rôdaient dans des collectivités suburbaines d’Ottawa vers le milieu des années 1990 à la suite d’une pénurie de baies sauvages survenue à l’automne. Dans les zones où les chutes de neige hivernales sont abondantes, deux ou trois hivers consécutifs plus doux que d’habitude peuvent produire un accroissement notable de la population de cerfs. Leur nombre est contrôlé principalement par le biais de la mortalité hivernale; là où la nourriture abonde, peu d’animaux meurent.

Les mammifères sont capables d’étendre leur domaine vital uniquement lorsque les pressions des prédateurs ou des espèces concurrentes se relâchent ou lorsqu’un nouvel habitat devient accessible. Ces changements ont tendance à intervenir sur des territoires géographiques vastes où des populations locales éparses connaissent une expansion graduelle. Par exemple, le coyote a étendu son domaine vers le Nord et à l’Est jusqu’au Canada, au début du XXe siècle. Cette expansion lente du domaine du coyote était directement liée à la disparition de son prédateur et concurrent—le loup. En conséquence, le domaine vital du coyote et sa densité de population continuent de croître au Canada. De la même manière, la déforestation—conjuguée à la diminution des populations de loups—a permis au cerf de Virginie de se répandre à l’est du Canada et des États-Unis.

Quelques mammifères ont récemment étendu leur domaine vital et vu leur population augmenter par l’effet direct d’initiatives humaines. De grands gibiers comme le cerf de Virginie, l’élan d’Amérique et l’orignal ont fait l’objet des programmes d’introduction depuis le début du XXe siècle. Les programmes de gestion des habitats et la création de réserves naturelles et de parcs ont bénéficié grandement aux populations d’animauxgibiers locales. Enfin, la diminution des activités de trappage et la suppression de certains programmes de lutte antiparasitaire ont ramené de nombreuses espèces dans leurs domaines vitaux et entraîné une reprise de la densité de leurs populations locales.

Adaptations des mammifères au paysage humain

En Amérique du Nord, la vaste majorité des espèces de mammifères ne se sont pas bien adaptées à la présence humaine accrue qui, au cours des 200 dernières années, a provoqué des réductions considérables des nombres et de la répartition de quelques-uns des mammifères présents sur le continent. Il est parfois difficile de croire les récits historiques des premiers colons et explorateurs qui ont décrit d’un océan à l’autre l’abondance des ours, des loups, des cougars, des grands animaux gibiers et animaux à fourrure. Déplacés et exterminés par l’activité humaine, beaucoup de grands mammifères occupent aujourd’hui des domaines vitaux qui ne sont qu’une fraction de ce qu’ils étaient autrefois. Les activités de coupe forestière et les cultures agricoles ont éliminé les habitats de beaucoup d’espèces repérées aujourd’hui uniquement dans des régions éloignées et des parcs à l’état naturel. Beaucoup de petits rongeurs et de mammifères carnivores considérés comme une menace directe aux intérêts agricoles ont été sujets à des programmes extensifs et prolongés d’extermination qui ont eu pour effet de réduire leur territoire et la taille de leur population.

Un petit nombre seulement de mammifères se sont adaptés aux environnements ruraux, suburbains et urbains—des espèces tels l’écureuil de nos parcs, le cerf dans nos campagnes, les mouffettes et le raton laveur. Trois facteurs ont contribué au succès de quelques mammifères dans le paysage humain d’aujourd’hui :

  1. une augmentation des sources de nourriture,
  2. une augmentation des habitats,
  3. une augmentation des populations et l’expansion des domaines consécutive à laréduction des activités de chasse et piégeage, ainsi qu’à l’absence de prédateurs etde concurrents naturels.

De nombreux mammifères ont bénéficié de l’essor de l’agriculture qui a étendu l’habitat en terrain dégagé et procuré de nouvelles sources de nourriture. Beaucoup de cultures— céréalières. légumières et fruitières—offrent des sources nouvelles et abondantes de nourriture à un certain nombre de mammifères. Les pâturages et les prairies fournissent un habitat à quelques petits mammifères dont l’abondance et le domaine étaient traditionnellement limités par la prédominance de la forêt. La mosaïque rurale de champs débroussaillés, de terrains cultivables et de pâturages, de haies basses et de boisés composent un habitat idéal pour des espèces aussi variées que le coyote, le renard, le lapin et le lièvre, le siffleux, le campagnol et le cerf de Virginie. Certains mammifères tels que les mouffettes, les ratons laveurs, les chauves-souris et les écureuils ont réussi à exploiter avec grand succès le paysage humain et leur présence est désormais commune dans les milieux suburbain et urbain. Quelques grands mammifères comme le cerf et le coyote ont bénéficié de l’éloignement par l’homme de prédateurs naturels et de concurrents. Dans de nombreuses régions du Canada et des É.-U., le cerf et le coyote sont aujourd’hui souvent plus présents dans les zones rurales et suburbaines que dans leurs habitats naturels. À mesure que leur population augmente, beaucoup d’espèces dont la densité n’est plus assujettie à un contrôle se rétablissent eux-mêmes dans beaucoup de zones rurales et suburbaines.

Caractéristique Avantage Espèce de mammifère
Cultures céréalières Source de nourriture directe Lapin, lièvre, écureuil, cerf, marmotte d’Amérique, raton laveur
Pâturages et prairies de fauche Source de nourriture directe

Augmentation de petites proies à l’avantage des prédateurs Habitat plus étendu

Lapin, lièvre, écureuil terricole, cerf, campagnol Renard, coyote, blaireau, mouffette

Campagnol, souris, mulot, lapin, lièvre, blaireau, marmotte d’Amérique, écureuil terricole

Mosaïque rurale de haies basses et de boisés Habitat plus étendu Renard, coyote, lapin, marmotte d’Amérique, raton laveur, mouffette, cerf
Vergers et cultures de baies Source de nourriture directe

Habitat plus étendu

Cerf, raton laveur, mouffette, ours, lapin, mulot, campagnol Campagnols, mulot, lapin, marmotte d’Amérique, mouffette
Sites de décharge et de déchets alimentaires Source de nourriture directe Renard, coyote, ours, mouffette, raton laveur rat, mulot
Immeubles Abri Raton laveur, mouffette, mulot, rat, chauve-souris, écureuils arboricole
Massifs d’arbustes

Bassins, étangs, canaux et douves

Habitat plus étendu

Habitat plus étendu

Renard, coyote, mouffette, raton laveur, marmotte d’Amérique, cerf, lapin, lièvre, campagnol, mulot Rat musqué, castor, raton laveur
Forêts exploitées et gérées Nourriture plus abondante et habitat plus étendu Cerf, orignal, wapiti
Zones de conservation et refuges Habitat plus étendu La plupart des mammifères
Programmes de gestion de la faune, mesures de contrôle, chasse et piégeage Réduction de la pression sur les populations Coyote, renard, castor, rat musqué, cerf, lièvre, écureuil terricole, marmotte d’Amérique, raton laveur

Tableau 4.4 Caractéristiques de l’environnement humain attrayantes pour les mammifères

Bien que les mammifères, en tant que groupe, n’aient pas exploité le paysage humain avec un aussi grand succès que les oiseaux, on peut affirmer que certains d’entre eux en ont assurément tiré parti—et qu’ils ont tendance à faire partie des espèces rencontrées le plus fréquemment dans l’environnement aéroportuaire (v. tableau 4.4).

Mammifères qui créent communément des problèmes de sécurité aérienne

Les données relatives aux impacts de la faune indiquent qu’un certain nombre d’espèces sont entrées en collision avec des aéronefs en Amérique du Nord. Certains, tels que le cerf et le coyote, sont directement impliqués dans des collisions. D’autres espèces, et en particulier les campagnols, sont impliquées indirectement car elles attirent les prédateurs comme les renards, les buses et les hiboux qui, eux, peuvent être directement associés aux impacts signalés.

Les sections qui suivent présentent quelques-unes des espèces impliquées directement ou indirectement dans des collisions.

Espèces impliquées directement dans des impacts de la faune

Cerf

  • Près de 70 pour cent de tous les impacts signalés avec des mammifères en Amériquedu Nord impliquent le cerf, ce qui fait de cet animal la principale menace. Plus de40 collisions avec des cerfs sont signalées annuellement en Amérique du Nord—dont beaucoup entraînent des dommages importants pour l’aéronef.
  • Sur les deux espèces de cerf d’Amérique du Nord—le cerf mulet et le cerf de Virginie—impliquées dans des collisions avec les aéronefs, le cerf de Virginie constitue le plusgrand risque, notamment en raison de sa répartition plus étendue.

 


Beech 1900 très endommagé après avoir percuté un cerf de Virginie à Latrobe (Pennsylvanie), en décembre 1996.

 


Cerf et coyote. Les deux mammifères les plus souvent frappés en Amérique du Nord.

  • Le cerf de Virginie s’est bien adapté au paysage façonné par l’homme. Les populations denombreuses zones rurales et suburbaines ont augmenté considérablement en raison del’absence de prédateurs naturels, l’absence de chasse et la disponibilité de nourriture.Dans certaines zones, les populations atteignent des densités telles que la famine estle premier facteur de contrôle.
  • Ces espèces de cerfs ont, toutes deux, tendance à migrer et à parcourir des distancesaussi grandes que 100 milles pour se rendre aux aires d’hivernage en hardes de taillesdifférentes.
  • Sur les terrains aéroportuaires, le cerf est attiré par la végétation à grandes feuilles,les terrains herbeux et les espèces végétales cultivées—et particulièrement le trèfle etla luzerne; il broute également les feuilles des arbustes et les jeunes pousses. Les terrainset les ravins boisés fournissent un abri sûr et des aires de repos. Dans les milieuxsuburbains, les aéroports peuvent abriter une concentration de cerfs, procurant laseule source de nourriture et le seul lieu où ils sont à l’abri.
  • Dans les zones rurales, le cerf est attiré par les cultures céréalières, les vergers, les boisd’arbres à feuilles caduques non encore parvenus à maturité ainsi que les plantationsd’épicéas et de pins qui fournissent un couvert hivernal idéal. Les haies-clôtures desexploitations agricoles sont souvent utilisées comme couloirs entre les aires de nutritionet de repos.

Coyote

  • Après le cerf, le coyote est l’animal le plus dangereux dans les aéroports d’Amériquedu Nord. Entre 1992 et 1996, 35 collisions ont été signalées aux États-Unis, totalisant11 pour cent de tous les impacts de mammifères. Le coyote est attiré par l’environnementaéroportuaire en raison de la présence de petits mammifères tels que les campagnols, les lapins, les lièvres et les marmottes d’Amérique. Les terrains d’aviation qui abritentdes populations de marmottes et de blaireaux d’Amérique offrent également des airesde mise bas aux coyotes.
  • Bien qu’ils soient souvent confondus avec les loups, les coyotes ont une taille pluspetite et un corps plus mince; ils ressemblent à des chiens de taille moyenne. Aucours des 50 dernières années, cette espèce a étendu son territoire au nord-est desÉtats-Unis et dans l’est du Canada.
  • L’unité sociale de base comprend le couple et les petits, mais en hiver ils forment destroupeaux afin de chasser des grands animaux comme le cerf. Les troupeaux de coyotescomprennent les autres membres de la famille et se composent de 4 à 10 animaux.
  • Le coyote est intelligent et très méfiant à l’égard des humains. C’est un animal quis’adapte facilement et une des rares espèces de mammifères capables de prospérerdans les milieux ruraux et suburbains. Dans les zones défrichées, il préfère unpaysage de prairie ouverte, de boisés. de ravins et de terrains agricoles.
  • Les coyotes peuvent être actifs à toute heure de la journée mais ils sont principalementnocturnes.
  • Les femelles mettent bas dans des tanières agrandies souvent créées initialement pardes marmottes et des blaireaux d’Amérique. Le territoire de chasse autour de la tanièrepeut atteindre un diamètre de 12 milles. Les femelles reviennent chaque année aumême territoire de reproduction.

Renard roux

  • Bien qu’il ne représente qu’un risque mineur, le renard roux est impliqué dans certainesdes collisions signalées chaque année en Amérique du Nord. Il est attiré vers le milieuaéroportuaire par la présence de campagnols, de lapins et de lièvres. Le renard rouxne dédaigne pas les déchets.
  • On dénombre cinq espèces de renards en Amérique du Nord : le renard roux dontl’aire de distribution est la plus vaste et qui est de loin l’espèce la plus commune. Lerenard roux est relativement petit—son corps n’est pas beaucoup plus large que celuid’un chat domestique.
  • La famille est la cellule sociale de base au moins pendant la moitié de l’année—depuis l’accouplement au début du printemps jusqu’à la dispersion des petits à la finde l’été. Passée cette période, les animaux sont solitaires jusqu’à la saison d’accouplementsuivante. Les renards modifient généralement les terriers abandonnés par lamarmotte d’Amérique pour s’y installer, mais ils peuvent aussi creuser leur propre abri.
  • Le renard roux préfère des habitats variés dans les zones suburbaines et rurales. Aucours des quelques derniers siècles, l’espèce est devenue particulièrement nombreusedans les zones rurales, étant attirée par le mélange de petits boisés, de terrains étenduset des haies-clôtures.
  • Le renard roux est omnivore et se nourrit de façon opportuniste de tout ce qu’il peutattraper. Vers la fin de l’été et à l’automne, des fruits, des baies et des insectes composenten général son régime. En hiver, la chair crue est sa principale nourriture. De petitsmammifères comme des campagnols, des marmottes d’Amérique, des écureuils, desrats musqués, des lapins et des lièvres sont ses proies principales. Les renards rouxsont des charognards et hantent les décharges.
  • Les renards roux sont actifs surtout la nuit mais ils peuvent chasser vers la fin del’après-midi et très tôt le matin. Lors de leur quête, ils peuvent parcourir jusqu’àcinq milles.
  • La densité moyenne du renard dans les zones agricoles est d’environ deux têtes parmille carré. Néanmoins, les cycles de la population du renard roux connaissent desfluctuations périodiques de 8 à 10 ans durant lesquelles les densités de pointe peuventatteindre 25 têtes par mille carré.

Espèces impliquées indirectement

Lapins et lièvres

  • Contrairement à la croyance populaire, les lapins et les lièvres ne sont pas des rongeursmais appartiennent à la famille des léporidés (Leporidae), ordre des lagomorphes(Lagomorpha). Bien que les lapins ressemblent à des rongeurs (ordre Rodentia), uncertain nombre de différences anatomiques séparent les deux ordres.
  • Les lièvres diffèrent des lapins par la largeur du corps et la longueur des oreilles etdes pattes arrière. Les lapereaux naissent glabres, aveugles et sans défense, tandis queles jeunes levrauts sont munis d’un pelage, naissent les yeux ouverts et sont capablesde courir peu après la naissance.
  • L’Amérique du Nord abrite 15 espèces de lapins et de lièvres. Celles dont l’airede distribution est la plus large et qui sont repérées le plus souvent sur les terrainsd’aviation comprennent le lièvre d’Amérique, le lièvre de Townsend et le lièvrecalifornien ainsi que le lapin à queue blanche.
  • Toutes les espèces habitent les terrains découverts et les prés et sont fréquentesdans le paysage rural. Elles sont attirées vers les terrains d’aviation par une abondanced’herbes et de dicotylédones. Des plantes cultivées comme le trèfle et la luzerne sont particulièrement attrayantes. Les haies-clôtures, les ravins recouverts d’arbustes, les fossés et les petits boisés aux abords des aéroports leurs procurent un excellent abri.
  • Les lapins et les lièvres sont particulièrement actifs à l’aube et au crépuscule, bien qu’ilsexercent une certaine activité nocturne.
  • Toutes les espèces sont extrêmement prolifiques, avec trois à quatre portées par an etquatre à cinq jeunes par portée. Les populations locales peuvent augmentersoudainement de façon considérable. Les populations de certaines espèces—tel lelièvre d’Amérique—peuvent connaître des fluctuations très marquées. Les densitéspeuvent varier de quelques individus par mille carré jusqu’à des pointes de plus de1 000 par mille carré en quelques années seulement.
  • Les lapins et les lièvres constituent un risque mineur. Seulement quelques impacts sontsignalés chaque année en Amérique du Nord. Toutefois, les lapins et les lièvres attirentd’autres animaux qui font peser une menace plus importante sur l’environnementaéroportuaire—notamment des prédateurs comme les renards, les coyotes, les buseset faucons, les hiboux et les aigles.

Écureuils

  • Les écureuils (Sciuridés) sont une des plus grandes familles qui appartiennent à l’ordredes rongeurs (Rodentia). Cette famille comprend des mammifères communs et bienconnus tels que les tamias, la marmotte d’Amérique, les marmottes, les écureuilsterrestres, les chiens de prairie et les écureuils arboricoles.
  • Parmi les écureuils arboricoles, l’écureuil roux, l’écureuil fauve et l’écureuil gris sontles plus communs et sont présents dans toutes les régions. Toutes les espèces sontarboricoles et terricoles et vivent dans les habitats boisés les plus variés. Leurs nidssont généralement situés dans les arbres mais ils utilisent également des structuresartificielles tels des poteaux, des tours, des édifices et des pièces de machineriecomme aires de nidification. Ils se nourrissent de tout, depuis les graines, les noix etles bourgeons jusqu’aux fleurs et aux champignons. Ces espèces se sont bien adaptéesaux environnements urbain et rural et sont repérables dans les boisés, les parcs, leshaies-clôtures, les brise-vent et tous les types de plantes paysagères.
  • Bien qu’aucun cas de collision impliquant des écureuils terricoles ou arboricoles avecun aéronef ne soit documenté, ces mammifères peuvent contribuer indirectement auxrisques d’impacts en attirant de grands oiseaux de proie et des mammifères prédateursdans l’environnement aéroportuaire. Les deux espèces peuvent causer également desproblèmes en rongeant les câbles et les fils, en établissant des nids et en déposant de lanourriture dans des édifices, de l’équipement de maintenance et des aéronefs stationnés.Les vastes réseaux de terriers des écureuils terrestres peuvent interférer avec les activitésde gestion de l’herbe.
  • On dénombre plus de 15 espèces d’écureuils terricoles, et parmi elles les chiens deprairie. Beaucoup d’espèces ont un territoire restreint et ne sont repérées que danscertaines zones d’une province ou d’un état. La plupart habitent les prairies herbeusesbien drainées où ils creusent des réseaux élaborés de tunnels ayant des accès multiples.Ils se nourrissent de feuilles, de graines et de plantes cultivées.
  • L’Amérique du Nord compte cinq espèces de marmottes, le plus important desécureuils terricoles. La marmotte commune—ou siffleux—est la plus connue danstout le Canada et l’est des États-Unis. Une grande marmotte d’Amérique peutmesurer deux pieds de longueur et peser 14 lbs. Ces animaux prospèrent dans lesterrains bien drainés, les pâturages et les haies-clôtures. Ils broutent en tout premierlieu et se nourrissent des parties végétatives des herbes, de graminées et jeunesplantes cultivées. Leurs tanières et terriers sont des grandes structures élaborées; lesentrées du terrier ont souvent la forme de monticules de terre.
  • Les marmottes d’Amérique constituent un risque mineur. Seuls quelques impactssont signalés chaque année en Amérique du Nord. Toutefois, ils attirent vers l’aéroportdes mammifères et des oiseaux qui posent une menace directe. Leurs terriers dérangentpassablement la coupe de l’herbe et peuvent provoquer l’effondrement des accotementsdes pistes et des voies de circulation. Les marmottes d’Amérique rongent égalementles fils, ce qui provoque des dommages aux systèmes de communications et d’éclairagede l’aéroport. Leurs terriers abandonnés fournissent des aires d’abri et de reproductionà d’autres espèces variées de mammifères tels les renards, coyotes, mouffettes etratons laveurs.

Campagnol

  • Les campagnols sont souvent confondus avec les mulots, mais il ont une queue pluscourte, des oreilles plus petites et un corps plus large et musclé.
  • Plus de 20 d’espèces de campagnols peuplent l’Amérique du Nord. Beaucoup habitentles terrains herbeux où ils se nourrissent de végétaux : feuilles, tiges, racines, fruits,graines et fleurs. Le campagnol des champs, dont l’aire de distribution est la pluslarge, est l’espèce la plus souvent signalée dans les aéroports.
  • Les campagnols sont rarement aperçus et leur présence est trahie par un réseau étendude tunnels herbeux dont le diamètre mesure 1,5 pouce et leurs nids en boule d’herbesdont le diamètre varie de 6 à 8 pouces.
  • Dans des conditions idéales, le campagnol des champs peut se reproduire àlongueur d’année; les populations peuvent donc augmenter rapidement. Le cycle despopulations locales s’échelonne sur une période de trois à quatre ans, avec despointes de quelques centaines d’animaux par acre.

 


Bien qu’ils ne soient pas souvent considérés comme une menace, de petits mammifères comme la marmote d’Amérique peuvent miner les pistes et les voies de circulation par les terriers qu’ils creusent.

  • Le campagnol des champs est une des principales sources de nourriture de nombreusesespèces de mammifères et d’oiseaux prédateurs. Le campagnol fournit 80 pour centdu régime de nombreuses espèces de buses, faucons et hiboux. Il forme la base del’alimentation du renard et du coyote.

Castor et rat musqué

  • Les castors et les rats musqués sont des mammifères aquatiques que l’on trouveessentiellement à proximité de l’eau. Les deux espèces habitent les rivières, les lacs,les ruisseaux, les marais, les marécages et les fossés. Bien qu’ils ne soient querarement impliqués dans des collisions avec un aéronef, ils peuvent constituer unrisque indirect.
  • Par la construction de digues, les castors créent des lacs, des bassins et des habitatshumides qui attirent de nombreuses espèces à risque, notamment les oiseaux aquatiques,les oiseaux de rivage et les rapaces.
  • Les digues des castors peuvent causer l’inondation des pistes et des voies de circulation.Leurs barrages élèvent également la nappe phréatique en provoquant des formationsde glace sous les pistes et les voies de circulation.

 


Les grands plans d’eau stagnante auxquels l’activité du castor contribue peuvent attirer des espèces dangereuses, notamment des oiseaux aquatiques.

  • Les rats musqués attirent les mammifères prédateurs et les oiseaux de proie.
  • En perçant des tunnels, les castors et les rats musqués peuvent causer également desproblèmes aux aéroports en endommageant les fossés de drainage et les berges descours d’eau et des ruisseaux.
  • En raison de la baisse de la demande de fourrure, les populations des deux espècessont de nouveau très importantes sur leurs territoires traditionnels. La présence deces espèces en milieu suburbain et urbain augmente dans la bande méridionale duCanada et les États-Unis.