par Bernard Pichette, Normes, Aviation civile, Transports Canada (retraité)
L’été est à nos portes! Bientôt nous pourrons décoller de nos magnifiques et pittoresques lacs et rivières et y amerrir.
Est-ce que vous n’avez pas envie de sortir de la maison et de goûter à la pure liberté de voler à nouveau? Il n’y a pas meilleure façon de le faire qu’à bord d’un hydravion à flotteurs ou d’un aéronef amphibie pour survoler nos magnifiques régions nordiques. Que ce soit pour ouvrir le camp au bord du lac pour l’été, organiser de fabuleuses expéditions de pêche, préparer le camp de chasse pour l’automne ou simplement naviguer dans le ciel et apercevoir nos nombreux paysages à couper le souffle — toutes les raisons sont bonnes pour s’emballer à l’idée de voler en hydravion à flotteurs. Vous avez la piqûre et vous voulez vous lancer à l’extérieur pour profiter de tout cela. Assurez-vous de le faire en toute sécurité pour que vous et vos proches puissiez profiter de ce privilège tout au long de la saison.
Les deux dernières années n’étaient en aucun point semblables aux précédentes. Cette année est l’année où nous sortons des confinements liés à la pandémie de COVID. Il y a eu beaucoup de périodes de confinement irrégulières et à court préavis partout au pays. Leur durée et leur gravité étaient différentes et chaque province avait sa propre réglementation. De plus, elles ont eu des répercussions sur certains de nos privilèges et sur notre façon de vivre. Cet été, l’état réel de votre aéronef et l’état réel du pilote sont un sujet de grande préoccupation pour Transports Canada (TC) et le Bureau de la sécurité des transports (BST), ainsi que pour la Federal Aviation Administration (FAA) et la plupart des autorités mondiales où les restrictions contre la COVID étaient appliquées de façon abrupte et irrégulière.
Pour plusieurs personnes, il a été très difficile d’accéder régulièrement à leur avion (et parfois d’obtenir le soutien d’un technicien d’entretien d’aéronef [TEA]) pour effectuer adéquatement les procédures d’entreposage à court ou à long terme requises par les constructeurs d’aéronefs et les fabricants de moteurs. Aujourd’hui, de nombreux pilotes et propriétaires font face à des difficultés semblables lorsqu’ils essaient de mener les inspections d’entretien pour la « remise en service » qui sont requises par ces mêmes constructeurs et fabricants. Les TEA et les techniciens débordent de travail, les pièces sont peut-être difficiles à obtenir et tous essaient de reprendre leurs activités de vol en même temps pour profiter de ce qu’ils aiment le plus. Tout cela ne peut pas se faire simultanément et ce n’est pas une course. Prenez le temps requis pour veiller à la vérification et à l’entretien adéquats de votre aéronef et de son moteur.
La corrosion a eu toutes les occasions possibles de s’attaquer à votre moteur et aux sections tubulaires du châssis, et possiblement à votre circuit carburant aussi, si de l’eau s’est graduellement accumulée dans les réservoirs et les conduites de carburant pendant les nombreux mois d’inactivité. En réponse à la pandémie de COVID, certains constructeurs ont publié des documents d’entretien spéciaux portant principalement sur les effets négatifs de la pandémie et sur les vérifications supplémentaires à faire. Soyez particulièrement vigilants lors des inspections. Les tubes et les fils en plastique pourraient avoir subi des dommages à la suite d’un entreposage à long terme. Vérifiez si les faisceaux de câbles et les connexions sont flexibles, endommagés ou usés. Testez tout l’équipement électronique. Vérifiez si votre aéronef est mentionné dans les consignes de navigabilité (CN) et les bulletins de service (BS) qui ont été publiés au cours des derniers mois et de la dernière année. Si c’est le cas, signalez-le rapidement à votre TEA. Rappelez-vous que le propriétaire est responsable de tout l’entretien qui doit être effectué. La signature du TEA atteste que le travail a été fait; il ne valide pas le certificat de navigabilité (CdN). Cette responsabilité revient au propriétaire.
Si vous pilotez un Cessna 206, vous serez heureux d’apprendre qu’il y a un nouveau certificat de type supplémentaire (CTS) approuvé pour la « fenêtre à double battant de la porte de soute avant » conçue au Canada. Avec cette modification, la porte de soute avant peut être ouverte, peu importe le réglage des volets. Cela permet d’épargner du temps précieux et réduit les complications en cas d’incident d’évacuation subaquatique. Soit dit en passant, il y a de nombreux fournisseurs partout au pays qui offrent des cours d’évacuation subaquatique. Même si nous comprenons qu’il pourrait être difficile pour certains pilotes de participer en personne au volet pratique de la formation, nous recommandons fortement qu’ils terminent au moins le volet en ligne de la formation au sol.
Maintenant que votre aéronef est sécuritaire, il est temps de voir si le pilote est aussi pleinement préparé. Vous avez probablement renouvelé votre certificat médical en utilisant la documentation en ligne de TC ou grâce à un appel vidéo auprès de votre médecin. Êtes-vous vraiment apte à voler? Si vous avez fumé, ingéré ou consommé toute forme de cannabis au cours des 28 derniers jours, vous ne l’êtes PAS. Si vous n’avez pas piloté votre aéronef depuis un certain temps, il pourrait s’agir de l’occasion idéale pour en examiner le rendement. Qu’en est-il des procédures normales et d’urgence? Et les listes de vérification? Vous sentez-vous à l’aise de surmonter n’importe quelle situation, n’importe quand? Bien sûr, vos bras et vos pieds devraient fonctionner comme prévu, mais est-ce que votre esprit est aussi aiguisé qu’avant? Avez-vous perdu un peu de la facilité et du confort que vous aviez développé lorsque vous voliez dans des conditions de turbulence, de plafonds bas et de vents traversiers? Est-ce que vos yeux sont encore assez vifs pour naviguer en utilisant la carte aéronautique de navigation VFR? Est-ce que vos documents et vos logiciels sont à jour?
Maîtrisez-vous toujours une façon bien organisée de préparer votre vol pour aller du point A au point B, en prévoyant un point C et D au cas où il y aurait des défaillances ou des problèmes imprévus? Est-ce que vous pensez toujours à établir et à suivre une limite prédéfinie de protection personnelle en ce qui a trait aux vents, aux plafonds, à la visibilité, à la lumière du jour, au carburant supplémentaire, etc. — des limites qui peuvent changer au fil du temps, mais jamais pendant votre vol? Ces limites vous permettent de prendre les meilleures mesures correctives avant que vous vous retrouviez dans des conditions météorologiques de vol aux instruments (IMC), que vous soyez coincé à un niveau si bas que vos flotteurs effleurent la cime des arbres ou que vous vous retrouviez dans un des secteurs où vous ne pouvez plus faire demi-tour ni atterrir et avant que le niveau de carburant soit si bas que vous prenez des risques inconscients ou de mauvaises décisions. Ne pas se rendre à votre destination n’est pas un échec si cela se produit parce que vous avez suivi votre plan d’urgence lorsque les choses ont mal tourné. Vous devez être résilient, être confiant en vos capacités et avoir un bon leadership pour aller de l’avant avec votre plan de sécurité lorsque les limites de sécurité préétablies sont atteintes. N’hésitez pas à transmettre vos limites avec vos passagers avant de partir. Cela peut vous aider.
En vol, soyez toujours attentif à votre environnement. À l’approche de la destination, prenez quelques minutes de plus pour bien analyser votre zone d’atterrissage. Est-ce qu’il y a de nouvelles tours ou de nouveaux câbles? Est-ce que les arbres ont grandi de sorte qu’ils sont maintenant une préoccupation lors de l’approche, de la remise des gaz ou du décollage? Quelle est la meilleure trajectoire pour atterrir et décoller? Devez-vous vous attendre à des vents traversiers ou à de la turbulence lors de l’approche ou de la montée initiale? Qu’en est-il des courants descendants? Pouvez-vous les éviter? Si le vent change avant votre prochain décollage, quelle sera la meilleure trajectoire à suivre? Celle-ci vous donnera-t-elle la marge de sécurité requise? Est-ce que le niveau d’eau est plus bas que d’habitude? Pouvez-vous voir des roches ou des obstacles sous l’eau au passage? Est-ce qu’il y a des débris flottants?
Le décollage à partir d’un plan d’eau est l’une des expériences les plus excitantes et amusantes qu’il y ait. On découvre un sentiment inégalé de liberté lorsqu’il est effectué en toute sécurité en respectant la nature et les autres. Profitez bien de votre été.