Le balai-girouette : la stabilité lors de la circulation au sol est le résultat d’une bonne discipline aéronautique!

par John Picone, instructeur de formation au sol de Brantford Flight Center qui possède une licence de pilote privé et une qualification de vol aux instruments

Figure 1 : Cessna 182 à l'envers

Avez-vous parfois envie d’omettre la partie de la vérification extérieure de l’aéronef où vous vous agenouillez dans un hangar froid pour vérifier le carburant sous l’aile de votre Piper? Vous avez vu le préposé au ravitaillement remplir vos réservoirs hier; vous savez que le carburant est bleu et exempt d’eau, mais vous le vérifiez quand même.

C’est une bonne discipline aéronautique et c’est le genre d’attitude et d’habitude qui pourrait un jour vous sauver la vie.

Mais qu’en est-il de la circulation au sol par vent fort? L’aéronef de la figure 1 circulait au sol par vents forts à l’aéroport de Calgary-Springbank en janvier 2022. Alors que le Cessna 182 effectuait un virage, un vent qui venait du quart arrière gauche l’a soulevé et l’a retourné sur le dos.

Il est fort possible que vous n’ayez jamais à rencontrer des vents de 40 nœuds avec des rafales à 50 nœuds dans l’aire de manœuvre, comme c’était le cas à Springbank. Aux fins d’une bonne discipline aéronautique, il est recommandé de manipuler les commandes de vol de façon à maximiser la stabilité lors de la circulation au sol par vent fort.

Figure 2 : Rose des vents superposé par un balai

Il n’est pas difficile d’enseigner comment positionner les commandes de vol dans certaines conditions de vent de surface aux élèves qui suivent mes cours de formation au sol. Je peux même faire appel à leur raisonnement déductif pour qu’ils trouvent les commandes à manipuler par eux-mêmes. Par exemple, « OK, nous avons un vent de dos qui provient de la gauche. Qu’est-ce que nous ne voulons pas qu’il se passe? » Nous ne voulons pas que le vent soulève la queue ni l’aile gauche. « Oui, c’est logique. Quelles gouvernes pouvons-nous déplacer et comment devons-nous manipuler les commandes pour que le vent pousse vers le bas sur la queue et l’aile gauche? » Ils déduisent rapidement que l’aileron gauche doit être abaissé (volant tourné vers la droite) et que la gouverne de profondeur aussi (volant vers l’avant). Maintenant, il faut « s’éloigner » du vent venant d’un quart arrière et, si le vent est de face, il faut « virer vers le vent debout avec une gouverne de profondeur au neutre ». Pour couronner le tout, montrez le diagramme notoire du Pilot’s Operating Handbook (manuel d’utilisation de l’avion) du Cessna 172 et les élèves le mémoriseront pour se préparer à l’examen.

Figure 3 : Indicateur de cap superposé par un balai

C’est bien beau, tout ça, mais comment pouvons-nous faire en sorte que nos élèves de formation au sol s’exercent à positionner les commandes de vol de la bonne façon afin que cela devienne un réflexe, un automatisme, comme quand nous mettons notre clignotant à l’approche d’un virage ou d’un changement de voie en roulant? Après tout, nous circulons rarement au sol dans une seule direction. Tout allait bien pour le pilote à Springbank jusqu’à ce qu’il effectue un virage et qu’un vent venant d’un quart avant devienne un vent venant d’un quart arrière.

Voici donc le balai-girouette!

Imaginez que le balai que vous utilisez à la maison est la girouette d’un anémomètre : l’extrémité où se trouve la paille est la direction d’où vient le vent. Mettez le balai sur le plancher de votre salon et marchez sur le tapis en positionnant les commandes de façons appropriées. J’aime pratiquer cet exercice sur l’aire de trafic avec toute ma classe, quand il fait beau, bien évidemment. Je leur demande même d’imaginer qu’ils circulent au sol vers la piste réelle, que j’ai tracées à la craie sur le sol et qui est accompagnée des voies de circulation. Une fois qu’ils ont compris et qu’ils se sont entraînés à la maison, je leur demande s’il y a un instrument dans le poste de pilotage qui pourrait les aider à se souvenir de la direction d’où souffle le vent. Ils auront tôt fait de mentionner le curseur de cap sur l’indicateur de cap : il suffit de le régler sur la direction d’où souffle le vent. Il y a beaucoup de tâches à effectuer lors de la circulation au sol en vue du décollage; jeter un coup d’œil sur l’indicateur de cap est tout ce que vous avez à faire pour connaître votre orientation par rapport au vent et assurer la stabilité de l’aéronef pendant que vous circulez jusqu’au seuil pour décoller.

Démonstration du balai-girouette à une classe sur l’aire de trafic