par le Programme de sécurité de l'aviation générale, Groupe de travail sur la maintenance et la navigabilité, Transports Canada, Aviation civile
Approbation
L’essence automobile, connue sous le nom de MOGAS, est une solution de rechange facilement accessible et moins coûteuse que les carburants aviation tels que le 100LL ou les carburants 80/87 et 100/130, dont la disponibilité est limitée ou inexistante. L’utilisation de MOGAS dans un aéronef qui possède une certification de type doit être autorisée pour cet aéronef et ce moteur au moyen d’un certificat de type supplémentaire (CTS). Cette utilisation est interdite s’il n’existe pas de CTS pour l’aéronef et pour sa configuration de moteur. Il existe plusieurs CTS sur le marché qui portent sur une grande variété de combinaisons aéronef-moteur prenant en charge l’utilisation de MOGAS.
Toutefois, la majorité de l’essence vendue au Canada doit être mélangée à de l’alcool (éthanol). La concentration actuelle d’éthanol dans l’essence automobile est de 5 à 10 %, selon la quantité imposée par la province où l’approvisionnement est fait. Cette situation pose un problème aux utilisateurs de MOGAS, car il est interdit d’employer du carburant mélangé à de l’alcool dans un aéronef.
Les deux principaux titulaires de CTS relatifs au MOGAS sont l’Experimental Aircraft Association (EAA) et Petersen Aviation. Ils interdisent tous les deux l’utilisation d’essence automobile contenant de l’alcool. Bref, cette utilisation est interdite à moins d’être approuvée par un CTS.
En outre, la publication du TP 10737 de Transports Canada, Utilisation de l’essence automobile dans les aéronefs, indique aussi que l’utilisation de carburant contenant de l’alcool est interdite, à l’exception d’infimes quantités utilisées aux fins de dégivrage du carburant.
Le non-respect des instructions comprises dans un CTS relatif au MOGAS peut avoir un effet néfaste sur le fonctionnement de l’aéronef.
Les propriétaires d’aéronefs ultralégers et d’aéronefs de construction amateur doivent déterminer si la configuration de cellule et de moteur de leur appareil permet d’utiliser du carburant contenant de l’éthanol. On rappelle aux propriétaires d’aéronefs qui font partie de la catégorie « maintenance par le propriétaire » que leurs appareils étaient initialement des aéronefs possédant un certificat de type, et qu’ils doivent déterminer si la configuration de cellule et de moteur de leur appareil prend en charge l’utilisation de carburant contenant de l’alcool.
Effets
L’utilisation de carburant automobile contenant de l’alcool a créé quelques problèmes. Il se peut que les matériaux qui étaient considérés comme « résistants aux carburants » avant que l’alcool ne soit ajouté au MOGAS ne le soient plus. Lorsqu’il est utilisé dans un aéronef, l’alcool présent dans l’essence automobile :
- risque de créer des bouchons de vapeur, surtout à haute altitude;
- est hygroscopique, ce qui signifie qu’il absorbe l’humidité plus facilement;
- est corrosif et n’est pas compatible avec les joints en caoutchouc et d’autres matériaux utilisés dans l’aéronef;
- entraîne des problèmes de compatibilité chimique avec les pièces non métalliques comme les réservoirs de carburant en matériaux composites;
- réduit la quantité d’énergie contenue dans le carburant – l’essence automobile contenant de l’alcool fournit moins d’énergie que celle sans alcool;
- pourrait faire diminuer l’indice d’octane global – bien que l’alcool dans le carburant augmente l’indice d’octane, puisqu’il absorbe l’humidité du carburant, une partie peut être évacuée lors d’une vérification du puisard;
- pourrait provoquer des détonations et des dommages mécaniques à l’aéronef à cause d’un indice d’octane bas.
Des fuites de carburant et un aspect mouillé sur les conduites de carburant sont des signes que la teneur en alcool du carburant n’est pas compatible avec le circuit d’alimentation en carburant de votre aéronef.
Essai
Pour déterminer avec certitude si l’essence automobile disponible pour un aéronef contient ou non de l’alcool, il est possible d’acheter des testeurs.
Toutefois, on peut également effectuer une simple analyse sans testeur officiel.
- Sur un récipient en verre ou en plastique résistant aux produits chimiques, marquez dix volumes égaux.
- Ajoutez une partie d’eau dans le récipient (jusqu’au premier trait).
- Ajoutez neuf parties d’essence automobile (remplir jusqu’au dernier trait).
- Agitez le tout vigoureusement et laissez reposer le mélange pendant dix minutes, ou au moins jusqu’à ce que le carburant redevienne clair et net.
Si ce dernier contient de l’alcool, il absorbera l’eau ajoutée au récipient. Le volume d’eau semblera alors avoir augmenté et dépassé le premier trait. Il s’agit d’une indication manifeste de présence d’alcool dans l’essence. Si le niveau d’eau ne change pas, cela signifie que l’essence n’en contient pas. Le testeur d’alco-essence pour carburant aviation peut également servir à cette fin.
Conclusion
Les propriétaires d’aéronefs utilisant du MOGAS doivent s’assurer que le carburant automobile dont ils disposent ne contient pas d’alcool, à moins d’avoir une autorisation le permettant, un CTS. Les propriétaires d’aéronefs ultralégers et de construction amateur, ou qui assurent la maintenance de leur aéronef, doivent également déterminer si la configuration de cellule et de moteur de leur appareil prend en charge le carburant contenant de l’alcool. Dans tous les cas, si l’utilisation de MOGAS contenant de l’alcool est impossible, il faut alors utiliser de l’essence d’aviation (AVGAS) du grade recommandée par le constructeur de l’aéronef ou du moteur.