Les éléments d’un programme de formation réussi

par Michael Schuster, chef-instructeur, Aviation Solutions (en anglais seulement)

Un programme de formation de qualité comporte de nombreux éléments. Toutefois, leur exécution efficace repose sur l’instructeur de vol. Le défi réside dans le fait qu’il existe une grande variété de compétences et d’aptitudes parmi les instructeurs. Voici quelques éléments clés que les instructeurs peuvent prendre en compte lorsqu’ils mettent en œuvre leurs programmes de formation.

Pourquoi est-ce important pour l’élève?

La formation peut souvent ressembler à une succession de tâches sans rapport entre elles. Par exemple, la formation au décrochage est souvent abordée comme des séquences indépendantes et sans rapport les unes avec les autres, et nous controns généralement l’effet de primauté en apprenant aux élèves à amener l’aéronef à un décrochage complet au lieu de procéder à une sortie de décrochage au premier signe de décrochage. Un autre aspect d’une bonne formation au décrochage consiste à expliquer quand chaque type de décrochage est susceptible de se produire. Vous effectuez une montée à pleine puissance et vous amorcez un virage? Décrochage au décollage! Vous effectuez un virage en descente à puissance réduite? De l’étape de la base à l’étape de la finale! En établissant un lien entre l’activité de formation et la réalité concrète, l’apprentissage est beaucoup plus efficace.

Utiliser la formation axée sur les mises en situation

Si notre objectif est de former des aviateurs compétents, nous devons apprendre aux élèves à piloter, et cesser de les former pour qu’ils réussissent simplement un test en vol. Trop souvent, les instructeurs ont l’habitude de former un élève dans le but qu’il réussisse à exécuter une suite de manœuvres de vol techniques. Ils renoncent aux nombreuses possibilités qu’offre la formation au pilotage et qui permettent aux élèves d’apprendre à penser par eux-mêmes.

Par exemple, au lieu de demander simplement à l’élève de réciter la procédure à suivre en cas d’incendie d’origine électrique, demandez-lui d’exécuter l’activité de formation jusqu’au bout. Le commutateur électrique principal est alors coupé et la fumée cesse de se répandre. Maintenant que l’interphone de bord n’est plus fonctionnel, le pilote doit entrer dans un circuit en utilisant des procédures non contrôlées, et exécuter le circuit en effectuant des virages glissés et des glissades dans l’axe jusqu’à l’atterrissage, car les volets ne fonctionneront plus. Nous avons maintenant fait au moins trois exercices en une seule séquence, nous avons intégré les facteurs d’apprentissage que sont l’effet, l’exercice et l’intensité, et nous n’avons pas prolongé le temps de vol. De plus, durant tout ce processus, l’élève a acquis des capacités de prise de décisions.

Former les élèves pour qu’ils deviennent des pilotes

On a l’habitude d’entendre prononcer la formule suivante [traduction] : « formez les élèves en fonction des normes de test en vol, non pas en fonction du test en vol ». Cela signifie que l’élève doit acquérir les compétences énumérées dans le guide de test en vol, et non pas simplement apprendre les manœuvres qui seront au programme du test en vol. Vous vous souvenez de la formation au décrochage dont il a été question plus tôt? Nous faisons l’erreur de passer tout de suite à l’entraînement au décrochage complet pour contrer l’effet de primauté. Pourquoi? Parce que le décrochage à effectuer lors du test en vol est un décrochage complet!

Voici un autre exemple. Demandez à l’élève de pratiquer régulièrement l’évitement des collisions, les descentes abruptes et les virages serrés, au lieu de se concentrer exclusivement sur le virage à grande inclinaison de précision. Les lacunes les plus courantes dans les virages serrés sont un mauvais balayage visuel et l’incapacité à modifier la manœuvre en fonction des différentes vitesses anémométriques. La pratique d’autres types de virages serrés permet d’acquérir les mêmes compétences, ce qui signifie qu’il n’est pas nécessaire de consacrer plus de temps à la formation, mais que l’éventail des compétences acquises est plus vaste.

Intégrer la gestion des menaces et des erreurs

La gestion des menaces et des erreurs est à la base de tout ce dont il a été question jusqu’à présent. Les accidents dans le secteur de l’aviation générale ont très souvent pour dénominateur commun une mauvaise prise de décision de la part des pilotes et une méconnaissance de la gravité des menaces potentielles pour le vol. Si les compagnies aériennes affichent un si bon bilan en matière de sécurité, c’est peut-être parce que la gestion des menaces et des erreurs est intégrée dans les processus décisionnels. Bien souvent, avant et pendant le vol, les pilotes prennent le temps de réfléchir aux menaces qui pourraient jouer un rôle dans la séquence à venir et aux erreurs ou états indésirables de l’aéronef qui pourraient en découler. Les risques ciblés font ensuite l’objet d’une stratégie d’atténuation élaborée à l’intention de l’équipage. Par exemple, effectuer une approche vers un trou noir alors que l’indicateur de trajectoire d’approche de précision est hors service représente une menace grave. Toutefois, si la piste permet une approche de précision adéquate, l’équipage peut choisir d’atténuer ce risque en suivant un alignement de descente ILS ou une trajectoire verticale GPS vers la piste. L’intégration du processus de gestion des menaces et des erreurs dans la formation au pilotage constituerait une excellente assise pour que les pilotes peu expérimentés puissent prendre de meilleures décisions.

Pour la suite

Les pratiques susmentionnées devraient être intégrées à la formation des nouveaux instructeurs de vol de classe 4, puisque notre défi commun consiste à ce que nos instructeurs de vol de classe 1 connaissent bien ces aspects. Il incombe également à nos chefs-instructeurs de vol de s’assurer qu'ils enseignent ces éléments à nos instructeurs de vol actuels et qu’ils les encouragent à les intégrer. Il s’agit d’une démarche à laquelle nous devons tous participer.

Une version de cet article a été publiée initialement sur le site web Aviation Solutions (en anglais seulement). Mike Schuster est un instructeur de vol de classe 1 expérimenté qui a enseigné à tous les niveaux, des débutants aux pilotes de ligne. Il est chef-instructeur à Aviation Solutions, prestataire autorisé de cours de perfectionnement pour instructeurs de vol liés au renouvellement des qualifications.