par Uwe Goehl, inspecteur de la sécurité de l’aviation civile, Normes d’opérations aériennes, Transports Canada
À moins d’être un pilote de ballon, vous avez probablement passé beaucoup de temps à voler dans un circuit d’aérodrome.
Les élèves-pilotes qui cherchent à obtenir un permis de pilote d’avion ultra-léger, un permis de pilote de loisir ou une licence de pilote privé passent une grande partie de leur formation dans le circuit à enregistrer et à perfectionner les décollages, les approches et les atterrissages. Non seulement les circuits de trafic sont effectués par des aéronefs qui volent selon les règles de vol à vue (VFR), mais un circuit de trafic peut faire partie d’une approche visuelle, d’une approche contact ou d’une approche indirecte effectuée par un aéronef qui vole selon les règles de vol aux instruments (IFR). Il peut même s’agir de la méthode rapide et sécuritaire utilisée par un aéronef pour retourner à l’aérodrome à la suite d’une situation survenue pendant ou juste après le décollage, comme un aéronef multimoteurs à réaction qui a une panne moteur dans des conditions météorologiques de vol à vue (VMC).
Mis à part les ballons, toutes sortes d’aéronefs de configurations et de performances différentes peuvent emprunter un circuit de trafic, des avions ultra-légers lents aux aéronefs à réaction beaucoup plus rapides de la catégorie transport. Cela peut poser des problèmes lorsque des aéronefs aux performances très différentes exploitent un aérodrome en même temps. Pour cette raison, le Manuel d’information aéronautique (AIM) de Transports Canada a fait l’objet d’une mise à jour importante relative aux directives de vol dans les circuits à vue aux aérodromes contrôlés et non contrôlés dans l’édition 2024-2, publiée le 3 octobre 2024.
La façon dont les pilotes doivent piloter leur aéronef lorsqu’ils volent près d’un aérodrome est décrite dans la
- surveiller la circulation d’aérodrome afin d’éviter les collisions;
- adopter le débit de trafic suivi par les autres aéronefs ou s’en tenir à l’écart;
- exécuter tous les virages à gauche, sauf indication contraire. Au Canada, cette instruction peut être donnée par le contrôle de la circulation aérienne ou publiée dans le Supplément de vol — Canada;
- atterrir face au vent, lorsque c’est possible.
Cela explique pourquoi les procédures de circuit de trafic sont les mêmes dans d’autres pays (c’est-à-dire observer les autres aéronefs pour éviter toute collision, se conformer au circuit de trafic formé par les autres aéronefs qui exploitent l’aérodrome et l’éviter, et effectuer tous les virages à gauche dans un circuit, sauf indication contraire), alors que certaines procédures, telles que les entrées recommandées dans le circuit de trafic, sont différentes.
Par exemple, au Canada, l’entrée privilégiée à un aérodrome non contrôlé est faite en traversant l’aérodrome à mi-longueur. Aux États-Unis, l’entrée privilégiée dans un aéroport sans tour est faite à un angle de 45 degrés par rapport à l’étape vent arrière.
Certains pays tracent la trajectoire latérale à suivre et l’altitude à respecter sur la carte de chaque aérodrome, en fonction des performances des aéronefs.
Bien que certains éléments du circuit de trafic soient identiques, ces exemples soulignent également pourquoi il est important pour un pilote de bien se familiariser avec les différences avant de voler dans un autre pays.
Qu’est-ce qui a changé et qu’est-ce qui n’a pas changé?
Voici la bonne nouvelle. Il est très probable, si vous êtes pilote d’avion, de planeur, de giravion ou de ballon, que vous voliez déjà dans un circuit de trafic tel qu’il est décrit dans l’édition mise à jour de l’AIM de TC. Nous n’avons pas changé les procédures recommandées d’entrée dans un circuit de trafic. Nous attendons des pilotes qu’ils respectent la réglementation et nous les encourageons à effectuer leurs vols conformément aux directives publiées. Dans ce cas, cependant, les recommandations de l’AIM de TC étaient à la traîne par rapport aux procédures acceptées par l’industrie et aux procédures d’exploitation normalisées (PEN) des compagnies aériennes de sorte que l’objectif était d’aligner l’AIM de TC sur la manière dont de nombreux aéronefs effectuent déjà, et en toute légalité, leurs circuits de trafic. Les nouvelles orientations sont mieux harmonisées avec les procédures de circuit d’aérodrome recommandées dans d’autres pays, comme l’Australie et les États-Unis. Toutefois, si vous êtes un pilote d’aéronef léger de l’aviation générale, vous ne savez peut-être pas que les aéronefs à réaction et les aéronefs à turbopropulseurs effectuent généralement des circuits plus larges à 1 500 pi AGL. C’est logique parce qu’ils volent à des vitesses plus élevées et ont de plus grands rayons de virage de sorte qu’ils ne peuvent pas se conformer à la circulation formée par des monomoteurs et des multimoteurs plus lents.
Si vous êtes pilote d’aéronef à réaction, vous ne connaissez peut-être pas les circuits modifiés que les pilotes de planeurs effectuent. La plupart des pilotes savent que les planeurs ont la priorité sur les aéronefs propulsés (ils ne peuvent pas maintenir leur altitude et il est peu probable qu’ils arrivent à remettre les gaz). Mais saviez-vous que les aéronefs qui remorquent des planeurs peuvent suivre ce qui ressemble à une route de départ erratique pour maintenir leur planeur à une distance de plané d’un point d’atterrissage sûr, et que cette pratique est légale?
Si vous êtes un pilote de planeur, savez-vous à quoi vous attendre des avions ultralégers à basse performance qui volent lentement dans le circuit?
Si vous êtes pilote de planeur propulsé et que vous volez à 20 mi/h dans un circuit serré à basse altitude, savez-vous que des autogires et des hélicoptères pourraient aussi s’y trouver?
Pour les pilotes de giravions : plusieurs recommandations vous sont faites pour parcourir le circuit en fonction de vos capacités de performances. Bien entendu, les pilotes d’hélicoptère peuvent choisir d’éviter le flux de circulation dans les circuits, en choisissant d’arriver directement sur l’hélisurface à l’aérodrome ou d’en décoller. Mais savez-vous à quoi vous attendre d’un ballon qui exploite un aérodrome? De plus, pour les pilotes d’hélicoptère, l’AIM de TC contient une mise à jour sur les opérations d’hélicoptère aux aérodromes à l’article 4.5.3. du chapitre RAC.
Enfin, pour les pilotes de ballon : savez-vous où et comment les autres aéronefs dans l’espace aérien autour de vous effectuent leurs manœuvres près d’un aérodrome?
Il est important que les pilotes aient une bonne connaissance de la situation et sachent à quoi s’attendre les uns des autres. L’objectif est de garantir la sécurité de chacun tout en offrant un accès équitable aux aérodromes à tous les utilisateurs légitimes de l’espace aérien, quelles que soient la taille ou les capacités de performances de leur aéronef.
Les circuits de trafic peuvent être très fréquentés et cela peut faire augmenter la charge de travail des pilotes, en particulier aux aérodromes non contrôlés. Voici quelques autres suggestions de l’AIM de TC qui peuvent aider à garder les surprises au minimum et à assurer la sécurité de tous :
- Gardez l’œil ouvert.
- Rendez-vous visible. Allumez vos feux anticollision (phares/feux stroboscopiques) et vos phares d’atterrissage. Il sera plus facile pour les autres pilotes de vous voir.
- Si vous avez un transpondeur, utilisez-le toujours, y compris la fonction de codage de l’altitude. Même si vous n’êtes pas dans un espace aérien à utilisation de transpondeur, vous serez visible pour les aéronefs qui utilisent un système de bord d’évitement d’abordage (ACAS).
- Communiquez, communiquez, communiquez! Parlez de manière claire et concise en utilisant la terminologie recommandée. Consultez les Guides de phraséologie de NAV CANADA.
Remarque : Pour en savoir plus sur les opérations aériennes aux aéroports sans tour des États-Unis, consultez le site https://www.faa.gov/documentlibrary/media/advisory_circular/ac_90-66c.pdf (en anglais seulement).
Remarque : Uwe est un pilote qualifié d’avion, de ballon, de planeur, d’autogire, de système d’aéronef télépiloté et d’avion ultraléger. Avant de travailler pour Transports Canada, s’il ne faisait pas un circuit à vue à bord d’un Airbus A320 ou d’un autogire, il le faisait à bord d’un planeur, d’un aéronef à commande par transfert de poids ou de son paramoteur.