Transcription
Shaheen :
Bonjour à tous, merci de participer à notre série de webinaires préenregistrés de la Journée de la sécurité des drones. Cette journée vise à promouvoir les pratiques sécuritaires d’utilisation des drones et à explorer les façons épatantes et novatrices de les utiliser dans tout le Canada.
Je suis Shaheen Chohan, analyste politique au sein du groupe de travail sur les systèmes d’aéronefs télépilotés ou les drones à Transports Canada.
Transports Canada est le ministère du gouvernement fédéral chargé de réglementer et d’élaborer des politiques et programmes de transport, y compris ceux relatifs aux drones.
Je suis accompagné de Paul Bruce, responsable du programme de systèmes d’aéronefs télépilotés à la Gendarmerie royale du Canada (GRC).
Bonjour, Paul, merci de vous joindre à nous.
Paul :
Merci. De rien.
Shaheen :
Commençons donc par discuter de la manière dont les drones sont utilisés à la GRC.
Paul :
On les utilise principalement pour reconstituer des accidents de la route et des scènes de crime à l’extérieur. Nos analystes médico-légaux peuvent obtenir beaucoup d’information sur ce qui s’est passé, peut-être grâce à une perspective différente donnée par les drones. C’est la même chose pour nos analystes de la circulation.
Nos analystes de reconstitution d’accident de la route peuvent avoir une vue d’ensemble aérienne pour que nous voyions des choses que nous ne pourrions pas voir au sol au moment de l’accident.
Shaheen :
Génial, alors quel genre de drones utilisez-vous généralement dans vos opérations?
Paul :
La majorité de nos drones sont des drones de niveau consommateur. Ils font le travail nécessaire la plupart du temps. Ces deux dernières années, les entreprises se sont concentrées sur des drones spécialement conçus pour la sécurité publique. Nous avons donc intégré à notre programme quelques-uns de ces drones d’entreprise qui résistent un peu mieux aux intempéries, à la température et au vent, et qui sont plus robustes, ce qui nous permet de les utiliser dans un plus grand nombre de situations et pendant plus longtemps. Mais la grande majorité sont des drones classiques que l’on achète en tant que consommateur.
Shaheen :
Et ces drones sont utilisés partout au Canada?
Paul :
Oui, la GRC assure l’ordre dans toutes les provinces sauf l’Ontario et le Québec. Toutes nos provinces et tous nos territoires ont des drones que nous utilisons dans les opérations.
Le Nunavut est l’exception, mais lorsqu’ils ont besoin de quelque chose, ils ont soit une entreprise privée soit le soutien d’autres régions du pays à leur disposition pour les aider s’ils ont besoin d’un drone dans un certain cas, mais nous avons une couverture dans tout le pays.
Shaheen :
Depuis combien de temps la GRC utilise-t-elle des drones à cette fin?
Paul :
La GRC est l’une des agences pionnières en matière de systèmes d’aéronefs télépilotés de sécurité publique, nous avions de vrais avant-gardistes à l’époque où les drones ont vraiment commencé à prendre de l’ampleur en tant que technologie et en 2010, en Saskatchewan, nos analystes de la circulation ont commencé à les utiliser dans les opérations pour faire ce que nous faisons aujourd’hui et obtenir des vidéos aériennes ou des photographies d’une scène pour nous aider à déterminer ce qui s’y est passé.
Shaheen :
Peut-être pouvez-vous nous parler un peu des avantages que présente un drone par rapport à d’autres technologies?
Paul :
Oui. Le drone peut nous donner une perspective aérienne avec des photos ou des vidéos d’une scène que nous ne pouvons pas obtenir depuis le sol et c’est beaucoup plus rentable et moins risqué que d’appeler un hélicoptère ou un avion pour prendre les mêmes photos ou vidéos pour nous. Il peut être rapidement déployé et c’est assez bon marché de le faire et nous pouvons obtenir des vidéos et des photos de grande qualité.
Shaheen :
Étant donné que vous les utilisez dans tout le Canada, vous pourriez probablement accéder à des endroits que vous ne pouvez pas atteindre autrement?
Paul :
Oui, c’est vrai, vous savez que beaucoup de nos appels ou de nos scènes auxquelles nous assistons se déroulent dans des zones rurales très éloignées où nous n’avons pas accès à un hélicoptère ou à un avion très rapidement. C’est donc très bien d’avoir une personne disponible à proximité pour faire ce travail.
Shaheen :
Pensez-vous qu’il existe des idées fausses sur les drones et leur utilisation?
Paul :
Oui, sur le niveau de connaissances et de compétences nécessaires pour les faire fonctionner en toute sécurité. Notre formation est assez difficile et la quantité de pratique régulière et d’expérience opérationnelle dont un pilote a besoin pour être à jour et rester compétent dans son métier est assez élevée et je ne pense pas que beaucoup de gens comprennent ou apprécient vraiment cela.
Shaheen :
Oui.
Paul :
On peut penser que ce sont des jouets ou qu’ils sont simples et très faciles, mais notre formation et nos procédures sont assez sérieuses et strictes, et nous les suivons du mieux que nous pouvons. Nous devons vraiment nous concentrer sur une formation et des pratiques uniformes pour maintenir nos compétences.
Shaheen :
Peut-être pouvez-vous nous parler un peu de cette formation que doivent suivre vos pilotes pour assurer la sécurité.
Paul :
Bien sûr, tous nos pilotes doivent donc suivre un cours de formation au sol sur le système d’aéronefs télépilotés de la GRC.
C’est un cours de quatre jours où ils apprennent toutes les opérations de sécurité, tous les renseignements dont ils auront besoin pour passer l’examen avancé de Transports Canada, et aussi toutes les nuances de notre programme et de nos procédures de la GRC. La première étape pour obtenir leurs privilèges opérationnels est donc de suivre le cours de base après le cours de base là-bas pour passer l’examen de Transports Canada et réussir cela.
Une fois qu’ils ont réussi, nous les formons sur le système précis qu’ils utiliseront, donc il y a un autre cours pour le drone qu’ils utiliseront si on leur donne un drone précis; ils sont formés sur celui-ci. Selon l’endroit où ils se trouvent et le type de travail qu’ils effectueront, ils pourront être encadrés par un pilote plus expérimenté pendant les premiers mois de pratique et de formation jusqu’à ce qu’ils puissent être déployés opérationnellement sur appel.
Shaheen :
Comment cela fonctionne-t-il? Habituellement, une ambulance ou la police arrive d’abord, puis un drone ou bien un drone arrive d’emblée?
Paul :
Un drone est normalement un appel secondaire. Les premiers intervenants se rendent sur place pour évaluer la situation et si l’on détermine qu’un drone serait utile ou pertinent, ou si la scène est maîtrisée, il s’agit maintenant de recueillir des preuves sur place. C’est généralement un appel, un appel secondaire. Ainsi, le membre sur place qui a défini le besoin d’un drone passera un appel, soit par notre centre de communication central, soit au pilote du drone lui-même s’il y a un processus d’appel en place, et ensuite le drone et le pilote commenceront à préparer leurs renseignements avant le vol et commenceront à se rendre sur les lieux afin de pouvoir faire décoller le drone.
Shaheen :
La GRC a-t-elle tiré des leçons essentielles de l’utilisation de drones dans vos opérations?
Paul :
Je pense que la principale leçon que nous apprenons et continuons à apprendre concerne la discipline des listes de contrôle et des procédures que nos pilotes doivent suivre pour travailler en toute sécurité.
Nous avons mis en place des listes de contrôle et des procédures pour chaque drone que nous pilotons, et pour chaque opération que nous menons.
Donc, s’assurer que nous nous y tenons est toujours un bon moyen de garantir la sécurité de notre vol.
Chaque fois que nous vérifions un incident sur lequel nous voulons en savoir plus, c’est souvent la liste de contrôle qui nous révèle que quelque chose n’a pas été entièrement pris en charge avant notre vol et qui nous a conduits à une situation indésirable que nous ne voudrions pas répéter.
Shaheen :
D’accord, alors comment prévoyez-vous l’évolution de l’utilisation des drones dans vos opérations?
Paul :
À l’heure actuelle, compte tenu de la technologie et des règlements dont nous disposons, je pense que nous sommes arrivés là où nous voulons être, mais à mesure qu’ils évoluent, nous avons des occasions d’améliorer à l’avenir nos capacités de recherche et de sauvetage.
Lorsque nous disposerons de plus de drones à haute endurance capables de couvrir de plus longues distances pendant plus longtemps, je pense qu’ils se révéleront très utiles dans cette situation.
Pour l’instant, ils ne volent que pendant 20 ou 30 minutes avant que la batterie doive être changée et nous ne pouvons pas voler régulièrement au-delà de la visibilité directe, nous sommes donc limités par la portée que nous pouvons en tirer. Au fur et à mesure, nous pourrons étendre l’utilisation que nous avons dans ces situations.
Shaheen :
Est-ce qu’en ce moment vous vous en tenez à la visibilité directe ou est-ce que vous avez effectué des opérations en BVLOS?
Paul :
Nous avons eu quelques cas dans le passé où nous avons eu l’autorisation de voler au-delà de la visibilité directe.
L’été dernier, au Manitoba, près de Gillam, deux meurtriers armés suspects ont été recherchés. C’était la première fois que nous obtenions l’autorisation d’un vol de Transports Canada au-delà de la visibilité directe. Nous avons donc utilisé des drones pour rechercher ces sujets dans la nature, pendant quelques jours dans le nord du Manitoba.
Voici le genre de travail vers lequel nous pensons pouvoir réellement évoluer lorsque les règles changeront et que la technologie évoluera, mais pour l’instant, les opérations quotidiennes de routine sont toutes en visibilité directe.
Shaheen :
Je crois savoir que la GRC a été l’une des premières organisations à utiliser des drones pour une opération de sauvetage dans le monde, peut-être pouvez-vous nous en dire un peu plus à ce sujet?
Paul :
Oui. En 2013, c’était le début de l’utilisation des drones et de la sécurité publique, et un véhicule a fait des tonneaux en Saskatchewan dans une zone rurale.
Les policiers sur place ont pu constater que quelqu’un avait été blessé dans l’accident et ils n’ont pu localiser personne.
Donc, après quelques heures de recherche au sol, en fouillant la zone immédiate autour du véhicule, nous n’avons trouvé personne, mais à ce moment-là, ils avaient appelé un drone. Cet individu qui avait subi une blessure à la tête et était désorienté s’était éloigné du véhicule et se trouvait à presque deux kilomètres.
Il faisait un froid glacial, il avait perdu ses chaussures et n’était pas habillé en conséquence. Donc, ça ne s’annonçait probablement pas bien pour lui. Mais le drone était équipé d’un capteur de chaleur et a capté un signal à deux kilomètres du lieu de l’accident et nous avons pu y diriger nos membres qui ont pu le localiser et lui porter assistance. C’était la première vie humaine sauvée par un drone et le drone lui-même a été donné au Smithsonian National Air and Space Museum à Washington DC comme étant le tout premier drone à sauver une personne.
Shaheen :
C’est une histoire incroyable et c’est vraiment génial de voir l’innovation canadienne au premier plan.
Est-ce que c’est ce genre de choses qui a déclenché l’utilisation de drones à la GRC?
Paul :
L’utilisation des drones avait commencé trois ans auparavant, mais je pense que cela a accéléré l’évolution de la situation, surtout dans l’opinion publique, et montré au public comment ils pouvaient être utilisés. C’était un incident très médiatisé à l’époque et cela a mis en lumière ce que les drones peuvent faire dans une telle situation. Je pense que cela a vraiment ouvert les yeux au sein de la GRC et au public, sur la valeur de cet outil.
Shaheen :
C’est génial, alors peut-être pouvez-vous nous en dire un peu plus sur ce qu’est une journée ordinaire pour un membre de votre équipe de drones?
Paul :
Personne ne pilote de drone à plein temps, donc tout le monde a un emploi régulier, qu’il s’agisse d’un policier ou d’un civil faisant un autre travail au sein de la GRC et qui est un pilote formé. Ils ont leur travail de jour et c’est strictement sur appel pour nos opérateurs de drone.
Notre agent de police d’une division, par exemple, fera ses tâches quotidiennes habituelles et quelqu’un à proximité aura besoin d’un drone et il appellera ce service et pourra emporter son drone, commencer à préparer son vol et se rendre sur les lieux où il est demandé et travailler à partir de là.
Il n’y a donc personne qui ait une journée à consacrer aux drones et ce n’est pas un travail à plein temps, mais le soutien qu’ils peuvent apporter est généralement rapide et n’est pas toujours prévisible ou planifié, mais ils volent régulièrement dans les divisions où ils sont nécessaires.
Shaheen :
Étant donné que c’est la Journée de la sécurité des drones, que signifie la sécurité des drones pour la GRC?
Paul :
La sécurité est vraiment au cœur de tout ce que nous faisons, nous ne voulons jamais répéter une situation où nous avons commis une erreur dans le passé et où nous savons que c’est quelque chose qui peut être facilement corrigé grâce à notre formation ou à nos procédures opérationnelles.
Nous avons donc une philosophie d’amélioration continue et nous nous concentrons vraiment sur ce point en ce qui concerne la façon dont nous formons notre personnel et dont nous créons nos procédures de vol, pour ne jamais refaire la même erreur.
Shaheen :
Dans le cadre du programme des systèmes d’aéronefs télépilotés de la GRC, des drones sont utilisés pour la reconstitution de collisions. Pouvez-vous nous donner un exemple d’un moment où un drone a fait une différence essentielle?
Paul :
Oui. Un de mes pilotes m’a parlé l’année dernière d’une scène à laquelle il a assisté et qui se trouvait dans une zone très éloignée, il n’y avait qu’un seul survivant de l’accident et il n’avait aucun souvenir de ce qui s’était passé. Le drone a pu nous fournir des renseignements qui ont montré que le survivant n’était pas fautif.
Dans cette situation, vous pouvez imaginer le soulagement que cela représenterait pour cette personne qui sait maintenant qu’elle n’est pas responsable de la mort des autres personnes.
Les drones ne sont pas la solution à tout, mais ils peuvent souvent nous aider à déterminer ce qui s’est passé exactement; ce qui n’est pas toujours le cas sur le terrain. Nous avons des théories et nous pouvons deviner, et avoir une bonne idée, mais parfois c’est cette preuve clé que vous obtenez du drone qui vous donne l’information manquante dont vous avez besoin pour faire le lien.
Shaheen :
Quel rôle jouent les drones dans votre équipe de réponse aux urgences?
Paul :
Nos équipes de réponse aux urgences interviennent lors d’incidents à haut risque, généralement lorsque l’on sait qu’il n’est pas toujours sûr de jeter un coup d’œil dans un coin ou de s’approcher trop près de quelque chose. Les drones sont donc des outils formidables pour nous donner un aperçu d’une situation où il n’est pas sécuritaire d’y affecter une personne, et ils améliorent vraiment la sécurité de nos employés sur le terrain en nous donnant un angle ou une perspective qu’on ne peut pas tout à fait obtenir en toute sécurité autrement.
Ce sont d’excellents outils pour la connaissance de la situation. Ils peuvent fournir des vidéos en direct aux personnes qui prennent des décisions tactiques sur notre positionnement et sur la façon dont nous allons aborder la situation, afin de pouvoir envoyer ce retour d’information en direct à nos décideurs.
Ainsi, ils peuvent s’assurer que notre population et les personnes impliquées sont autant en sécurité que possible; c’est un avantage énorme.
Shaheen :
Voici la fin de notre entretien avec la GRC. Merci beaucoup, Paul, d’avoir participé, c’était un plaisir de discuter avec vous.
Paul :
De rien, le plaisir est partagé.
Shaheen :
Nous espérons que vous avez trouvé ce webinaire intéressant. Les autres webinaires de notre série de webinaires préenregistrés sur la Journée de la sécurité des drones vous donneront un aperçu de haut niveau des règles et exploreront les autres façons intéressantes et innovantes d’utiliser les drones au Canada, n’oubliez pas de les consulter également.
Vous avez des questions sur les opérations de sécurité des drones, ou sur un autre sujet que vous avez peut-être vu ou entendu pendant nos webinaires? Suivez la conversation de Transports Canada sur Twitter, qui aura lieu le 13 novembre à 13 h. Un groupe d’experts en drones sera disponible pour répondre en direct à toutes les questions pressantes que vous pourriez avoir.
La sécurité des drones est la responsabilité de tous, et pour célébrer votre journée de la sécurité, dites-nous ce que la sécurité des drones signifie pour vous, partagez une photo, une publication ou un article sur vos plateformes de médias sociaux avec le mot-clic #journéesécuritédrones et consultez les sites Facebook, Twitter et Instagram de Transports Canada pour voir ce que la sécurité des drones signifie pour les autres Canadiens.