Tout comme vous, je n'oublierai jamais cette journée de septembre.Celle-ci a débuté pour moi de façon plutôt habituelle, comme pour la plupart d'entre vous sans doute.
Je me trouvais au Palais des congrès de Montréal, où j'avais été invité à prendre la parole à l'ouverture d'une importante conférence mondiale qui réunissait de grands dirigeants et des directeurs d'aéroports provenant des quatre coins du globe.
Peu après 9 h, quelqu'un s'est présenté sur le podium avec une note faisant état d'un accident d'avion ou d'une tragédie. J'ai terminé mon discours, j'ai quitté l'estrade et c'est seulement à ce moment-là que j'ai appris qu'un avion avait percuté l'une des tours du World Trade Center à New York.
J'ai tout de suite su qu'il s'agissait d'un acte terroriste. J'évolue à Transports Canada depuis assez longtemps pour savoir qu'un gros avion de passagers ne s'écrase pas comme ça contre un grand édifice. Même dans une situation désespérée, le pilote cherche instinctivement à sauver des vies. Dès la confirmation des attentats terroristes, j'ai su que je devais rentrer à Ottawa, pour être au cœur de l'intervention du Canada face à cet acte de terrorisme sans précédent. Avant que je n'arrive à l'administration centrale de Transports Canada à la tour C de Place de Ville, en provenance de Montréal, notre centre d'intervention prenait déjà des décisions cruciales sans précédent.
Avec mon approbation, nous avons fait ce qu'aucun gouvernement canadien n'avait encore fait: nous avons fermé notre espace aérien en ordonnant à tous les vols de se poser et en clouant au sol tous les appareils. Le Ministère a demandé à NAV CANADA d'ordonner à 270 vols transatlantiques de rebrousser chemin vers l'Europe et à 224 autres vols, comptant à leur bord plus de 33000 passagers, de se diriger vers des aéroports canadiens.
Durant les quatre jours où l'espace aérien était complètement ou partiellement fermé, des employés de Transports Canada se sont affairés jour et nuit à réécrire et à mettre en œuvre de nouveaux règlements de sécurité et de sûreté, afin que les aéronefs puissent à nouveau s'envoler en toute sécurité. Entre-temps, les vols déroutés qui se sont posés dans différentes localités du Canada ont engendré un volume sans précédent de passagers, particulièrement dans de petites localités comme Gander, qui n'avaient encore jamais vu arriver un si grand nombre de passagers en même temps. Les citoyens de ces localités, y compris des employés de Transports Canada, ont travaillé sans relâche pour accueillir ces visiteurs inattendus. Ils leur ont ouvert leurs foyers et leurs cœurs, un geste qui a été applaudi partout dans le monde.
Dans les jours, les semaines et les mois qui ont suivi, nous avons pris plusieurs mesures importantes pour accroître la sûreté, non seulement du système de transport aérien, mais aussi celle de tous les modes de transport. Nous nous sommes attaqués à la question de la viabilité financière des transporteurs aériens ainsi qu'à d'autres questions semblables. Cela s'ajoutait bien sûr aux activités courantes du Ministère, qui exigent aussi beaucoup d'efforts.
Je ne me rappelle pas qu'un ministère ait eu à prendre autant de grandes décisions en si peu de temps.
Le travail accompli par les hommes et les femmes de Transports Canada fut tout à fait incroyable. Ils se sont maintes fois distingués par leur grand professionnalisme et leur détermination à servir le public.
Transports Canada a peut-être agi comme maître d'œuvre, mais nous avions besoin d'aide et nous l'avons obtenue. NAV CANADA, les aéroports et les transporteurs aériens ont joué un rôle clé, tout comme plusieurs ministères et organismes fédéraux qui ont fourni leur expertise et des ressources humaines au Centre d'intervention, dont la grc , l'Agence des douanes et du revenu du Canada, le scrs , la Défense nationale et Citoyenneté et Immigration, pour n'en nommer que quelques-uns.
En quelques heures, le milieu de l'aviation s'est uni pour gérer avec succès la plus importante opération d'interdiction de vol de toute l'histoire du Canada. Des organisations municipales et communautaires, des entreprises et des Canadiens et Canadiennes se sont mobilisés comme jamais pour héberger, nourrir et appuyer moralement nos invités.
Quand j'y repense, j'aurais aimé que nous puissions produire un document qui aurait rappelé avec exactitude à nos enfants, puis plus tard aux leurs, ce que le Ministère a accompli durant cette période très mouvementée. Selon moi, cette brochure a su capter de grands moments de cette importante période de notre vie.
Toutes les histoires et témoignages des intéressés n'ont pu être réunis dans cette publication. En ce sens, ce document ne constitue pas un compte rendu précis, minute par minute, des heures, des jours et des semaines qui ont suivi les événements du 11 septembre. Il s'agit plutôt d'une série d'expériences vécues par certaines des personnes qui ont eu un rôle à jouer.
En terminant, j'espère que cette publication confirmera que l'un des aspects les plus importants pour nous, Canadiens, fut notre façon de réagir à cette tragédie. Nous avons fait notre travail. Nous avons ouvert nos maisons et nos cœurs à des dizaines de milliers de parfaits étrangers. Et nous avons soutenu nos amis, les Américains.
Je tiens à remercier chacune et chacun d'entre vous.
L'honorable David Collenette, C.P., député
Ministre des Transports
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