Restriction de l’atterrissage et l’attente à l’écart (LAHSO) aux pistes sèches seulement - Alerte à la Sécurité de l’Aviation civile (ASAC) 2022-01

À l’attention de :

Tous les exploitants aériens, personnel navigant, exploitants d’aérodromes et d’aéroports, et fournisseurs de services de navigation aérienne

Numéro de classification du dossier : Z 5000-35 U
Numéro du SGDDI : 18188774
Numéro de document : ASAC 2022-01
Numéro d'édition : 01
Date d'entrée en vigueur : 2022-02-03

Objet :

La présente Alerte à la sécurité de l’Aviation civile (ASAC) vise à signaler aux exploitants aériens, aux exploitants privés, aux exploitants aériens étrangers, aux unités de formation au pilotage, aux pilotes, aux répartiteurs de vol, aux exploitants d’aérodromes, ainsi qu’aux exploitants et aux fournisseurs de services de navigation aérienne (FSNA) a un changement lié aux procédures d’atterrissage et attente à l’écart (LAHSO).

Contexte :

La mise en œuvre du format de compte rendu mondial (GRF) pour l’état de la surface des pistes a conduit Transports Canada, Aviation civile (TCAC) et d’autres intervenants canadiens à réexaminer divers aspects des opérations sur pistes mouillées et contaminées, notamment les procédures de LAHSO. Dans le cadre de notre examen de ces procédures, nous avons constaté des écarts entre les exigences applicables aux LAHSO au Canada et aux États-Unis. Nous avons trouvé particulièrement préoccupant le fait que la Federal Aviation Administration (FAA) des États­-Unis autorise les LAHSO uniquement sur piste sèche, alors qu’ici au Canada ces opérations pouvaient avoir lieu sur des pistes mouillées et contaminées (tant que la bande d’une largeur de 100 pieds au centre de la piste soit sèche ou mouillée).

Les dangers et les risques associés à l’exploitation d’avions sur des pistes mouillées ou contaminées par de l’eau, de la neige fondue, de la neige, de la neige durcie, du gel ou de la glace, et les nombreux accidents qui se sont produits dans ces conditions, sont bien connus et ont été documentés en détail. Le fait que les sorties de piste figurent sur la Liste de surveillance du Bureau de la sécurité des transports (BST) depuis 2010 témoigne de l’importance de ce problème de sécurité.

Le signalement des états de piste « mouillée » est notoirement problématique – surtout dans des conditions météo dynamiques. Autoriser les LAHSO sur piste mouillée peut potentiellement aggraver les risques connexes, car l’état de la piste peut très rapidement passer de « mouillée » (moins de 1/8 po ou 3 mm d’eau) à « eau stagnante ». Les risques associés à la conduite d’opérations sur des pistes mouillées sont documentés en détail dans les documents suivants :

  • Annexe C de la circulaire d’information (CI) Nº 700-057 – Format mondial de notification (GRF) du compte rendu de l’état de la surface de la piste : document d’orientation pour les opérations aériennes
  • SAFO 19003 – Turbojet Braking Performance on Wet Runways, de la FAA (États-­Unis)

En raison de la nature changeante des conditions de précipitations, on sait qu’il est difficile de signaler rapidement et avec exactitude la présence d’eau ou d’humidité sur la piste. Par conséquent, les exploitants d’aéroports et d’aérodromes peuvent ne pas être en mesure de signaler ces conditions.

Par ailleurs, autoriser les LAHSO sur piste mouillée pose également un problème du fait qu’il n’existe pas d’exigences réglementaires imposant aux pilotes de vérifier le calcul de la distance d’atterrissage évaluée lors de la répartition du vol, ou de calculer les performances à l’arrivée. Ainsi, il pourrait arriver qu’un pilote d’aéronef effectue des procédures LAHSO en se fondant sur un calcul de distance d’atterrissage ne tenant pas compte des conditions à l’arrivée.

Le fait d’autoriser la présence de contaminants sur la piste, tant que la bande de 100 pieds située au centre soit sèche ou mouillée, pose un problème potentiel pour LAHSO lorsque le constructeur de l’aéronef a recommandé que la largeur nominale de la piste soit supérieure à 100 pieds. Voici quelques exemples d’aéronefs pour lesquels c’est le cas : les Boeing 737, 747, 757, 767 et 777, ou encore les Airbus A320, A330 et A380. De plus, le risque est encore plus grand par vent de travers, car la largeur nettoyée ne laisse pas de marge pour un écart par rapport à l’axe de piste.

Aux États-­Unis, les LAHSO ne peuvent avoir lieu que sur piste entièrement sèche. La liste des exigences de la FAA à cet égard figure dans le document JO.7110.118A – Land and Hold Short Operations (LAHSO) de la FAA, qui précise que, pour la conduite de procédures LAHSO, la surface correspondant à la distance d’atterrissage disponible sur la piste en question doit être sèche. Ces exigences sont également énoncées dans la CI de TCAC Nº 700-­050 – Atterrissage et attente à l’écart (LAHSO) : Autorisation spéciale et directive, qui présente les conditions auxquelles doivent satisfaire les exploitants canadiens pour obtenir l’autorisation spéciale/approbation spécifique considérée par la FAA comme un prérequis à la conduite de procédures LAHSO aux États­-Unis.

Atténuation des risques pour la sécurité :

Pour atténuer les préoccupations identifiées, une décision a été prise d’harmoniser les exigences canadiennes pour le LAHSO avec celles des Etats-Unis, où une piste entièrement sèche est requise.

Mesure recommandée :

Compte tenu des préoccupations liées à la sécurité évoquées ci-dessus, la conduite de LAHSO sera à présent limitée uniquement aux les pistes sèches.

En conséquent, LAHSO est à présent interdit :

  • Lorsqu’un NOTAM de conditions de surface de piste indique que la piste est mouillée ou lorsque des contaminants sont présents;
  • Lorsque les bulletins météorologiques indiquent des précipitations en cours; ou
  • Lorsque des précipitations sont observées par le personnel de contrôle aérien ou est signalée par un aéronef.

De plus, les équipages ne devraient pas accepter une autorisation LAHSO s’ils ont des indications que la piste n’est pas sèche (les conditions mouillées et d’eau stagnante ne sont pas toujours signalées).

Les exploitants devraient revoir leurs manuels d’exploitation et programmes d’entrainement pour s’assurer que les renseignements ci-dessus sont fournis au personnel navigant.

Pour des renseignements associés, le personnel navigant est encouragé de revoir la CI 700-057 – Format de notification mondial (GRF) pour les conditions de surface de piste : document d’orientation pour les opérations aériennes. En particulier, les renseignements dans :

  • L’annexe C – Risques associés aux pistes mouillées et à l’eau stagnante, et
  • L’annexe E – Évaluation des performances d’atterrissage à l’arrivée.

Bureau responsable :

Pour davantage de renseignements à ce sujet, veuillez communiquer avec un Centre de Transports Canada ou avec les Normes de l’aviation commerciale à Ottawa par courriel à AARTFinfo-InfoAARTF@tc.gc.ca.

Document original signé par

Félix Meunier
Directeur
Direction des normes

 

L’Alerte à la Sécurité de l’Aviation Civile (ASAC) de Transports Canada sert à communiquer des renseignements de sécurité importants et contient des mesures de suivi recommandées. Une ASAC vise à aider le milieu aéronautique dans ses efforts visant à offrir un service ayant un niveau de sécurité aussi élevé que possible. Les renseignements qu’elle contient sont souvent critiques et doivent être transmis rapidement par le bureau approprié. L’ASAC pourra être modifiée ou mise à jour si de nouveaux renseignements deviennent disponibles.