Navigabilité opérationnelle
Avis de navigabilité - B021, édition 1 - 18 novembre 1994
Utilisation de carburant jet a par temps froid
(Le présent avis remplace le N-AME-AO 07/89 daté du 26 janvier 1989)
Depuis plusieurs années, l'utilisation du carburant Jet A en toute saison fait l'objet de discussions permanentes au sein du Comité des carburants d'aviation de l'Office des normes générales du Canada (ONGC). En 1987, un groupe de travail mixte ONGC/Transports Canada s'intéressant à l'utilisation des carburants par temps froid a été constitué afin d'étudier la situation, et c'est ainsi que le N-AME-AO 07/89 a été publié dans le but d'alerter les exploitants quant aux éventuelles répercussions en matière de sécurité. Le présent avis remplace le N-AME-AO 07/89 et constitue une mise à jour des renseignements qui y figuraient.
Le carburant Jet A ayant un point de congélation situé à -40oC, il n'a pas été conçu pour être utilisé par temps extrêmement froid ou lorsque la température ambiante est proche de -40oC ou au-dessous. L'expérience acquise en exploitation montre que la température des réservoirs de carburant d'un aéronef peut atteindre celle du milieu ambiant en trois heures seulement dans le cas d'un petit avion d'affaires à réaction et en six heures dans le cas d'un gros avion de transport. Bien que les avions de catégorie navette volant moins vite et moins haut ne soient pas exposés à des températures ambiantes aussi basses pendant de si longues périodes de temps, le carburant qu'ils transportent peut atteindre des températures similaires, notamment en cas d'avitaillement avec du carburant déjà refroidi.
Les basses températures du carburant vont se traduire par une augmentation de sa viscosité et par la formation éventuelle de cristaux de cire. Cette augmentation de la viscosité risque d'avoir des effets néfastes sur la régulation carburant des moteurs, tandis que l'excès de cire risque de colmater les filtres, de faire diminuer le rendement des pompes carburant ou de rendre difficiles les transferts de carburant d'un réservoir à un autre. En l'absence de mesures correctives pouvant prendre la forme d'un changement d'altitude ou d'une augmentation de vitesse, il risque d'y avoir une panne moteur totale ou un problème d'équilibrage de l'appareil.
Le Comité des carburants d'aviation de l'ONGC a alerté Transports Canada, Aviation quant au fait que Jet A-1, le type de carburant préféré par mauvais temps, risque d'être plus difficilement disponible que le carburant Jet A. De plus, les deux carburants Jet A et Jet A-1 ont des spécifications qui font état de points de congélation se situant respectivement aux environs de -40oC et -47oC.
Les exploitants d'aéronefs dépourvus d'indicateurs de température de carburant et de limites correspondantes dans leurs manuels de vol sont fortement encouragés à utiliser exclusivement du carburant Jet A-1 lorsqu'ils doivent évoluer dans des masses d'air à basses températures et à présumer dans tous les cas que la température du carburant a atteint la température du milieu ambiant après trois heures de vol.
Ce qui précède amène à penser que les marges de sécurité existantes pourraient être un peu plus faibles pendant l'utilisation de certains aéronefs, notamment s'il s'agit d'appareils ne possédant pas d'indicateurs de température de carburant ou d'aéronefs plus anciens dont les manuels de vol ne traitent pas du problème du carburant par temps froid et ne comportent aucune procédure s'y rattachant.
En conséquence, Transports Canada recommande fortement que les exploitants s'assurent que leurs équipages de conduite sont bien conscients des risques potentiels et de l'inopportunité d'utiliser du carburant Jet A si ils s'attendent à évoluer dans des températures extrêmement basses.