Circulaire d'information de l'Aviation commerciale et d’affaires (CIACA) N° 0185

CIRCULAIRES D'INFORMATION DE L'AVIATION COMMERCIALE ET D'AFFAIRES


No 0185

2001.06.11

L'effet des barbes ou des cheveux longs sur l'efficacité des masques à oxygène à la demande, à débit continu ou des cagoules antifumée

INTRODUCTION

Cette Circulaire d'information de l'Aviation commerciale et d'affaires (CIACA) vise à informer les exploitants aériens de l'influence de la barbe, d'une pilosité faciale importante ou des cheveux longs sur l'efficacité des respirateurs/masques à oxygène (à la demande), les masques à oxygène à débit continu et les cagoules antifumée fournis à bord des aéronefs à l'intention des membres d'équipage.

RÉFÉRENCES

  • Les articles 605.31, 605.32, 703.67, 703.68, 704.66, 704.67, 705.94, 705.71 et 705.72 du Règlement de l'aviation canadien (RAC);
  • Règlement sur la sécurité et la santé au travail (aéronefs) 6.8(1) et la norme Z94.4-M1982 de l'Association Canadienne de Normalisation;
  • Advisory Circular (AC) No. 120-43 de la Federal Aviation Administration (FAA);
  • Technical Standard Orders (TSO) C78, C89, C99 et C116.

CONTEXTE

Il y a quelques années, à la suite de plusieurs rapports sur des problèmes possibles concernant l'efficacité des masques à oxygène utilisés par des personnes portant la barbe, le Civil Aeromedical Institute (CAMI), au Protection and Survival Laboratory de la Federal Aviation Administration des États-Unis a étudié les effets du port de la barbe sur la performance des masques à oxygène.

Masque du type à la demande

La recherche menée par le CAMI a consisté à tester trois masques à oxygène d'équipage approuvés conformément au Technical Standard Orders (TSO) et équipés de régulateurs de masque, tous largement utilisés dans l'aviation civile.

Les résultats des tests ont indiqué une réduction de la performance lorsqu'il y a pilosité faciale sur la surface d'étanchéité des masques à oxygène d'équipage. La réduction de l'efficacité est proportionnelle à la quantité de poils présents sur la peau, au type de masque, au système de suspension associé au masque et au niveau d'exercice auquel la personne est soumise. L'étude, comme d'autres études déjà réalisées par des fabricants de masques à oxygène et par l'armée américaine, a permis de conclure que les respirateurs/masques à oxygène (parfois appelés à la demande) ne peuvent pas être mis rapidement et n'adhèrent pas bien sur les barbes ou les poils du visage. Cette absence d'adhérence peut entraîner une réduction de la quantité d'oxygène dans le masque et la pénétration de fumée ou de vapeurs toxiques susceptibles de réduire la capacité et la performance du membre d'équipage.

Masque à débit continu

On a mené d'autres recherches sur l'influence de la barbe sur l'efficacité des masques à oxygène pour passagers (débit continu) du genre utilisé pour protéger contre l'hypoxie en cas de décompression. Là encore, on a testé trois types de masques dont deux approuvés conformément au TSO.

Les résultats ont indiqué que la présence de la barbe nuit à l'efficacité des masques à oxygène à débit continu. Les chercheurs ont trouvé que la fuite de l'air ambiant causé par la barbe fait en sorte qu'un pourcentage insuffisant d'oxygène est disponible à la partie inférieure de l'appareil respiratoire.

Le bon fonctionnement du masque à débit continu dépend de la présence de la plus grande concentration d'oxygène au début de l'inspiration, la dilution de l'oxygène étant permise pendant la dernière phase de l'inspiration. La concentration d'oxygène et la phase d'inspiration pendant laquelle il est inhalé sont des facteurs plus importants que la quantité totale d'oxygène reçue.

Les chercheurs ont conclu que les passagers barbus utilisant ces masques à débit continu peuvent s'attendre à un manque d'oxygénation, à la suite d'une décompression, qui pourrait mener à divers degrés d'hypoxie. Si le masque est bien posé et que les procédures de descente d'urgence normales peuvent être suivies, le manqué d'oxygénation peut ne pas être suffisamment grave pour constituer un danger de mort, mais pourrait entraîner un évanouissement.

Les agents de bord sont plus actifs physiquement que les passagers pendant le vol, ce qui donne lieu à un quotient respiratoire métabolique plus élevé. Des études antérieures ont déjà montré que l'activité physique représentative des tâches des agents de bord réduit de 40 pour cent la durée de conscience utile par rapport à une personne au repos. D'autres données réunies par le CAMI indiquent que les personnes barbues dont le quotient respiratoire métabolique est le plus élevé connaissent la détérioration d'oxygénation la plus importante. Ainsi, l'association de l'augmentation du quotient respiratoire métabolique et de la réduction de l'efficacité du masque à oxygène porté par un agent de bord barbu pourrait entraver sa faculté à s'acquitter de ses fonctions liées à la sécurité.

Cagoules antifumée

Les données obtenues à partir d'essais réalisés sur des inhalateurs protecteurs de type cagoule antifumée montrent qu'une fuite risque de se produire si l'on n'obtient pas une adhésion parfaite à la hauteur du cou. Une barbe qui descend jusqu'au cou ou des cheveux qui dépassent le niveau du menton peuvent réduire l'intégrité de l'adhésion au niveau du cou et, par conséquent, nuire à l'efficacité de la cagoule antifumée.

ÉLABORATION D'UNE POLITIQUE

Il est conseillé aux exploitants aériens de faire en sorte que les membres d'équipage soient informés de ce qui suit :

  • les masques à la demande, comme ceux utilisés avec l'équipement respiratoire protecteur, peuvent souvent ne pas être mis rapidement ni adhérer suffisamment lorsqu'ils sont utilisés par des personnes barbues ou ayant une forte pilosité faciale. Cela peut nuire à la performance du masque et réduire l'état de conscience, les capacités et la performance du membre d'équipage;
  • l'activité physique associée aux tâches de l'agent de bord, réduit son temps de conscience utile et élève son quotient respiratoire métabolique. Ces facteurs, associés à la réduction de l'efficacité des masques à oxygène à débit continu chez un barbu, pourraient produire des symptômes physiologiques susceptibles de réduire la capacité de l'agent de bord à exécuter ses tâches liées à la sécurité à la suite d'une décompression; et
  • l'efficacité des inhalateurs protecteurs du style cagoule antifumée est considérablement réduite si une adhésion parfaite n'est pas obtenue au niveau du cou. Une barbe qui descend jusqu'au cou ou la présence de longs cheveux dans le cou peuvent causer des fuites, et nuire à l'efficacité de la cagoule antifumée.

CONCLUSION

Il est important que les membres d'équipage sachent que la présence d'une barbe, d'une forte pilosité faciale ou des cheveux longs peuvent avoir des effets négatifs sur l'efficacité des masques à oxygène inhalateurs (à la demande), des masques à oxygène à débit continu ou des cagoules antifumée fournis à bord des aéronefs à l'intention des membres d'équipage. Les exploitants aériens devraient prendre en considération la présente CIACA lorsqu'ils établissent des procédures et politiques pour les inclure à leurs manuels d'exploitation, leurs manuels d'agent de bord et leurs programmes de formation.

Le directeur,
Aviation commerciale et d’affaires



M.R. Preuss

Les Circulaires d'information de l'Aviation commerciale et d'affaires (CIACA) visent à fournir de l'information et des directives concernant les questions opérationnelles. Une CIACA peut servir à décrire un moyen acceptable, mais non le seul, de se conformer à la réglementation existante. Cependant, en soi, une CIACA ne peut modifier ou créer une exigence réglementaire, ni peut-elle autoriser de changements ou des dérogations aux exigences réglementaires.