Le parcours de Julie Gascon, qui a failli être comptable avant de devenir capitaine au long cours, puis première dirigeante de l’Administration de pilotage du Pacifique, nous apprend qu’il faut suivre son cœur et faire preuve de volonté et de détermination.
Comment tout a commencé
Julie Gascon était au début de sa vingtaine et terminait ses études en administration des affaires à Montréal. Concentrée sur les chiffres, elle avait en tête de devenir comptable, mais son cœur l’a menée ailleurs. Julie raconte : « Je ne cessais de me demander si c’est ce que je voulais faire de ma vie ».
Dans le fond de son esprit, son désir de devenir première intervenante se renforçait au fur et à mesure qu’elle se rapprochait du moment de prendre de grandes décisions de carrière. Ainsi, au lieu de passer ses journées dans un bureau, Julie voulait avoir une carrière qui serait non seulement excitante, mais qui lui permettrait aussi d’aider les autres. « Je voulais être la première à traiter un problème; le premier visage qui vient pour aider et sauver. Et pour moi, c’était l’attrait d’être une première intervenante : être la personne sur laquelle les gens pouvaient compter. »
À cette époque, son père a vu un reportage sur une femme qui était capitaine de la Garde côtière américaine et le lui a montré. Il lui a dit qu’il y avait une base de la Garde côtière au Québec et un collège en Nouvelle-Écosse. Pour Julie, cela signifiait une nouvelle voie intéressante et une carrière en mer, où elle pourrait être à l’extérieur et aider à sauver des vies grâce au Programme de recherche et de sauvetage.
« J’ai contacté la registraire du Collège de la Garde côtière canadienne, et elle m’a dit que j’avais dépassé de deux semaines la date limite de présentation des candidatures. Mais je l’ai suppliée, je lui ai dit : “S’il vous plaît, je ne veux pas être comptable quand je serai grande!” Et elle a répondu : “D’accord, envoyez votre dossier!” et c’est ce que j’ai fait! » Elle poursuit : « Même si je ne savais rien d’une carrière sur l’eau à ce moment-là, à ma première sortie en mer, c’était clair. J’étais mordue! »
Volonté et détermination
Julie a passé chaque étape de sa carrière dans le domaine maritime à planifier et à travailler pour atteindre le prochain objectif qu’elle se fixait. « Une des choses que j’ai constatées, c’est que j’avais des objectifs à chaque étape. Je me dirigeais toujours vers ce prochain objectif. » Elle ajoute : « J’ai géré toute ma carrière comme s’il s’agissait d’une entreprise et qu’il y avait des objectifs stratégiques à chaque étape. Même si mes objectifs changeaient, il y avait toujours un plan pour passer à la prochaine étape. » Pourquoi était-ce si important pour Julie? « Dans le milieu marin, parce qu’il y a tellement d’options différentes, avoir un plan aide à s’organiser. »
Julie ajoute que lorsqu’elle a obtenu son diplôme, son premier objectif stratégique était d’être capitaine au long cours. Et qu’une fois qu’elle s’est fixé un objectif, elle fait tout ce qu’elle peut pour y arriver. Elle avait aussi rencontré un merveilleux partenaire au Collège de la Garde côtière canadienne; son mari l’a aidée à atteindre ses objectifs de carrière. « C’est vraiment important d’avoir un réseau solide, une famille qui vous aime et vous soutient, des amis qui vous encouragent. »
Lorsque Julie naviguait pour la Garde côtière canadienne sur la côte ouest, elle ne pouvait pas acquérir le temps en mer requis pour obtenir le plus haut niveau de certification, le brevet de capitaine au long cours. Pour ce faire, Julie devait naviguer sur la flotte mondiale. « J’ai reçu de la formation, j’ai payé mes propres cours et j’ai pu monter à bord de très gros transporteurs de brut et de bateaux de croisière. Puis je suis revenue avec tout mon temps en mer pour pouvoir obtenir mon brevet de capitaine au long cours. » Elle a finalement obtenu son certificat en 2005.
Julie était première officière de pont depuis plusieurs années au sein de la Flotte du Pacifique et, même si le rang de capitaine aurait dû être la prochaine étape de sa carrière, elle savait que ce rôle n’était pas pour elle. « On passe beaucoup de temps sur le pont pendant que le navire effectue ses opérations. » Elle a passé en revue toutes les compétences transférables qu’elle avait acquises et s’est présentée pour devenir inspectrice principale de la sécurité maritime à Ottawa. Après cela, son prochain objectif serait d’occuper des postes de gestion, puis de direction au gouvernement. « Pour gravir les échelons, je devais mieux comprendre comment fonctionnait le gouvernement et ces postes étaient ceux où je pouvais acquérir ces compétences. » Elle ajoute : « Pour bouger, il faut être prêt à prendre des risques. Il faut être prêt à essayer des choses, à postuler à des postes pour lesquels on n’a pas reçu de formation. Parfois, il faut juste faire semblant jusqu’à ce qu’on y arrive. » À un moment donné, Julie est devenue directrice des Services exécutifs pour un bureau de sous-ministre adjoint. Ce fut, selon elle, l’une des choses les plus difficiles qu’elle ait jamais faites. « Lorsque vous êtes une personne de mer, vous avez une expertise technique, mais lorsque vous travaillez dans un bureau de SMA, vous devez avoir une expertise stratégique. Alors, c’est ce que j’ai appris, en allant au front avec tout le monde dans ce rôle. »
Julie deviendra ensuite commissaire adjointe à la région du Centre et de l’Arctique, puis directrice générale des Opérations, à la Garde côtière canadienne, et finalement directrice générale, Sécurité et sûreté maritimes, à Transports Canada. Après ce rôle, Julie a déménagé à Vancouver en octobre 2022, où elle a été nommée première dirigeante de l’Administration de pilotage du Pacifique. À ce titre, elle dirige son organisation en fournissant des services de pilotage sur la côte ouest du Canada.
Conseils de Julie pour les gens de mer et les gens de mer en devenir :
Quel que soit votre objectif pour votre avenir dans le domaine maritime, Julie a des conseils à vous donner : « J’ai toujours traité ma carrière en mer comme un voyage! Parce que c’en est un. On apprend à se connaître soi-même et à connaître d’autres personnes. Si vous aimez les autres, vous adorerez ce voyage. » Elle ajoute : « La vie des gens de mer est parfaite pour les personnes qui veulent être connectées à tout. Les personnes qui sont curieuses et qui aiment les autres – parce qu’on passe beaucoup de temps avec ses collègues sur un navire, et que tout ce à quoi nous pouvons avoir accès dans notre vie moderne nous vient de la mer. De la nourriture à nos vélos en passant par nos téléphones.
Pour les autres femmes qui envisagent d’exercer cette profession, mais qui craignent que ce soit un univers trop dominé par les hommes, Julie a aussi des conseils à donner. « Lorsqu’on entreprend une carrière dans le domaine maritime, on a parfois l’impression qu’il faut être “plus dure” ou “plus forte” pour s’intégrer. Vous apprendrez très rapidement que c’est épuisant. »
Un conseil que Julie se donnerait à elle-même en début de carrière : « Je lui dirais : “sois toi-même”. Il faut être soi-même – travailler fort – mais être soi-même et ne pas avoir peur d’être différent, parce que vous serez acceptés. Les gens de mer sont une communauté accueillante; c’est une communauté extraordinaire! Si vous les acceptez, ils vous accepteront. C’est une communauté qui sait qu’il faut être là pour se soutenir mutuellement. »