par Chris Horsten, Directeur, Canadian Light Sport Aircraft Association (en anglais seulement) et membre du groupe de travail d’ultraléger de la Campagne de sécurité de l’aviation générale (CSAG)
C’est un privilège de participer à la Campagne de sécurité de l’aviation générale (CSAG) en tant que représentant et intervenant de la communauté des avions légers sportifs et des avions ultra-légers de type évolué (AULE). C’est une communauté qui comporte beaucoup de personnes formidables et de magnifiques aventures en vol. Mais la triste réalité de tout sport est qu’il y aura inévitablement des accidents. Nous pouvons juger que notre aéronef est sécuritaire, mais toute activité que nous entreprenons, même se rendre à la boîte aux lettres, comporte un risque que nous jugeons acceptable ou non. En tant que pilotes et propriétaires des catégories d’avions et de licences les moins réglementées au Canada, il nous incombe de comprendre le degré de risque que nous courrons et d’agir avec diligence.
En tant qu’industrie, l’un des grands défis que nous avons à relever est de déterminer comment et pourquoi ces accidents surviennent. Il y a toujours beaucoup de spéculation, mais sans preuve tangible, nous avons peu d’éléments à utiliser pour faire de la prévention. Il y a peu de recherches qui nous permettraient de comprendre s’il existe des tendances ou des facteurs de causalité communs. Le Bureau de la sécurité des transports du Canada (BST) a un système de classification des incidents et des accidents. Ce système sert à déterminer les ressources à déployer et l’envergure d’une enquête. Vous trouverez une description complète de la politique sur le site Web du BST. Malheureusement, de nombreux accidents d’ultra-légers, si ce n’est la plupart, ne justifient pas les mêmes types de ressource que celui dans un accident de vol commercial, ce qui rend difficile la mise en évidence de tendances.
Pour les ultra-légers, les choses deviennent encore plus compliquées. De nombreux incidents et accidents impliquant les ultra-légers ne sont pas signalés, surtout s’il n’y a pas de blessure. Les pilotes qui pensent que leurs incidents ne valent pas la peine d’être signalés ou qui ont peur de possibles répercussions à la suite de leur mésaventure, rendent en fait un très mauvais service à la communauté des avions ultra légers parce que nous ne bénéficions pas de leçons apprises ou de connaitre des difficultés en service qui existent dans la flotte.
Il va sans dire qu’une meilleure compréhension des accidents d’ultra-légers permettrait l’élaboration de meilleures mesures préventives. Donc, l’industrie et ses organismes de réglementation doivent collaborer pour améliorer la déclaration et l’analyse de tels accidents si nous espérons un jour mieux comprendre et améliorer les statistiques. Par conséquent, le nombre de constatations de « perte de contrôle » se poursuivra probablement et variera uniquement en fonction des heures de vol de la flotte.
partir de la recherche limitée, nous avons pu relever quatre facteurs qui résument les principaux éléments causant les accidents de perte de contrôle :
- Compétence du pilote
- Entretien
- Prise de décision
- Enjeux liés à la conformité et à la réglementation
La recherche disponible suggérerait que la plupart des accidents mortels d’ultra légers surviennent chez les pilotes qui ont moins de 40 heures sur un type d’avion. Cela semble indiquer que les compétences jouent un rôle dans la manière dont nous gérons les situations imprévues comme les pannes de moteur. La maintenance des ultra-légers n’est pas réglementée. Il existe de nombreux exemples d’accidents dans lesquels les propriétaires n’ont pas respecté les instructions du constructeur, ce qui a eu des conséquences désastreuses. La prise de décision est une autre compétence dont l’absence peut entraîner des conséquences graves. Combien d’entre nous ont perdu un ami ou connaissent quelqu’un qui a perdu la vie dans des conditions météorologiques de vol aux instruments (IMC)? Enfin, la conformité à la réglementation. Beaucoup de pilotes d’ultra-légers volent régulièrement sans casque (il est obligatoire dans un avion ultra-léger de base et fortement recommandé dans un avion ultra-léger de type évolué), et dans certains cas d’accidents, le port du casque aurait sauvé une vie. Le transport des passagers est un autre enjeu lié à la réglementation. Des cas impliquant des pilotes d’avion pour lesquels le transport des passagers est interdit ont entraîné la mort d’un passager, qui n’était pas au courant de cette interdiction.
Ces quatre facteurs feront l’objet de futurs articles.
Les pilotes des ultra-légers peuvent faire beaucoup de choses pour diminuer les risques de devenir une statistique. L’avion que vous pilotez comporte probablement un manuel d’utilisation du pilote. Il contient des renseignements essentiels sur les capacités de performance, les limitations et l’entretien de l’avion. C’est un excellent point de départ. Ayez une parfaite connaissance de votre manuel d’utilisation du pilote. Faites-en des copies et gardez-les sur votre table de nuit, dans votre hangar et dans votre boîte à gants et aussi à bord de votre avion. Investissez du temps pour comprendre tout ce que vous pouvez sur votre avion. Le groupe de travail de la CSAG a produit de nouveaux Guides de pratiques exemplaires de vol en avion ultraléger. Ce guide peut sembler indiquer des choses évidentes, mais souvent, les évidences sont négligées lorsqu’il y a des distractions ou de la complaisance.
D’un point de vue personnel, j’ai commencé à suivre les nombreux pilotes de YouTube. Ils présentent une variété d’avions, de situations, de bonnes et de mauvaises habitudes et les résultats. Apprendre des erreurs et des réussites des autres est un moyen facile de se perfectionner et de rester vigilant. Le plus important : trouvez quelque chose qui fonctionne pour vous. Les Guides de pratiques exemplaires de vol en avion ultra-léger sont une excellente ressource pour tout pilote, mais il a été spécialement conçu pour les pilotes d’avions ultra légers. Gardez-en une copie à bord de votre aéronef et consultez-la chaque fois que vous prévoyez effectuer un vol. En développant et en suivant de bonnes habitudes avant le décollage, vous pouvez faire beaucoup de choses pour garder vos privilèges de vol et peut-être même sauver votre vie.