Les Transports au Canada 2021

Tendances et perspectives

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Les tendances et les perspectives du secteur canadien des transports seront largement influencées de facteurs structurels à long terme :

  • changements dans la démographie et les normes sociétales;
  • initiatives en matière d’environnement et de climat;
  • progrès technologiques.

Le présent chapitre vise à examiner de plus près ces facteurs à long terme et souligne l’importance de comprendre leurs répercussions et leurs implications pour le secteur des transports au Canada.

En outre, les facteurs clés qui pèsent sur la reprise à court terme du secteur sont également abordés, comme les nouveaux variants de la COVID-19, l’incidence des investissements publics et les changements relatifs à la demande de services de transport dans tous les modes.

Facteurs clés à long terme ayant une incidence sur le transport

Évolution de la démographie

Depuis 20 ans, la population canadienne a augmenté de plus de 20 % pour s’établir à 38,5 millions en 2021. On s’attend à ce que la population augmente de 2,5 millions d’habitants d’ici à 2036. Tandis que les grands centres urbains absorbent le gros de cette croissance, l’ONU prévoit, en s’appuyant sur ses Perspectives de l’urbanisation mondiale, que l’urbanisation au Canada atteindra 88 % en 2050, contre 83 % aujourd’hui, ce qui entraînera une augmentation de la demande de déplacements urbains et des risques de congestion routière. L’augmentation de la congestion urbaine pourrait également faire augmenter la demande de transports en commun. Selon l’indice de la circulation 2021 de TomTom, Vancouver est la ville la plus congestionnée du Canada, suivie de Montréal et de Toronto, avec des temps de parcours supplémentaires se situant entre 24 % et 33 %.

Le nombre croissant de personnes âgées au Canada affectera également la nature du transport des passagers en augmentant la nécessité d’offrir des transports plus flexibles et plus accessibles. En 2036, Statistique Canada prévoit que le nombre de Canadiens âgés de 65 ans et plus représentera 24 % de la population, contre 18,5 % en 2021.

L’aperçu démographique ci-dessus ne sera pas sans conséquence sur les ressources humaines nécessaires aux activités et aux opérations de transport. À mesure que la population vieillit et qu’une part plus importante des travailleurs d’aujourd’hui prennent leur retraite, on assistera à une contraction de l’offre de professionnels qualifiés susceptibles de les remplacer.

Évolution des normes sociales

La réaction du public à la pandémie de COVID-19 et les changements que les Canadiens ont dû apporter à leur vie quotidienne ont entraîné un changement des normes sociales, y compris dans la façon dont les Canadiens se déplacent. Cette situation a été aggravée par les préoccupations en matière de sécurité entourant l’utilisation des transports en commun pendant la pandémie. Deux changements sociétaux notables affectent la reprise du secteur du transport de passagers :

  1. l’évolution vers le télétravail a entraîné une diminution du besoin de se déplacer;
  2. la réticence à utiliser le transport en commun a entraîné une augmentation de l’utilisation des véhicules personnels.

Selon la Fondation de recherche sur les blessures de la route, avant la COVID-19, 42,2 % des Canadiens préféraient utiliser leur véhicule personnel comme principal moyen de transport, ce pourcentage passant à 69,9 % en novembre 2020. À l’inverse, 41,2 % des Canadiens préféraient les transports en commun avant la COVID-19, ce chiffre passant à seulement 4,4 % dans la même période.

De meilleures options de mobilité partagée, l’amélioration des infrastructures de transport en commun et les progrès technologiques pourraient inciter à un retour modal vers les transports collectifs/publics.

Transport écologique

En 2021, le Gouvernement du Canada a continué à prendre des mesures pour faire progresser l’adoption des véhicules zéro émission (VZE) dans tout le pays et a institué un objectif obligatoire de 100 % de ventes de ZEV pour les véhicules légers d’ici 2035.

Entre le lancement du programme, qui a eu lieu en mai 2019, et le mois de décembre 2021, plus de 127 000 Canadiens et entreprises canadiennes ont bénéficié du programme iVZE de Transports Canada. La popularité du programme a nettement augmenté au cours de l’année civile 2021, avec un taux de participation de 40,9 % par rapport à la même période en 2020, qui avait connu une baisse de la demande en raison de la pandémie de COVID-19. Le programme et d’autres investissements fédéraux dans les véhicules zéro émission ont contribué à augmenter à 5,6 % en 2021 la part de marché des VZE dans la catégorie des véhicules légers, contre 3,1 % en 2019.

Le 17 décembre 2021, le gouvernement a lancé des consultations sur l’engagement à exiger que toutes les nouvelles voitures vendues au Canada soient des VZE d’ici 2035, ce qui a donné aux Canadiens l’occasion de façonner la voie du Canada vers la vente de 100 % de VZE d’ici 2035, y compris un objectif provisoire plus ambitieux pour 2030.

Progrès technologiques

Le Canada doit se positionner en fonction d’un avenir qui se caractérise par des technologies émergentes et révolutionnaires et par de nouvelles approches. La connectivité et l’automatisation auront de profondes répercussions sur le secteur des transports et sur l’économie dans son ensemble. Pour maintenir un réseau de transport de classe mondiale, il est essentiel de s’adapter à la croissance exponentielle du taux d’évolution des progrès technologiques et d’appliquer les avantages de ces progrès pour améliorer l’efficacité et la sécurité du secteur des transports.

Des avancées remarquables dans les domaines de l’information, de la communication et d’autres technologies et innovations ont eu lieu au cours des deux dernières décennies. L’application de ces technologies a entraîné des changements considérables dans presque tous les secteurs de l’économie, y compris les transports.

Les nouvelles technologies sont appliquées aux infrastructures de transport, aux équipements et à la gestion de la chaîne d’approvisionnement dans le but de les rendre plus performants et plus efficaces. Les changements technologiques, tels que le covoiturage et les services de livraison du « dernier kilomètre », ont modifié à la fois le mode et le lieu de transport et continueront à bouleverser le transport.

Cette tendance ne montre aucun signe de ralentissement et, en fait, il est probable qu’elle s’accélère à mesure que les secteurs public et privé s’adaptent aux nouveaux environnements opérationnels. Les changements technologiques et l’innovation continueront d’avoir une incidence sur la demande et l’offre d’équipement et de services de transport. Des bouleversements majeurs sont attendus, notamment :

  • la technologie récente (logistique en nuage, internet des objets;)
  • la technologie émergente (IA, analyse avancée, chaînes de blocs);
  • la technologie de pointe (automatisme, robotique).

Ces innovations pourraient améliorer les flux dans les corridors, réduire les coûts, faciliter la collaboration, réduire les répercussions sur la sécurité et l’environnement et modifier l’origine et la destination des expéditions ainsi que la nature des services de transport.

Principaux facteurs à court terme ayant une incidence sur la reprise des transports

Reprise du transport aérien de passagers

Bien qu’une croissance modeste de l’activité du transport aérien au Canada ait été observée au cours de l’été et au début de l’automne 2021, le délai de retour aux niveaux antérieurs à la pandémie demeure incertain et les actifs essentiels à la reprise du secteur restent à risque. Le secteur du transport aérien intérieur au Canada se rétablit à un rythme plus lent qu’aux États-Unis et dans d’autres pays, ce qui est largement attribué à une réduction radicale des voyages d’affaires. On s’attend à ce qu’une perte permanente de 20 % des voyages d’affaires perdure après la pandémie.

Des facteurs qui évoluent rapidement, comme l’émergence de nouveaux variants de la COVID-19, les mesures de santé publique et de sécurité supplémentaires et l’évolution de la confiance des consommateurs, continueront de poser des défis opérationnels et financiers permanents aux transporteurs aériens et aux aéroports du Canada. La demande de transport aérien pourrait croître plus lentement après la pandémie, certains voyages d’affaires étant remplacés par la technologie, mais on prévoit une reprise plus rapide des voyages d’agrément en raison de la demande latente.

Reprise du fret

Alors que le secteur du transport de passagers est confronté à une reprise plus difficile en raison de la pandémie, le secteur du fret a rapidement retrouvé son niveau d’avant la pandémie.

Les perturbations de la chaîne d’approvisionnement mondiale continueront de mettre le secteur au défi, comme nous l’avons vu tout au long de 2021. Les pénuries de micropuces ont affecté la fabrication de biens techniques dans le monde entier. Au Canada, les effets se font surtout sentir dans l’industrie automobile qui peine à répondre à la demande des consommateurs dans un tel contexte de pénurie. L’année 2021 a été marquée par une série de perturbations, notamment le blocage du canal de Suez, des interruptions de travail, l’augmentation de la demande et du coût des conteneurs d’expédition et des conflits mondiaux.

En raison de la rigueur des hivers canadiens, ainsi que des répercussions et de la fréquence croissante des phénomènes météorologiques extrêmes, le réseau de transport national doit demeurer résilient. En 2021, le réseau a été confronté à des défis climatiques importants lorsque l’Ouest a été touché par des incendies de forêt et des inondations. Ces événements, en plus des conditions hivernales généralement rigoureuses, ont entraîné des ralentissements et des perturbations qui risquent de persister à l’avenir.