Les Transports au Canada 2020 - un survol

Les transports favorisent la croissance économique

Les services de transport et d’entreposage sont importants pour l’économie canadienne. La manière traditionnelle de mesurer le produit intérieur brut (PIB) tient seulement compte des activités économiques directement liées aux transports commerciaux ou pour compte d’autrui. Cependant, le transport fait également partie intégrante d’activités non incluses dans les mesures économiques, telles que la valeur des voyages personnels et des activités de transport pour compte propre (en d’autres termes, l’expéditeur utilise un véhicule personnel pour déplacer les marchandises). Selon les données du Compte économique canadien des transports de 2016, le secteur des transports a contribué 168,1 milliards de dollars, soit 8 % du PIB.

En 2016, la prestation de services de transport par les ménages (autrement dit, la prestation de services de transport par les membres d’un ménage pour leur propre consommation, comme conduire une voiture pour aller travailler) a fait augmenter le PIB du Canada de 67,1 milliards de dollars. Les industries hors transport (comme le secteur manufacturier, le commerce de gros et la construction) ont produit 42,6 milliards de dollars par le biais de services de transport pour compte propre, soit 30 % de l’offre intérieure totale de transport.

Graphique - Taux de croissance du produit intérieur brut aux prix de base par industrie
Description de l'image : Taux de croissance du produit intérieur brut aux prix de base par industrie

Le graphique à colonnes montre le taux de croissance annuel du produit intérieur brut aux prix de base par industrie, de 2011 à 2020.

Graphique 1: Taux de croissance du produit intérieur brut aux prix de base par industrie
  Industrie
Année Transport et entreposage Industries productrices de biens Industries de production de services Ensemble des industries
2011 4.0% 4.4% 2.8% 3.3%
2012 1.3% 1.8% 1.9% 1.8%
2013 1.8% 3.4% 2.2% 2.6%
2014 6.0% 3.3% 2.6% 2.8%
2015 2.9% -0.5% 1.5% 0.9%
2016 2.5% -0.8% 1.9% 1.1%
2017 6.4% 4.3% 3.0% 3.4%
2018 3.6% 3.7% 2.4% 2.8%
2019 1.3% 0.3% 2.4% 1.8%
2020 -20.4% -6.0% -4.9% -5.2%

Source: Statistique Canada, Tableau 36-10-0434-01

En utilisant les mesures traditionnelles du PIB, le secteur représentait 3,8 % du PIB (72 milliards de dollars) en 2020. Au cours de la dernière année, le secteur a reculé de 20,4 %, à un rythme bien pire que celui de l’ensemble des industries (-5,2 %). Toutefois, le taux de croissance annuel total du PIB du secteur des transports au cours des cinq dernières années (3,4 %) a dépassé celui de l’ensemble de l’économie (2,3 %).

Bien que le secteur des transports et de l’entreposage ne représente que 3,8 % du PIB, il soutient l’activité d’autres industries. Le secteur manufacturier, par exemple, dépend fortement des services de transport pour acheminer les intrants et livrer les marchandises sur les marchés. C’est également le cas pour les industries du commerce de gros et de détail.

En 2020, les dépenses totales des ménages consacrées au transport (y compris les assurances) s’élevaient à 164,7 milliards de dollars, ce qui représentait la deuxième catégorie de dépense la plus importante après le logement. La consommation des ménages en transport a augmenté d’environ 4,3 % chaque année en moyenne de 2015 à 2019, les dépenses globales augmentant au même rythme. Les dépenses des ménages pour les déplacements personnels ont représenté environ 11 % du PIB.

En 2020, 950 200 employés (y compris les travailleurs indépendants) travaillaient dans le secteur des transports et de l’entreposage, ce qui représente une baisse de 8,4 % par rapport à 2019. L’emploi dans le secteur des transports et de l’entreposage représente environ 5 % de l’emploi total, une proportion qui est restée stable au cours des deux dernières décennies.

Pénuries de main-d’œuvre

Selon la Banque mondiale, la pénurie de compétences constitue une forte menace pour le secteur des transports et de l’entreposage. Le vieillissement de la population active et le départ à la retraite des baby-boomers vont probablement aggraver les pénuries de main-d’œuvre dans certaines professions. Les intervenants ont déjà fait part de ces préoccupations et de la manière dont cela pourrait nuire à leur capacité à demeurer compétitifs.

Le marché du travail dans le secteur est gravement touché par la COVID-19. En 2020, le taux de chômage a grimpé à 7,5 % par rapport à 3,2 % en 2019; la moyenne décennale se chiffre à 4,1 %. Bien que le taux de chômage dans le secteur se compare favorablement à la moyenne nationale de 9,6 %, cela ne s’est pas reflété dans la croissance des salaires. Alors que les gains hebdomadaires moyens du secteur des transports et de l’entreposage ont augmenté de 6,1 % en 2020, ils ont augmenté de 6,7 % en moyenne pour l’ensemble des industries.

Selon Emploi et Développement social Canada, des écarts importants entre l’offre et la demande de main-d’œuvre pour certaines professions du secteur des transports seront constatés au cours des dix prochaines années, notamment à l’égard des chauffeurs routiers. Cela est dû, entre autres, à l’âge avancé de bon nombre de travailleurs de ce secteur. Les chauffeurs routiers ont tendance à être plus âgés que la moyenne nationale, de sorte qu’un grand nombre d’entre eux prendront leur retraite au cours des dix prochaines années.

Selon le recensement de 2016, 40 % de la population active nationale avait entre 45 et 64 ans comparativement à 50 % dans le secteur des transports. Les travailleurs de moins de 25 ans représentaient 14 % de l’ensemble des travailleurs, toutes industries confondues, bien que cette proportion ait chuté à 7 % dans le secteur des transports et de l’entreposage.

Les femmes sont également fortement sous-représentées dans le secteur des transports, les hommes représentant plus de 75 % de la main-d’œuvre. Les immigrants, en particulier les immigrants récents, et les Autochtones étaient également sous-représentés dans la plupart des emplois susceptibles de connaître des pénuries de main-d’œuvre, notamment dans les secteurs du camionnage, du transport en commun et du transport aérien.

L’incapacité à pourvoir les emplois pourrait avoir des répercussions négatives sur le secteur des transports, mais aussi sur les industries canadiennes qui dépendent de ce secteur pour accéder aux marchés nationaux et internationaux.

Compétitivité

L’indice de compétitivité mondiale du Forum économique mondial est un indicateur annuel du rendement d’un pays en fonction des mesures de la productivité et de la croissance économique. L’infrastructure de transport est incluse dans le calcul de l’indice et permet de comparer la qualité de l’infrastructure de transport au Canada à celle d’autres pays.

En 2019, le Canada s’est classé 14e à l’échelle mondiale, en obtenant une note de 79,6, qui est proche de la note de 84,8 obtenue par Singapour, soit le pays ayant eu le meilleur rendement. Le Canada a glissé de deux places et perdu 0,3 point par rapport à 2018. Cela est dû en partie aux problèmes commerciaux qui ont nui à la capacité du Canada à demeurer compétitif.

En ce qui concerne l’infrastructure de transport, le Canada s’est classé au 32e rang, en obtenant une note de 65,7 (bien en deçà du niveau 100, soit une situation idéale où une composante de l’indice cesse d’être une contrainte à la croissance de la productivité). Cette note met en évidence les domaines qui doivent être améliorés, notamment la qualité des routes, ainsi que l’efficacité des services ferroviaires et portuaires. En revanche, la connectivité routière (98,7) et la connectivité aéroportuaire (96,3) ont obtenu une note très élevée, avec une faible marge d’amélioration.

Productivité

La productivité multifactorielle mesure l’efficacité avec laquelle les intrants de production, comme la main-d’œuvre et le capital, sont utilisés dans la production. Statistique Canada surveille la productivité multifactorielle du Canada.

Graphique - Taux de croissance annuel moyen de la productivité multifactorielle
Description de l'image : Taux de croissance annuel moyen de la productivité multifactorielle

Le graphique à colonnes montre le taux de croissance annuel moyen de la productivité multifactorielle par industrie, de 1970 à 2019. La productivité multifactorielle pour le secteur du transport et de l'entreposage a augmenté en moyenne annuellement de 3 % de 1970 à 1979, bien au-dessus du taux de croissance de 0,8 % pour le total du secteur des entreprises.

Graphique 2: Taux de croissance annuel moyen de la productivité multifactorielle
  Industrie
Période Transport et entreposage Secteur des entreprises Secteurs des entreprises, biens Secteurs des entreprises, services
1970-1979 3.0% 0.8% 0.8% 1.0%
1980-1989 1.0% 0.2% 0.6% -0.1%
1990-1999 -0.5% 0.3% 1.1% -0.2%
2000-2009 0.0% -0.5% -1.3% 0.3%
2010-2019 -0.7% 0.7% 0.8% 0.5%

Source: Statistique Canada, Tableau 36-10-0208-01

Récemment, la productivité multifactorielle dans le secteur des transports et de l’entreposage a atteint un plateau. Entre 2010 et 2019, la productivité multifactorielle a diminué d’environ 0,9 % par an comparativement à une augmentation de 0,6 % pour l’ensemble du secteur des entreprises.

En revanche, la productivité de la main-d’œuvre dans le secteur des transports et de l’entreposage a augmenté au cours de la même période, à un taux annuel de 1,1 %. Ce chiffre est légèrement inférieur à celui du secteur commercial global (1,2 %). La productivité de la main-d’œuvre de certains sous-secteurs des transports et de l’entreposage, comme le transport aérien et ferroviaire, a dépassé celle du secteur commercial avec des taux de croissance annuels moyens de 3,0 % et 2,9 %.