Tendances et perspectives

Changements démographiques

En 2022, le Canada a vu sa population s’accroître à un niveau record : on estime que d’ici la fin de l’année, le pays comptera 39,6 millions d’habitants, une hausse en grande partie alimentée par l’immigration. On s’attend à ce que la population augmente de 2,5 millions d’habitants d’ici 2036. Le Canada devance de loin les autres du pays du G7 en ce qui a trait à la croissance de sa population, et ce, depuis de nombreuses années. Tandis que les grands centres urbains absorbent le gros de cette croissance, les Nations Unies, par le biais de leurs Perspectives d’urbanisation dans le monde, prévoient que l’urbanisation au Canada atteindra 88 % en 2050, contre 83 % aujourd’hui, ce qui entraînera une augmentation de la demande de déplacements urbains et des risques de congestion. L’augmentation de la congestion urbaine pourrait également faire augmenter la demande de transports en commun. Selon l’indice du trafic TomTom pour 2021, qui classe 404 villes dans le monde en fonction de leur congestion urbaine, Vancouver occupe le rang de la ville la plus congestionnée du Canada, suivie de Montréal et de Toronto, avec des temps de trajet supplémentaires se situant entre 24 % et 33 %.

Le nombre croissant de personnes âgées au Canada affectera également la nature du transport des passagers en augmentant la nécessité d’offrir des transports plus souples et plus accessibles. En 2036, Statistique Canada prévoit que le nombre de Canadiens âgés de 65 ans et plus représentera 24 % de la population, contre 18,5 % en 2022.

L’aperçu démographique ci-dessus ne sera pas sans conséquences sur les ressources humaines nécessaires aux activités et aux opérations de transport. À mesure que la population vieillit et qu’une part plus importante des travailleurs d’aujourd’hui prend sa retraite, on assistera à une contraction de l’offre de professionnels qualifiés susceptibles de les remplacer.

Transport écologique

En 2022, le gouvernement du Canada a continué de prendre des mesures pour promouvoir l’adoption des véhicules zéro émission (VZE) partout au pays et s’est engagé à instaurer des règlements sur les VZE visant le secteur des véhicules légers et des véhicules moyens et lourds. Ces règlements fixeront graduellement, chaque année, des exigences en vue d’atteindre 100 % de ventes de véhicules légers VZE d’ici 2035, et de véhicules moyens et lourds VZE d’ici 2040, si possible. Les règlements relatifs aux véhicules légers prévoient des cibles intermédiaires d’au moins 20 % d’ici 2026 et d’au moins 60 % d’ici 2030, alors que les cibles intermédiaires pour les véhicules moyens et lourds seront déterminées en fonction des différents segments de véhicules, selon la faisabilité.

Avancées technologiques

Le Canada doit se positionner en fonction d’un avenir qui se caractérise par des technologies naissantes et révolutionnaires et par de nouvelles approches. La connectivité et l’automatisation auront de profondes répercussions sur le secteur des transports et sur l’économie dans son ensemble. Pour maintenir un réseau de transport de calibre mondial, il importe de s’adapter à la croissance exponentielle des avancées technologiques et d’appliquer les bénéfices de ces avancées pour améliorer l’efficience et la sécurité du secteur des transports.

Des avancées remarquables dans les domaines de l’information, de la communication et d’autres technologies ont eu lieu au cours des deux dernières décennies. L’application de ces technologies a entraîné des changements considérables dans presque tous les secteurs de l’économie, y compris les transports.

Les nouvelles technologies sont appliquées aux infrastructures de transport, aux équipements et à la gestion de la chaîne d’approvisionnement dans le but de les rendre plus performants. Par exemple, les changements technologiques, tels que le covoiturage et les services de livraison du « dernier kilomètre », ont modifié à la fois la manière et les lieux de transport et continueront à bouleverser le transport dans l’avenir.

Cette tendance ne montre aucun signe d’essoufflement et, en fait, il est probable qu’elle s’accélère à mesure que les secteurs public et privé s’adaptent aux nouveaux environnements opérationnels. Les changements technologiques et l’innovation continueront d’avoir une incidence sur la demande et l’offre en transport. Les grands bouleversements à venir comprennent : 

• les technologies récentes (logistique en infonuagique, internet des objets);
• les technologies émergentes (intelligence artificielle, analytique avancée, chaîne de blocs);
• les technologies avancées (véhicules autonomes, robotique).

Ces innovations offrent la possibilité d’optimiser la fluidité, de réduire les coûts, de favoriser la collaboration, d’améliorer la sécurité et de réduire les impacts environnementaux, ainsi que de modifier l’origine et la destination des envois, et la nature des services de transport.

En outre, la numérisation joue un rôle clé dans les avancées technologiques de Transports Canada, comme en témoigne l’annonce du gouvernement du Canada de lancer une nouvelle initiative d’infrastructure numérique pour renforcer les chaînes d’approvisionnement du Canada. Cette initiative, qui ferait partie de la Stratégie nationale en matière de chaîne d’approvisionnement, permettrait d’améliorer l’efficacité et la résilience de la chaîne d’approvisionnement du Canada par les moyens suivants :

• Faciliter la planification et la coordination des activités de transport afin d’atténuer les goulots d’étranglement, de réduire la congestion et de mieux résister aux perturbations grâce à la collecte et à l’échange de données et d’analyses en temps réel;
• Soutenir les approches sectorielles en matière de solutions numériques, en particulier dans les domaines de la collecte de données, de la coordination et de l’amélioration de la visibilité du réseau de transport pour les transporteurs, les expéditeurs et les gouvernements;
• Soutenir la prise de décisions fondée sur des données probantes afin d’optimiser les réseaux existants et de mieux planifier les investissements dans les infrastructures.

Reprise des vols de passagers

La reprise du transport aérien au Canada a été robuste en 2022, le trafic vers certaines destinations s’étant entièrement redressé, mais des incertitudes demeurent, influencées principalement par des considérations économiques et propres au transport. En 2022, la reprise du trafic à l’échelle nationale représentait 83 % des niveaux de 2019 et 89 % en décembre 2022, tandis que le trafic international représentait 68 % des niveaux de 2019 et 89 % en décembre 2022. Au dernier trimestre de l’année, la reprise était inférieure à celle des États-Unis, mais supérieure à celle de l’Australie, de l’Union européenne et du Royaume-Uni. Les tarifs aériens moyens ont toujours été supérieurs aux niveaux d’avant la pandémie en 2022.

Un retour aux niveaux prépandémiques est attendu pour le milieu de l’année 2024. Des risques et possibilités subsistent en ce qui a trait à une demande refoulée se traduisant par un fort rebond des voyages d’agrément, à une plus grande utilisation des technologies de communication entraînant une diminution des voyages d’affaires, à un ralentissement possible de la croissance économique et à une augmentation des tarifs.

Reprise du secteur du transport des marchandises

Le secteur du transport des marchandises a poursuivi sa croissance en 2022 grâce à une demande refoulée qui s’est libérée après la pandémie, à certaines améliorations de la chaîne d’approvisionnement, à la guerre en Ukraine et à de meilleures récoltes.

L’expédition de produits manufacturés nationaux, en particulier dans le secteur de l’automobile, a progressé grâce à l’augmentation de la demande des consommateurs et au règlement des problèmes d’approvisionnement en puces électroniques. Le conflit entre la Russie et l’Ukraine a touché de nombreuses industries, en particulier les ressources naturelles, qui ont connu des perturbations, mais également des occasions à saisir. L’augmentation des volumes de charbon et de potasse en réponse à une pénurie de l’offre mondiale attribuable aux sanctions contre la Russie et la Biélorussie a été particulièrement remarquable. La demande en céréales a été la plus forte, en raison d’une meilleure récolte et d’une demande accrue due à la guerre en Ukraine.

Pendant la première moitié de 2022, la demande refoulée en biens de consommation qui s’est libérée après la pandémie et l’accumulation par les producteurs de stocks régulateurs pour contrôler le risque ont entraîné des pénuries dans les capacités d’entreposage. Cette situation a limité les importations de marchandises conteneurisées et l’expédition sur le territoire national de produits manufacturés. Le secteur du transport des marchandises a également contribué à freiner les forces de la demande en raison de problèmes persistants dans la chaîne d’approvisionnement et du resserrement de la politique monétaire. Dans la deuxième moitié de 2022, la consommation et les importations de marchandises conteneurisées ont ralenti en raison des effets du resserrement monétaire sur les ménages craignant l’endettement et de l’élimination graduelle par les gouvernements des mesures de relance post-COVID.

Au cours de l’année à venir, la demande en transport de marchandises devrait encore être perturbée par des vents contraires résultant du resserrement de la politique économique mondiale. À long terme, le transport de marchandises devrait renouer avec la croissance. La croissance à long terme sera influencée par les changements démographiques et les perspectives économiques mondiales. Les changements climatiques et les efforts d’atténuation modifieront probablement les types de marchandises transportées.