Comité plénier du Sénat concernant la loi de retour au travail au Port de Montréal du 30 avril 2021

Arrêt de travail au port de Montréal — Exposé détaillé

Messages clés

  • Le port de Montréal est une porte d’entrée internationale et nationale essentielle à l’économie canadienne.
  • C’est le deuxième port à conteneurs en importance au Canada et le plus grand sur la côte Est du Canada. Le port traite quotidiennement des marchandises d’une valeur de 275 M$ et soutient plus de 19 000 emplois directs et indirects.
  • Les répercussions économiques de la pandémie ont déjà placé notre réseau de transport dans une situation sans précédent. Les ports, les chemins de fer et les entreprises de camionnage du Canada travaillent à capacité maximale pour garder les marchandises à la disposition des Canadiens.
  • Dans ce contexte, la grève au port de Montréal est particulièrement dommageable pour l’économie canadienne. Chaque semaine, on estime que la grève au port de Montréal coûte à l’économie canadienne entre 40 et 100 M$ en pertes permanentes.
  • Les répercussions économiques négatives de la situation de travail au port de Montréal étaient visibles bien avant le début de la grève complète, le 23 avril. Comme la grève d’août dernier a été temporairement réglée par une trêve et non par une nouvelle convention collective, les expéditeurs maritimes et les transporteurs ferroviaires ont commencé à éviter de faire des affaires avec le port de Montréal.
  • Le trafic de conteneurs au port avait chuté d’environ 10 % en mars 2021.
  • La situation s’est aggravée avec le début de la grève partielle le 13 avril, qui a réduit la capacité du port de 30 %, soit 90 M$ de marchandises par semaine. Les exportateurs canadiens ont eu du mal à assurer le transport de leurs produits et les conteneurs se sont accumulés au port.
  • La grève au port de Montréal n’est que la plus récente perturbation dans une période exceptionnellement difficile pour le secteur des transports et l’économie canadienne.
  • Au cours des deux dernières années, les expéditeurs et les entreprises canadiennes ont subi les répercussions des tensions commerciales internationales, des blocus ferroviaires, des fermetures, des pénuries importantes de conteneurs, du blocage du canal de Suez et d’une crise économique prolongée et historique causée par la COVID-19.
  • Le réseau de transport est essentiel à la santé de l’économie canadienne. Les perturbations du réseau de transport entraînent des effets économiques négatifs en cascade dans tout le pays. Ces répercussions négatives se sont accumulées, chaque nouvelle perturbation causant des dommages profonds et, dans certains cas, irréparables.
  • Bien que l’économie locale de Montréal soit la plus durement touchée par la grève, les pertes sont profondément ressenties au Québec, en Ontario et ailleurs, en raison de la nature du réseau de transport intégré du Canada. Même les entreprises qui n’utilisent pas le port de Montréal subissent des impacts : leurs marchandises sont touchées par des perturbations dans des gares ferroviaires situées à des centaines de kilomètres.
  • Ces impacts nuisent de façon disproportionnée aux petites et moyennes entreprises. De nombreuses grandes sociétés ont conclu d’autres ententes de transport par d’autres ports. Les petites et moyennes entreprises du Québec et de l’Ontario n’ont pas toujours les ressources pour faire la même chose.
  • Bon nombre de ces petites et moyennes entreprises ont déjà vu leurs revenus diminuer et leurs coûts augmenter en raison de la pandémie. Certaines ont signalé qu’elles pourraient devoir fermer.
  • Les conséquences sont particulièrement profondes pour les secteurs clés et l’infrastructure essentielle, comme les produits alimentaires et médicaux à délai critique qui sont essentiels à la qualité de vie des Canadiens.
    • Les hôpitaux et les fabricants de médicaments pourraient rapidement être confrontés à des pénuries de produits et d’ingrédients de dialyse nécessaires à la production de médicaments clés, y compris les médicaments nécessaires au traitement de maladies physiques et mentales graves.
    • Il n’est pas pratique de transporter seulement des marchandises essentielles. En date d’hier (29 avril), aucun conteneur critique n’était déplacé. Il y avait 15 conteneurs critiques à quai et 121 conteneurs critiques à bord de navires destinés au port de Montréal, pour un total de 136 conteneurs critiques touchés par la grève. Ces biens essentiels comprennent les produits liés à la COVID-19, l’équipement médical hautement prioritaire et les produits pharmaceutiques.
    • Des millions de Canadiens dépendent du port de Montréal pour leurs importations alimentaires. Alors que la grève se poursuit, des millions de dollars de produits frais seront gaspillés, ce qui entraînera une augmentation des coûts et une insécurité alimentaire.
    • Les producteurs agricoles auront bientôt du mal à obtenir les principaux engrais essentiels à l’ensemencement du printemps, qui est nécessaire pour produire des aliments pour les Canadiens. Si les engrais n’arrivent pas à temps, les agriculteurs seront forcés de semer tard, ce qui réduira la récolte du Canada et coûtera aux agriculteurs des millions de dollars en perte de revenu.
    • L’industrie automobile canadienne dépend des chaînes d’approvisionnement juste à temps, le port de Montréal étant une porte d’entrée clé pour les moteurs et d’autres composantes essentielles. La grève menace l’exploitation ininterrompue des usines automobiles du Canada.
    • L’industrie forestière canadienne a déjà dépensé des dizaines de milliers de dollars pour réacheminer les expéditions, souvent par les ports américains. Cela rend les exportations canadiennes moins concurrentielles et nuit aux entreprises locales.
    • L’industrie de la construction, qui emploie près de 1,5 million de personnes, devrait être un partenaire clé de la reprise économique du Canada. Cependant, la grève a lieu au début de la saison de construction, ce qui menace la capacité des entreprises d’obtenir des matériaux et de mener à bien des projets à temps et dans les limites du budget.
  • Plus cette perturbation dure longtemps, plus les dommages économiques sont importants.
  • Certains de ces effets négatifs étaient bien visibles lors de la grève précédente au port de Montréal en août 2020.
    • Des marchandises essentielles, y compris des produits médicaux clés, ont été bloquées au port de Montréal pendant des jours.
    • Le réseau de transport a été incapable de s’adapter efficacement. Les autres ports, comme ceux de Halifax et de Saint John, n’avaient pas la capacité de gérer la hausse du trafic, car les entreprises tentaient de détourner les commandes de Montréal. Les voies ferrées de ces ports fonctionnaient à capacité maximale, et les entreprises de camionnage n’arrivaient pas à répondre à la demande.
    • La Fédération canadienne de l’entreprise indépendante a estimé que 40 % des PME du Québec étaient touchées.
    • L’Association canadienne des distributeurs de fruits et de légumes a estimé que 12 millions de dollars de fruits et légumes frais ont été perdus, ce qui a causé la perte de 500 emplois.
    • L’Association canadienne des produits forestiers a estimé que l’industrie des produits forestiers a subi des coûts supplémentaires de 500 000 $.
    • La grève a coûté aux grossistes environ 600 M$ en ventes perdues.
    • Même après la fin de la grève, il a fallu trois mois pour éliminer l’arriéré de conteneurs. Les répercussions de perturbations même relativement courtes peuvent durer des mois.
  • De plus, cette interruption de travail, la deuxième en moins d’un an, nuit à la réputation du Canada en tant que partenaire commercial fiable.
  • À mesure que l’économie se remet des effets de la pandémie, la capacité du Canada d’attirer des investissements et de créer des emplois n’a jamais été aussi importante.
  • Un réseau de transport solide renforce la croissance d’une économie saine. Il est essentiel que le réseau de transport du Canada demeure ouvert, efficace et fluide. Il est essentiel que le port de Montréal continue de servir les Canadiens en ce moment.