Il s'agit d'un aperçu de la perspective fédérale en ce qui concerne le secteur des transports du Canada, y compris les faits et le rendement clés, les nouvelles tendances, les pouvoirs et les leviers dont dispose le ministre des Transports ainsi que les questions clés à prendre en considération pour faire avancer la politique sur les transports. Cet aperçu donne un contexte pour faciliter la prise de décisions éclairées sur la façon de mettre en œuvre les priorités du mandat du gouvernement en matière de transport, en particulier les éléments de la lettre de mandat du ministre.
Les transports au Canada
Le vaste territoire du Canada et sa population très dispersée font en sorte qu'il est particulièrement important qu'on dispose d'un réseau de transport efficace et accessible pour relier les gens et faciliter l'activité économique.
Le réseau de transport multimodal repose sur un certain nombre d'actifs et de réseaux stratégiques répartis dans toutes les régions du pays.
Transport aérien
- Plus de 1 300 transporteurs aériens menant leurs activités au Canada ou transportant des marchandises depuis et vers le Canada (40 % de volume canadien, 60 % de volume international).
- Près de 37 000 aéronefs immatriculés au Canada et plus de 31 000 pilotes brevetés.
- 296 aéroports terrestres certifiés, cinq aéroports aquatiques certifiés et 264 héliports certifiés.
- 26 aéroports constituant le réseau des aéroports nationaux et 71 aéroports régionaux/locaux.
- 89 aéroports désignés pour le contrôle de sûreté de l'Administration canadienne de la sûreté du transport aérien (ACSTA) et 565 aérodromes certifiés.
- 31 milliards de dollars en revenus annuels générés avant la pandémie par le troisième plus important secteur aérospatial au monde, qui crée plus de 215 000 emplois au Canada.
Transport ferroviaire
- Le Canada compte deux grandes compagnies de chemin de fer de catégorie I : le Canadien National (CN) et le Canadien Pacifique (CP); de grands transporteurs américains mènent également leurs activités au Canada.
- 44 917 kilomètres de voies ferrées :
- La Compagnie des chemins de fer nationaux du Canada (CN) possède 48,8 % de ces voies (21 904 km).
- Le Canadien Pacifique (CP) en possède 29,1 % (13 063 km).
- D'autres compagnies en possèdent 22,2 % (9 950 km).
- Plus de 330 millions de tonnes de marchandises transportées en 2021.
- VIA Rail Canada Inc. a transporté 1,5 million de passagers en 2021, soit moins qu'avant la pandémie, mais plus qu'en 2020.
Transport maritime
- Plus de 42 000 bâtiments commerciaux immatriculés et actifs, dont 6 100 remorqueurs et chalands actifs exploités au Canada.
- Près de 20 000 embarcations de plaisance immatriculées.
- Plus de 560 installations portuaires, ce qui exclut les ports de pêche et de plaisance, dont 17 sont des administrations portuaires canadiennes (APC).
- En 2020, à l'échelle des APC, le volume total des marchandises manutentionnées était de 346 millions de tonnes (une réduction de 0,5 % par rapport à 2019); environ 42 % de ce volume a été manutentionné par le port de Vancouver, le port le plus grand et le plus achalandé au Canada.
Transport routier
- Mode de transport dominant pour déplacer les marchandises et les passagers au Canada.
- Plus de 25 millions de véhicules routiers sont immatriculés au Canada.
- Plus de 1,1 million de kilomètres de voies en équivalent à deux voies de chemin public.
Tendances actuelles et nouvelles
Assurer l'efficacité et la fluidité des chaînes d'approvisionnement du Canada
Un réseau de transport qui fonctionne bien est essentiel pour sécuriser les chaînes d'approvisionnement et permettre le commerce mondial. Un tel réseau représente l'épine dorsale de presque tous les secteurs de l'économie. Étant donné que les chaînes d'approvisionnement mondiales continuent de subir des pressions créées par la congestion, Transports Canada joue un rôle essentiel lorsqu'il s'agit du rendement général et la fiabilité du réseau pour acheminer les produits sur le marché, assurer la sécurité des Canadiens et soutenir notre prospérité économique.
À l'échelle mondiale, les défis liés à la chaîne d'approvisionnement contribuent à la pression inflationniste élevée depuis 30 ans. Au cours de 2022, l'équilibre de la demande entre les services et les biens durables est revenu aux niveaux prévalant avant la pandémie. Toutefois, les confinements continus pour lutter contre la COVID-19 en Chine ont créé de l'incertitude dans la production et l'expédition, ce qui a donné lieu à une certaine volatilité des prix. Ces énormes défis ont exacerbé les pressions liées aux problèmes actuels du réseau – par exemple, la consolidation dans les principales industries du transport maritime a donné lieu à une augmentation importante des tarifs de transport; bien que ces tarifs se soient en grande partie stabilisés, on s'attend à ce qu'ils demeurent supérieurs aux niveaux prévalant avant la pandémie. Pendant ce temps, l'invasion de l'Ukraine par la Russie crée de l'incertitude sur les marchés énergétiques et alimentaires, ce qui intensifie la pression inflationniste mondiale et la probabilité de perturbations permanentes.
On remarque comment les « points névralgiques » des chaînes d'approvisionnement canadiennes intensifient les problèmes mondiaux, ce qui crée une pression dans le réseau. Le manque de capacité des entrepôts et le factage dans le centre du Canada créent de nouvelles pressions sur les arriérés, ce qui intensifie les graves problèmes de congestion au port de Vancouver. Les conséquences sur l'efficacité et sur la réputation du Canada en tant que partenaire commercial fiable sont également aggravées par les blocus occasionnels de corridors clés (blocus ferroviaires des Autochtones en 2020, blocus frontaliers du convoi de la liberté en 2022). Parmi ces points névralgiques, mentionnons les défis structurels comme les contraintes d'infrastructure liées aux passerelles portuaires et aux centres de distribution; le manque de partage de données en temps réel entre les exploitants, qui donne lieu à un manque de coordination aux points d'entrée et aux centres de distribution; le faible rendement des exploitants ferroviaires en hiver et dans des conditions météorologiques extrêmes; et enfin, les pénuries de main-d'œuvre, particulièrement dans les secteurs du camionnage et du transport ferroviaire.
Au cours des trois dernières années, Transports Canada (TC) a réalisé des progrès clés pour soutenir la reprise après la pandémie de notre secteur du transport et de la logistique. Le budget de 2022 a annoncé un engagement de 603,2 millions de dollars sur cinq ans, à compter de 20222023, pour permettre de bâtir des chaînes d'approvisionnement plus résilientes et efficaces, et le ministre des Transports a créé un groupe de travail national indépendant sur la chaîne d'approvisionnement (groupe de travail) chargé de consulter à grande échelle l'industrie, les associations et les experts, afin d'examiner les principales pressions et formuler des recommandations concernant les mesures à prendre à court et à long terme pour renforcer l'efficacité, la fluidité et la résilience de l'infrastructure de transport et la fiabilité de la chaîne d'approvisionnement du Canada. L'Énoncé économique de l'automne 2022 réitérait l'engagement pangouvernemental à améliorer le rendement de la chaîne d'approvisionnement, indiquant que de plus amples renseignements sur la stratégie nationale sur la chaîne d'approvisionnement seraient présentés dans le budget de 2023.
Le 17 novembre 2022, le ministre des Transports a déposé le projet de loi C-33, Loi visant à renforcer le réseau portuaire et la sécurité ferroviaire au Canada, qui comprend des mesures proposées pour : modifier la législation actuelle et moderniser le fonctionnement des réseaux de transport maritime et ferroviaire du Canada; éliminer les obstacles systémiques pour créer une chaîne d’approvisionnement plus fluide, sécurisée et résiliente; élargir le mandat des administrations portuaires du Canada en matière de gestion de la circulation; positionner les ports du Canada en tant que carrefours stratégiques qui appuient le rendement de la chaîne d’approvisionnement nationale et gèrent efficacement les décisions d’investissement, pour assurer une croissance durable; rehausser la connaissance des ports et de leurs activités au gouvernement; et moderniser les dispositions sur la sécurité ferroviaire, la sûreté et le transport des marchandises dangereuses.
Malgré ces efforts visant à permettre une reprise vigoureuse du réseau de transport, le Canada se heurte encore à des défis structurels – la croissance de la productivité dans le secteur des transports a plafonné – ce qui comprend à la fois une baisse du rendement de la logistique et de la qualité relative des infrastructures, et les secteurs du transport aérien, ferroviaire et maritime et du transport collectif accusent tous un retard par rapport à la moyenne de l'économie globale en ce qui concerne les pratiques novatrices. Le regroupement des principaux fournisseurs de services de transport freine la concurrence; la diversité géographique du Canada crée des problèmes de connectivité pour certaines collectivités et des phénomènes météorologiques extrêmes plus fréquents exacerbent le risque de perturbations. La congestion dans les zones urbaines et les goulots d'étranglement dans les principales chaînes d'approvisionnement limitent la fluidité du réseau, ce qui crée davantage de défis de coordination entre les modes.
Il sera essentiel de favoriser la résilience de la chaîne d'approvisionnement logistique de la production et du transport au Canada pour maintenir notre avantage concurrentiel et saisir les possibilités économiques qui se présentent à l'échelle mondiale et nationale. La promotion de solutions numériques dans l'industrie du transport à l'aide de nouvelles technologies, pour tirer parti des données en temps réel, et l'élaboration d'analyses prédictives seront un domaine clé à explorer pour obtenir un avantage international. Le Ministère continuera d'effectuer des investissements stratégiques et de tirer parti d'autres outils pour faire progresser les mesures qui renforcent les chaînes d'approvisionnement du Canada en rendant l'infrastructure de transport plus efficace et plus fiable, et qui améliorent la compétitivité économique du pays en collaborant étroitement avec l'industrie et d'autres partenaires de la chaîne d'approvisionnement, afin de faciliter l'application de solutions numériques, de moderniser les pratiques réglementaires qui ont une incidence sur le mouvement des marchandises et d'explorer d'autres possibilités qui appuient une augmentation de la capacité économique et de la productivité du Canada, tout en favorisant une croissance soutenue à long terme. Cela comprendra des modifications législatives et réglementaires visant à optimiser davantage notre système de chaîne d'approvisionnement et à déterminer les investissements prioritaires, ce qui favorisera la croissance à long terme des industries émergentes.
Améliorer les services aériens offerts aux Canadiens tout en appuyant une reprise vigoureuse
Le vaste territoire du Canada et les collectivités très dispersées rendent les Canadiens plus dépendants au transport aérien que dans la plupart des autres nations. Le secteur aérien canadien doit également relever des défis uniques :
- Le secteur s'appuie davantage sur le principe de l'utilisateur-payeur que le secteur de la plupart des autres pays - mentionnons tout particulièrement l'approche subventionnée des États-Unis (É.-U.).
- Le transport aérien exige beaucoup de capitaux, mais la géographie et la répartition de la population limitent les économies d'échelle et les gains en efficacité, ce qui fait augmenter les coûts.
- Au total, 90 % de la population est répartie dans un rayon de 160 kilomètres de la frontière américaine.
- Moins de 1 % de la population habite la partie nord du territoire.
- La proximité avec les États-Unis complique davantage la dynamique de la concurrence.
- Les conditions météorologiques font augmenter les coûts.
Les deux dernières années et demie ont été extrêmement difficiles pour le secteur aérien, mais surtout pour ses travailleurs et ses passagers. Les Canadiens ont vécu des retards et se sont heurtés à des problèmes de service à l'échelle du réseau. Les volumes de trafic ont été inférieurs de 90 % aux niveaux enregistrés avant la pandémie pendant plus de deux ans, soit beaucoup plus longtemps que dans la plupart des autres pays. Le secteur aérien a été un des secteurs les plus durement touchés, car il a connu un pic de perte d'emploi de plus de 50 %, ce qui a causé la pénurie de main-d'œuvre actuelle. La combinaison de ces pénuries et des réductions de service généralisées et des difficultés liées à l'émission de remboursements a donné lieu à d'importantes pertes financières pour les intervenants de l'ensemble du secteur, ce qui signifie que l'augmentation de la dette s'est traduite par une augmentation des frais imputés aux passagers. Au cœur de la crise créée par la pandémie de COVID-19, le gouvernement a pris des mesures de soutien pour assurer la stabilité financière, mais moins qu'aux États-Unis et que dans certains autres pays.
Pendant la pandémie, le système d'utilisateur-payeur du Canada ne comptait presque aucun utilisateur et a été profondément ébranlé. Entre mars 2020 et décembre 2022, le secteur a affiché les données suivantes :
- perte de 370 millions de passagers (2,3 fois le nombre total de passagers transportés en 2019);
- pertes de revenus se chiffrant à 67 milliards de dollars; et,
- augmentation de la dette de 13 milliards de dollars.
Si on tient compte du réseau actuel, cela signifie que les deux dernières années ont été marquées par une augmentation des coûts attribuable aux pertes : les frais d'amélioration aéroportuaire ont augmenté de 36 %, le prix moyen des billets d'avion a augmenté de 20 % et les coûts de NAV CANADA, de 30 %. Toutefois, le ralentissement prolongé n'a fait que créer une demande contenue, que le réseau n'était pas prêt à absorber. Deux années de faible trafic suivies d'une croissance rapide du nombre des passagers ont révélé les problèmes qui doivent être résolus. Les services gouvernementaux n'ont pas été en mesure de répondre à la demande des voyageurs, ce qui comprend la capacité de contrôle de l'Administration canadienne de la sûreté du transport aérien (ACSTA), de l'Agence des services frontaliers du Canada (ASFC) et de l'Agence de la santé publique du Canada (ASPC) et l'efficacité de leurs processus, les arriérés dans les processus de visa d'Immigration, Réfugiés et Citoyenneté Canada (IRCC) et la capacité de l'agence des douanes et de la protection des frontières des États-Unis. Ces problèmes de capacité sont exacerbés par le manque de transparence et de responsabilisation dans certains domaines – par exemple, les récentes perturbations des voyages des Fêtes ont révélé un manque de communication en ce qui concerne la coordination des services, surtout pendant des événements extrêmes. Plus fondamentalement, on observe une opacité en ce qui concerne la prise de décisions dans les aéroports ainsi que le fait que les compagnies aériennes respectent les droits des passagers.
Un peu comme les problèmes constants liés aux chaînes d'approvisionnement, les perturbations extrêmes des deux dernières années ont mis en lumière la fragilité structurelle du secteur aérien, car certaines parties du secteur font face à des problèmes de viabilité, de capacité et de rendement – les infrastructures aéroportuaires et de navigation aérienne de petite taille ou éloignées doivent être modernisées, le coût élevé des circuits vers les petites collectivités crée un déséquilibre pour les voyageurs qui dépendent du transport aérien pour effectuer des liaisons essentielles et les contraintes d'infrastructure dans les aéroports-pivots ont gêné le rendement. Par exemple, la pandémie a créé des défis particuliers pour les collectivités nordiques et éloignées, compte tenu de leur dépendance plus forte au transport aérien, créée par leur éloignement et leur dépendance aux chaînes d'approvisionnement pour la livraison de produits, de services et d'outils de connectivité essentiels. Pour de nombreuses collectivités nordiques et éloignées, l'aviation est le seul moyen de transport accessible toute l'année, et ces collectivités doivent pouvoir miser sur la viabilité constante du secteur aérien canadien.
La croissance rapide du nombre des passagers en 2022 a révélé des défis liés à la capacité, au rendement et à la responsabilisation. D'importants problèmes de viabilité, de capacité et de rendement limitent la capacité du secteur aérien de répondre à la demande croissante. Par exemple, on observe actuellement un manque de main-d'œuvre formée, brevetée et expérimentée, le secteur dépend d'un modèle de filtrage de sécurité inefficace et il y a une dépendance excessive aux processus manuels, à laquelle s'ajoute l'« échec » des services douaniers américains au moment du précontrôle.
Le manque de transparence et de responsabilisation susmentionné a limité la réaction du secteur à la crise créée par la COVID-19, ainsi que le retour rapide des passagers. Cela est confirmé dans la sphère publique par le manque manifeste de coordination entre les services dans les aéroports, y compris l'échange de renseignements/données et on a exprimé de la frustration à l'égard du manque de clarté des droits des passagers.
Dans l'avenir, TC devra jouer un rôle essentiel en mettant en place les incitatifs et les cadres adéquats pour permettre au secteur de continuer de décongestionner les aéroports au moyen de solutions numériques de voyage et d'améliorations des services, pour habiliter les aéroports à prendre des décisions visant à produire des résultats de façon responsable et transparente, et pour renforcer la capacité du réseau et de l'infrastructure d'absorber les chocs futurs.
Le Ministère collaborera avec l'industrie pour faire progresser des mesures visant à réduire au minimum les répercussions de toute perturbation future et continuera de mettre à jour les technologies et la prestation des services, afin d'améliorer l'expérience du transport aérien au Canada. Des travaux seront également exécutés avec les organismes partenaires pour appuyer la mise en œuvre complète du régime du Règlement sur la protection des passagers aériens et veiller à ce que les voyageurs bénéficient de droits des passagers aériens plus clairs et plus cohérents.
Réduire la pollution dans les secteurs aérien, ferroviaire et maritime, et protéger l'environnement
Le transport représente 25 % des émissions de gaz à effet de serre (GES) du Canada et est un des secteurs les plus difficiles à gérer, en raison de sa nature intégrée. Une action fédérale coordonnée est essentielle pour accélérer le rythme des changements technologiques et appuyer le Plan de réduction des émissions pour 2030 du Canada, dans lequel le gouvernement s'est engagé à prendre de nouvelles mesures dans tous les modes de transport pour faciliter l'atteinte de son objectif de réduction des émissions de 40 % sous les niveaux de 2005, d'ici 2030.
Depuis 2015, TC a réalisé d'importants progrès dans la mise en place de mesures visant à réduire la pollution dans le secteur routier. Les programmes d'iVZE et d'iVMLZE ont donné lieu à des réductions considérables des émissions de gaz à effet de serre tout en soutenant la transition vers un avenir plus vert et plus abordable, et continueront de le faire. En raison de la portée mondiale des changements climatiques et de la lenteur des réactions des systèmes climatiques aux efforts d'atténuation, même si des mesures sont en place et si les émissions mondiales sont réduites, le climat continuera de changer. Pour le Canada, cela comprend une gamme de changements, comme une chaleur plus extrême, un froid moins extrême, des saisons de croissance plus longues, des saisons de neige et de glace plus courtes, l'amincissement des glaciers, le dégel du pergélisol et l'élévation du niveau de la mer. La fréquence, l'intensité et la durée des phénomènes extrêmes, comme les vagues de chaleur, les feux de forêt et les crues soudaines, devraient augmenter au cours des prochaines décennies.
Les répercussions actuelles et prévues des changements climatiques présentent un risque important et croissant pour le secteur des transports au Canada. De récents phénomènes météorologiques extrêmes ont eu un impact sur la sécurité, la fiabilité et la compétitivité du secteur des transports au Canada. Les chaînes d'approvisionnement du Nord sont tout particulièrement vulnérables, étant donné l'impact croissant des changements climatiques et le manque de redondance du réseau. Il est important de poursuivre la mobilisation et une étroite collaboration avec les partenaires, y compris les gouvernements provinciaux et territoriaux, les collectivités inuites et autochtones et l'industrie aérienne, afin de répondre aux besoins uniques de ces collectivités nordiques et d'accroître la résilience de la chaîne d'approvisionnement du Nord. Cette collaboration contribuera à s'assurer de la protection des chaînes de transport et d'approvisionnement essentielles pour les collectivités nordiques et éloignées, pour veiller à la santé, à la sécurité et au bien-être social et économique de tous les Canadiens.
Compte tenu des risques pour la sécurité et des perturbations de l'activité économique pouvant découler de phénomènes météorologiques extrêmes, ces efforts reflètent l'importance de renforcer la résilience et la redondance du réseau de transport du Canada dans toutes les régions du pays, ce qui comprend l'adaptation de nos opérations, de nos pratiques et de notre infrastructure. Le secteur des transports en est à diverses étapes de préparation pour répondre à ces besoins croissants.
La croissance des activités de transport continuera d'exercer une pression sur les principaux corridors et sur la congestion dans les zones urbaines, ce qui exacerbera les problèmes environnementaux et les attentes du public en matière de développement durable. Les risques et les dommages possibles liés aux accidents peuvent également avoir d'importantes répercussions sur la sécurité et l'environnement. Les répercussions du secteur des transports sur l'environnement sont à la fois directes, indirectes et cumulatives, ce qui rend les mesures d'atténuation complexes et multidimensionnelles. Par conséquent, la coordination entre les ministères fédéraux, les territoires de compétence, les intervenants et les autres secteurs constitue un élément important de toute approche d'atténuation.
TC accorde également la priorité aux mesures visant la décarbonisation dans les secteurs aérien, ferroviaire et maritime. Il s'agit notamment de mesures réglementaires, d'incitatifs financiers et d'un soutien aux activités canadiennes de recherche et développement afin de réduire encore davantage les émissions annuelles de GES et d'appuyer le Plan de réduction des émissions, publié en 2022.
Le Ministère continuera également de veiller, d'un océan à l'autre, à la protection des océans et des voies maritimes du Canada, qui soutiennent des activités économiques quotidiennes s'élevant à des milliards de dollars et qui abritent des écosystèmes sensibles comptant plusieurs espèces de mammifères marins (p. ex. épaulards résidents du Sud, baleines noires de l'Atlantique Nord et bélugas) qui sont vulnérables aux perturbations causées par les bâtiments et aux collisions avec des navires. TC continuera de peaufiner les mesures de gestion des bâtiments afin de réduire les perturbations acoustiques et physiques, tout en collaborant avec les groupes autochtones pour cogérer, élaborer et mettre en œuvre des initiatives maritimes qui s'appuient sur les connaissances inégalées de ces groupes dans le cadre de nos partenariats en matière d'intendance environnementale.
Tirer profit de l'innovation : La révolution numérique et les technologies perturbatrices
L'adaptation appropriée des technologies nouvelles et émergentes, comme l'intelligence artificielle (IA) et l'automatisation, pourrait devenir un facteur clé pour l'optimisation de l'efficacité de la chaîne d'approvisionnement, de la mobilité des personnes et de la sécurité. À l'heure actuelle, deux des principales technologies du réseau de transport du Canada sont les systèmes d'aéronefs télépilotés (SATP) et les véhicules connectés et automatisés (VCA). Ces technologies ont le potentiel d'entraîner de vastes avantages sur les plans social et économique et en matière de sécurité, mais présentent aussi certains risques qui devront être encadrés au moyen d'un régime de sécurité clairement défini.
Alors que ces technologies arrivent à maturité, les SATP qui se soumettent au processus d'approbation réglementaire sont aujourd'hui plus volumineux et lourds que par le passé, mais peuvent aussi voler sur de plus longues distances et soutenir des opérations plus sophistiquées à des fins commerciales. Les grands SATP de cette prochaine génération seront électriques et pourraient supplanter les vols courtcourriers qui génèrent de fortes émissions de carbone, en plus de remplacer certaines applications routières à forte émission (p. ex. livraison urbaine). Parallèlement, les technologies de VCA sont exceptionnellement complexes et nécessitent une expertise accrue sur le plan technique, réglementaire et de la surveillance. Ces technologies sont particulièrement prometteuses pour les aînés et les personnes en situation de handicap, qui gagneront ainsi en mobilité, mais toute la population canadienne profiterait aussi de solutions de mobilité supplémentaires à un coût potentiellement moindre. Ces technologies peuvent également jouer un rôle pour soutenir la décarbonisation du secteur des transports, car on s'attend à ce que les données, les connectivités et l'infrastructure numérique liées aux VCA permettent un déploiement plus efficace de l'électrification.
Il faut reconnaître que les nouvelles technologies posent de nouvelles préoccupations en matière de sécurité, ce qui entraîne, pour TC, des pressions croissantes pour atténuer les nouveaux risques liés à la sécurité pouvant réduire la capacité existante, et pour accélérer et faciliter l'élaboration et la surveillance de la réglementation. Principalement, le Ministère a le devoir d'assurer la sécurité – au moyen de règlements, de codes, de normes et d'outils non réglementaires qui sont essentiels pour susciter la confiance des Canadiens à l'égard des nouvelles technologies et pour l'exécution responsable des programmes d'innovation et économiques. Cet impératif en matière de sécurité jette les bases des possibilités économiques que présentent ces nouvelles technologies, et TC peut jouer un rôle clé en favorisant le développement et le déploiement accélérés de technologies, alors que l'industrie cherche activement de nouvelles façons de collaborer avec les organismes de réglementation au moyen de déploiements pilotes collaboratifs et de bacs à sable en matière de réglementation. Une fois ces technologies éprouvées grâce à de tels projets pilotes et scénarios d'essai, TC pourra aider l'industrie à attirer des investissements.
La pandémie de COVID-19 a accéléré la numérisation, créant une occasion d'investir dans de nouvelles technologies, de recueillir des données et de mener une collaboration intersectorielle pour mieux optimiser les chaînes d'approvisionnement et générer une vision collaborative de l'infrastructure qui les soutient, augmentant ainsi la capacité. Des applications de plus en plus sophistiquées sont créées grâce au développement de technologies comme l'intelligence artificielle (IA) et l'Internet des objets (IdO). Ces technologies et applications se sont révélées prometteuses en ce qu'elles haussent l'optimisation et la réactivité, améliorent la productivité, réduisent les coûts dans les domaines de la logistique, du transport, des frontières et des transferts d'informations, générant ainsi une meilleure capacité de traitement et une plus grande visibilité de la chaîne de valeur, de bout en bout.
Par exemple, de nouvelles solutions d'IA sont intégrées dans les systèmes de transport de pointe, l'inspection des cargaisons et le traitement des documents de transport. Les innovations de la chaîne de blocs ont été couronnées de succès en tant que base de la gestion de la chaîne d'approvisionnement mondiale, tandis que les dispositifs et capteurs de l'IdO permettent de faire le suivi des conteneurs d'expédition en temps réel, améliorant ainsi l'efficacité et la transparence du transport des marchandises.
Tirer parti des nouvelles technologies peut aussi aider à résoudre les défis liés au transport urbain, car la promotion de solutions de mobilité intelligentes présente des occasions importantes offrant des possibilités telles que : l'infrastructure numérique, les capteurs et la connectivité pour changer la façon dont les routes sont utilisées et gérées; de nouveaux modes de transport en commun et des améliorations aux services existants grâce au déploiement de véhicules électriques à la demande, partagés et, éventuellement, de VCA qui seront reliés aux services de transport en commun en guise de complément; de nouvelles plaques de mobilité offrant une gamme d'options de déplacement pour relever les défis du premier et du dernier kilomètre et offrir une expérience de déplacement plus harmonieuse (p. ex. la mobilité en tant que service).
Pour demeurer compétitif au sein de l'économie mondiale tout en optimisant la sûreté et en rétablissant la confiance du public à l'égard du secteur du transport aérien, il faudra tirer parti de l'innovation, de l'analyse des données et de l'échange d'information, comme il faudra renforcer les partenariats pour répondre à l'augmentation du volume de passagers et de marchandises, à l'évolution des menaces et des risques ainsi qu'aux attentes croissantes des passagers. Les progrès technologiques permettant la vérification de l'identité, comme la biométrie, pourraient renforcer la sécurité des transports pour faciliter la circulation efficiente des personnes, en particulier dans les aéroports et les autres grands carrefours de transports. Le recours à des technologies de pointe permettra également à TC de suivre le rythme des partenaires internationaux et de répondre aux attentes accrues des passagers pour un service rapide, transparent, sans contact et sans papier, tout en protégeant la confidentialité.
TC continue de mettre l'accent sur l'élaboration et l'application d'un cadre réglementaire qui lui permettra de tirer parti des avantages économiques découlant des technologies perturbatrices, en plus d'exploiter le potentiel de ces technologies pour générer de nouvelles sources d'activité économique et de création d'emplois, tout en améliorant la sécurité et l'accès aux routes et à l'espace aérien du Canada.
Une sécurité et une sûreté des transports de classe mondiale
Le Canada possède l'un des réseaux de transport parmi les plus sûrs et les plus sécuritaires au monde. Le nombre d'accidents de la route avec victimes a diminué, tout comme le nombre d'accidents aériens et maritimes. Cependant, les progrès liés à l'amélioration des résultats en matière de sécurité ferroviaire stagnent.
Bien que le Canada affiche un impressionnant dossier en matière de sécurité, TC doit néanmoins composer avec le fait que les risques liés à la sécurité et à la sûreté du réseau de transport deviennent de plus en plus complexes et comportent de plus en plus de facettes, alors que les délais et les coûts nécessaires pour les atténuer augmentent.
La sécurité et l'intendance environnementale sont intrinsèquement liées, puisque les accidents peuvent entraîner des répercussions graves pour les humains et l'environnement, incluant la faune; aussi, alors que les volumes de marchandises et de passagers augmentent et que les réseaux de transport deviennent plus interreliés et complexes, les risques connexes continuent d'évoluer et de nouveaux risques apparaissent. Des efforts continus pour moderniser la réglementation, renforcer la surveillance et l'application de la loi et maintenir la vigilance sont essentiels pour assurer à la population canadienne une sécurité et une sûreté de calibre mondial.
Le maintien d'un régime de sécurité de calibre mondial exige du temps et des coûts pour le gouvernement et l'industrie afin d'atténuer les risques alors qu'ils continuent d'augmenter. Ce constat souligne l'importance de surveiller les risques et d'intervenir en temps opportun et de façon rigoureuse en cas d'incident en matière de sécurité ou de sûreté.
Le réseau ferroviaire canadien fait face à des risques complexes et émergents, notamment l'augmentation du volume de marchandises dangereuses transportées par train, les préoccupations croissantes quant à la fiabilité des chaînes d'approvisionnement et l'augmentation des cas de perturbations de la sûreté (p. ex. altération, sabotage). Les récents incidents de chaleur accablante et de feux de forêt, ainsi que l'incident de 2021 lié à une rivière atmosphérique en Colombie-Britannique, ont démontré l'ensemble plus vaste de risques pour le réseau ferroviaire et la sécurité communautaire partout au Canada, et les perturbations que peuvent avoir les changements climatiques sur les corridors de transport et les chaînes d'approvisionnement essentiels. Ces événements ont également fait ressortir l'importance d'un engagement continu avec des partenaires de la sécurité ferroviaire, des groupes autochtones, des collectivités et d'autres intervenants. Bien que des mesures provisoires aient été mises en place pour réduire les risques pour la sécurité publique et l'intégrité des voies ferrées et de l'infrastructure ferroviaire, TC travaille avec les compagnies de chemin de fer pour intégrer de façon permanente les mesures de réduction des risques d'incendie dans le cadre réglementaire actuel visant l'exploitation ferroviaire au Canada.
Il y aurait également lieu de renforcer davantage la sécurité maritime du Canada, en particulier si l'on tient compte du fait que le volume du trafic maritime devrait augmenter de 50 % d'ici 2030. Les attentes du public et des Autochtones augmentent lorsqu'il s'agit de gérer activement les risques liés au trafic maritime d'une manière globale, intégrée et inclusive. Les priorités interreliées en matière de sécurité, d'environnement et d'économie exigent une gestion prudente, en fonction des besoins accrus qui se font ressentir dans certaines régions, comme la mer des Salish, le golfe du Saint-Laurent et l'Arctique.
TC continuera d'accroître la transparence de sa surveillance de la sûreté et de la sécurité du réseau de transport, en rendant compte publiquement des activités de conformité et d'application de la loi. Le Ministère continuera également de faire progresser les travaux liés au transport des marchandises dangereuses (TMD) au moyen d'initiatives de transformation s'appuyant sur des outils numériques améliorés afin de mieux soutenir la planification axée sur les risques. TC continuera de transformer la conception et l'exécution des programmes grâce à la mise en œuvre continue d'une Stratégie sur les données qui favorise la transparence en améliorant la disponibilité d'informations et de données ouvertes et accessibles sur les transports, y compris en modernisant la façon dont le Ministère supervise et applique la réglementation, notamment en élaborant des processus d’inspection numériques communs axés sur les données et sur les risques, et en fournissant aux inspecteurs de meilleurs outils et toutes les données nécessaires.
TC fera également progresser les travaux visant à améliorer son programme de surveillance de la sécurité ferroviaire, en tirant parti des technologies, en accentuant la mobilisation des collectivités locales et autochtones et en relevant les défis émergents, dont l’augmentation des risques et des répercussions découlant des changements climatiques. Les récents investissements font progresser la sûreté et la sécurité dans le secteur ferroviaire, et les activités en cours continueront d’améliorer les stratégies de planification proactive et d’atténuation des risques du Ministère. TC demeure déterminé à gérer les préoccupations aiguës des collectivités et des Autochtones concernant la sécurité ferroviaire, un élément clé des travaux entrepris par le Ministère. Compte tenu de l’augmentation de la fréquence des phénomènes météorologiques extrêmes qui continueront de poser des risques pour la sécurité des activités ferroviaires, TC continuera de protéger les collectivités et les chaînes d’approvisionnement du Canada en renforçant la sécurité du secteur ferroviaire.