Comparution à TRAN: Lettre de mandat supplémentaire et exigences relatives aux essais préalables à l'entrée

LE RISQUE DE TRANSMISSION DE LA COVID-19 À BORD D’AÉRONEFS

Enjeu

  1. Quel est le risque de transmission de la COVID-19 entre passagers à bord d’aéronefs?

Contexte et analyse

  1. Des rapports médiatiques et des articles de revues scientifiques ont transmis des messages tantôt préoccupants tantôt rassurants concernant le risque de transmission de COVID-19 à bord d’aéronefs.
  2. Il est vrai que le transport aérien peut entraîner l’importation de passagers infectés par la COVID-19[i], mais le risque de propagation de la COVID-19 parmi les passagers pendant le trajet à bord d’un aéronef semble être faible.
    1. Le Centre européen de prévention et de contrôle des maladies (CEPCM) s’est prononcé sur le risque de transmission de la COVID-19 à bord d’aéronefs : « il ne faut pas exclure le risque d’infection à bord d’un aéronef, mais à l’heure actuelle, ce risque est jugé comme faible pour un voyageur donné. »[2]
    2. Selon un communiqué de l’IATA : « le risque qu’un passager contracte la COVID-19 à bord d’un aéronef est très faible. Seulement 44 cas potentiels de transmission en vol ont été cernés sur un total de 1,2 milliard de voyageurs, ce qui représente un cas par tranche de 27 millions de voyageurs. Nous reconnaissons que cela pourrait être une sous‑estimation, mais même si 90 % des cas n’avaient pas été signalés, le taux de transmission serait d’un cas par tranche de 2,7 millions de voyageurs. »[3]
    3. Dans le cadre d’une récente étude par la Defence Advanced Research Projects Agency (DARPA) pour Transport Command (TRANSCOM) aux États-Unis, une enquête a été menée sur la dispersion aérosol à bord de Boeing 767/777[4]
      1. Le rapport conclut notamment ce qui suit :
        1. Réduction de 99,7 % de l’exposition par aérosol dans un siège à proximité ayant le niveau d’exposition le plus élevé;
        2. Réduction moyenne de 99,99 % de l’exposition par aérosol dans les 40 autres sièges à proximité du passager infecté simulé;
        3. Selon les calculs du modèle de transmission avec un taux d’excrétion de 4 000 virus par heure et une dose infectieuse de 1 000 virus, il faudrait au moins 54 heures en vol pour produire une infection en vol par transmission aérosol.
      2. Limites du rapport :
        1. Lors d’une récente téléconférence le 22 octobre 2020, les scientifiques de la Defence Advanced Research Projects Agency (DARPA) ont insisté sur les limites de l’étude et sur l’importance accordée à l’exposition aux aérosols (plutôt qu’à la transmission de la maladie);
        2. La dose infectieuse de COVID-19 (nombre requis de virions) n’est pas connue chez les humains et les estimations varient par plusieurs ordres de grandeur. En plus d’être variable, le nombre de virions excrété par une personne infectieuse n’est pas connu non plus;
        3. Les essais ont exclu les grosses gouttelettes. Celles-ci sont émises en même temps que les aérosols en parlant, en éternuant ou en toussant. Elles peuvent entraîner une transmission directe ou par l’intermédiaire de surfaces. Le risque de contamination par grosses gouttelettes pourrait être plus élevé dans les toilettes et autres aires communes;
        4. Les comportements humains, notamment les conversations et les déplacements à bord d’un aéronef, n’ont pas été simulés (les mannequins sont demeurés orientés vers l’avant).
    4. Il est difficile de déterminer le taux réel de transmission de la COVID-19 pendant un vol étant donné le faible pourcentage de passagers soumis à un test de dépistage, les limites de la recherche de contacts, et la difficulté de prouver qu’il y a eu transmission pendant un vol.
  3. Le taux relativement faible de transmission de COVID-19 parmi les passagers pourrait être attribuable à un nombre de facteurs interreliés à bord de l’aéronef, même dans des circonstances où l’éloignement physique n’est pas maintenu. On compte parmi ces facteurs :
    1. La qualité de l’air
      1. Dans l’ensemble, le Centers for Disease Control (CDC) des États-Unis juge que « la majorité des virus et autres germes ne se propagent pas facilement pendant le vol en raison de la façon dont circule l’air et du processus de filtration dans les avions. »[5]
      2. Une récente publication dans le JAMA décrit la direction de l’écoulement d’air ainsi : « L’air pénètre dans la cabine à partir de bouches au plafond et circule vers le bas jusqu’aux bouches au niveau du plancher. L’air pénètre dans la cabine au‑dessus d’une rangée ou d’une zone de sièges et en sort au niveau du plancher au même endroit. Il y a relativement peu d’écoulement d’air vers l’avant ou l’arrière; il est donc peu probable qu’il y ait propagation de particules entre les rangées. »[6] (voir la figure ci-dessous).
      3. Le taux d’échange d’air dans les avions de ligne modernes est beaucoup plus élevé que celui d’une maison typique et encore plus que les spécifications de conception recommandées pour une salle d’hôpital moderne dédiée aux chirurgies ou à l’isolement des patients.
      4. Dans bon nombre d’avions de ligne modernes, la filtration de l’air se fait grâce à des filtres HEPA très efficaces.

         

        Rick for covid aircraft fr

        Figure 1 – Circulation de l’air dans un aéronef[6]

        LÉGENDE

        1

        L’air pénètre dans la cabine à partir de bouches au plafond et circule vers le bas jusqu’aux bouches au niveau du plancher. Il y a relativement peu d’écoulement d’air vers l’avant ou l’arrière.

        2

        COUPE TRANSVERSALE D’UNE CABINE D’AVION

        3

        Bouche d’aération au plafond

        4

        Écoulement d’air

        5

        Bouche d’aération au sol

    2. Le couvre-visage

      Le port du couvre-visage est une protection considérable additionnelle. Selon l’étude conjointe par TRANSCOM et DARPA, « le port d’un couvre-visage a fourni une protection considérable contre les gouttelettes ayant un diamètre d’un micron produites lors de simulations de toux; une réduction de plus de 90 % a été constatée. » [traduction] L’absence de transmission dans le cas de CMAJ est attribuable en partie au port du couvre-visage en avril 2020[7]. Le port du couvre-visage est obligatoire pour les voyageurs et l’équipage aux termes de l’arrêté d’urgence en vigueur.

    3. Les caractéristiques de la cabine : D’autres caractéristiques de l’intérieur des aéronefs pourraient réduire la probabilité de transmission de la COVID-19, notamment : l’arrière du siège sert d’écran de protection; les interactions en face à face sont réduites; une fois qu’ils sont assis, les passagers n’ont pas tendance à s’éloigner de leurs sièges[8]
    4. Des mesures additionnelles : Les aéroports et les lignes aériennes ont pris une approche multicouche pour réduire le taux de transmission de la COVID-19. En plus des mesures susmentionnées, ils : évaluent les symptômes et vérifient la température des passagers; multiplient leurs efforts de nettoyage et de désinfection; favorisent l’embarquement et le traitement de bagages sans contact; placent des barrières physiques aux aéroports ainsi que des distributrices de désinfectant; favorisent l’éloignement physique aux aéroports et pendant l’embarquement; modifient le service de nourriture et de boisson à bord afin de limiter le contact; contrôlent l’accès aux allées et aux toilettes pour minimiser le contact.

Évaluation

  1. Des preuves suggèrent que la probabilité de transmission entre passagers à bord d’un aéronef semble être faible. Toutefois, il est difficile de faire des estimations exactes puisque les tests de dépistage et la recherche de contacts sont limités et parce qu’il est difficile de prouver qu’il y a eu transmission à bord d’un aéronef.

Date de rédaction : Le 4 novembre 2020

Références

[i] ADIGA, A., et al. Evaluating the impact of international airline suspensions on the early global spread of COVID-19. Réimpression sur medRxiv. DOI : https://doi.org/10.1101/2020.02.20.20025882. Cette version a été publiée le 2 mars 2020.

[iii] Communiqué de l’IATA du 8 octobre 2020. Research Points to Low Risk for COVID-19 Transmission Inflight. https://www.iata.org/en/pressroom/pr/2020-09-08-012/

[iv] SILCOTT et al. TRANSCOM/AMC Commercial Aircraft Cabin Aerosol Dispersion Tests. https://www.ustranscom.mil/cmd/docs/TRANSCOM%20Report%20Final.pdf

[vi] JAMA. 2020;324(17):1798. DOI : 10.1001/jama.2020.19108

[vii] SCHWARTZ K., et al. Lack of COVID transmission aboard and international flight. Canadian Medical Association Journal. 14 avril 2020 192 (15) E410; DOI: https://doi.org/10.1503/cmaj.75015

[viii] Communiqué de l’IATA du 8 octobre 2020. Research Points to Low Risk for COVID-19 Transmission Inflight. https://www.iata.org/en/pressroom/pr/2020-09-08-012/